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Critique de Annette55


«  La peur du nucléaire est un luxe des pays riches. »

«  L'oisiveté n'est pas une soeur pour l'homme. »

Le sens de la vie a toujours échappé à l'homme » .

Quelques passages de ce roman formidable , explorant un passé récent tentant de mettre en lumière ce que la politique essaie maladroitement de cacher, cette catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986, tout près de Pripiat , où habitent Léna , fille de scientifiques éminents , privilégiée , qui partira avec sa famille en France , convaincue par les paroles de son père que son tendre amour Ivan, son ami d'enfance ——-ils ont grandi dans ce petit village ukrainien,——— ils se sont promis l'un à l'autre l'éternité , leurs prénoms se chevauchent , gravés sur leur arbre ——- ils s'aiment comme des enfants , vraiment , est mort lors de ce jour funeste. ….


Le nucléaire , cette énergie que l'homme pense à tort, maîtriser ,fournie chaque jour par ces centrales toutes proches , est au coeur de cette histoire d'amour , incroyablement réaliste , poétique , vibrante d'humanité et d'humilité face à cette centrale qui s'enflamme , les radiations se répandant à toute vitesse , amenant leur cortège de souffrances et de désespoir ,au coeur de ce coin d'Ukraine , ravagé par l'inconséquence , l'inconscience et la suffisance des hommes .
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Nous vivons aux côtés de Léna, son exil———elle grandira sur une terre qui n'était pas la sienne———elle revit la panique , la fuite, la séparation douloureuse , la complicité qui était la sienne auprès d'Ivan, un lien devenu ténu au fil des années …

Léna s'acclimate , at - elle le choix? , s'efforce d'oublier , rongée par le poids du silence, le fantôme d'Ivan qui la hante malgré l'affection de sa chère grand - mère , Zenka , pilier de tendresse .

Un jour tout ce qui était enfoui remonte et revient lors de son retour dans les ruines de Tchernobyl ,vingt ans après ….

Ivan, de son côté , ne peut s'éloigner de la zone contaminée ,sacrifiée , il reste dans le pays de ses ancêtres et attend le retour de sa bien - Aimée …

L'émotion gagne le lecteur : ce livre est un véritable chant d'amour à une terre, roman sur l'exil, la transmission intergénérationnelle, une romance aussi , à la lecture des lettres d'Ivan, qu'il ne pouvait envoyer , puisqu'il ne connaissait pas l'adresse de Léna …

L'auteure restitue le contexte historique avec aisance : le sort des familles désormais indésirables, les populations laissées dans une ignorance crasse , beaucoup y perdront la vie , ces gens hébétés , pétrifiés, capharnaüm meurtrier, se retrouveront souvent dans la misère,….sur une terre figée à jamais, où la vie humaine a disparu , envahie par une végétation pourpre , rouge sang….

Que dire du sort des samossiols , les «  revenants » , qui reviendront vivre malgré tout dans «  la Zone Interdite ? …

Déchirement de l'exil , désespoir, effroi, sidération, conséquences innombrables …..

Ce premier roman initiatique - témoignage puissant , narrant un effondrement et une histoire d'amour parle au lecteur, pétri d'empathie pour des personnages attachants ,habilement campés , à l'aide d'une plume habitée, vibrante, nécessaire, juste, usant du pouvoir des contes et légendes …..
«  La tragédie était le chaudron des slaves » .

«  L'homme soumet la nature, il la polit à son image. Il a alors l'impression de lui être supérieur. » .

«  Les scientifiques n'avaient aucune limite .La Sibérie était vaste , sauvage ,loin de tout : il n'y aurait aucune conséquence et à coups d'explosions nucléaires , ils ont détourné des fleuves pour irriguer des champs de coton au détriment de la mer d'Aral qui a vu son cours d'eau s'assécher » .
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