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Critique de livrevie


Je crois qu'on devrait tous avoir un pingouin en tant qu'animal domestique. Les chiens et les chats sont très surfaits, un pingouin, c'est réellement mieux. Ça ne fait pas de bruit, ça ne coûte pas cher en chauffage, et accessoirement, on peut le louer pour donner un côté extraordinaire aux enterrements : pas besoin de lui enfiler un costume, il est déjà habillé pour l'occasion, et inviter un pingouin à un enterrement est très prisé, du moins dans l'Ukraine post-soviétique.

Victor a adopté Micha, son pingouin, dans le zoo de Kiev en faillite. Ecrivain raté qui peine à arrondir les fins de mois, il a vu dans le regard de son nouveau compagnon l'issue à sa solitude. Mais les fins de mois sont vraiment difficiles, surtout lorsqu'on a plus une mais deux bouches à nourrir. Sans vraiment réfléchir, Victor accepte le travail de « petites croix », élaborer des nécrologies de personnalités pourtant bien en vie.

Notre écrivain se retrouve plongé dans le coeur de ce pays qui tarde à se relever de ses cendres. Mafia, armes, personnes disparues, une enfant qui lui tombe sur les bras, fuir, se cacher, refaire sa vie, revenir à la surface, un sac plein d'argent... Rien d'anormal pour Kiev. Rien d'anormal pour Victor qui est blasé. Pourquoi le lecteur devrait-il donc s'étonner du fait que le pingouin (d'ailleurs, quoi de plus normal qu'un pingouin dans un appartement, n'est-ce pas ?) ait besoin d'une greffe du coeur ? Victor n'est pas surpris, et met tout en oeuvre pour sauver son ami. Je n'ai pas été surprise, tout est tellement normal...

Bien loin d'être un roman drôle, ce sont des lignes assez tristes qui défilent sous nos yeux. Comment rire de cette Ukraine hasardeuse qui chercher à se reconstruire et à échapper aux mains des puissants? Comment rire de Nina qui s'installe chez Victor sans amour mais faute de mieux? Comment rire de Victor qui l'accueille sans illusions mais qui lui est reconnaissant de cette chaleur qu'elle lui apporte dans cette ville si froide? Tout n'est que question de survie. Pour tous. Tout n'est que banalités, simples faits anodins. Malheureusement.

Comme à mon habitude avec Kourkov, j'ai aimé ce Pingouin. J'ai aimé ce portrait au vitriol de cette Ukraine. Si Kourkov avait été un personnage de son roman, il aurait été indubitablement une de ces petites croix à abattre. Son regard est trop perçant, et sa plume beaucoup trop juste. Un régal.

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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