AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jlvlivres


Dont un des plus connus « Prendre le bon Dieu de vitesse » traduit par Pierre Li et Maria Ochab (2005, Gallimard, 136 p.). C'est une reprise des « Mémoires du ghetto de Varsovie » (2002, Liana Levi, 192 p.) par les mêmes auteurs. Récit de ses entretiens avec Marek Edelman, le dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie et de ses cinq dirigeants. La mort est courante, avec la faim, les épidémies de typhus et de tuberculose. Marek Edelman est chargé par l'Organisation juive de combat d'extraire, chaque jour, une personne de préférence un agent de liaison du cortège des dix mille conduites à la déportation. La grande rafle va vider le ghetto de Varsovie de ses 400 000 habitants. Mais est-ce vraiment une insurrection ? le ghetto est entouré d'un mur « si épais » que Marek se demande si « l'on a peur de disparaître derrière, sans que le monde remarque (…) nos morts ».
En fait le livre pose la question du choix des vies à sauver. Les suicides collectifs et les meurtres d'enfants sont les seuls moyens d'éviter les camps, le jeu du « ticket de vie » inventé par les allemands. Il y a même les « infirmières modèles » qui cassent les jambes des patients sur la foi que seuls les valides sont déportés. Donc ce de ce qu'est la valeur d'une vie. Opter pour la lutte armée, « au fond, c'était juste pour choisir notre façon de mourir ».
Surtout, il pose le problème du sens de cette résistance armée vouée à l'échec. Les faits sont rapportés dans leur expression la plus brute, et Hanna Krall prend le risque de choquer en rapportant la vérité humaine au plus près de cette insurrection. le soulèvement commence le 19 avril 1943, veille de Pessa'h, la Pâque juive, en réponse à une dernière grande rafle organisée par les nazis. le combat inégal et sans espoir s'achève le 16 mai 1943, avec la destruction de la grande synagogue de Varsovie. « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine ». L'ultime manifestation de dignité est de ne pas « survivre aux frais d'un autre ».
Livre pour le moins dérangeant. C'est indiqué en quatrième de couverture. On s'en rend compte tout au long des quelques 150 pages. Livre aussi qui éclaire la personnalité de Marek Edelman (dont le nom signifie homme noble). « le bon Dieu est prêt à souffler la chandelle, moi je dois vite protéger la flamme, en profitant d'un de Ses moments d'inattention. Qu'elle brûle un peu plus longtemps qu'Il ne le souhaite ». Et il conclut « « Je me suis rendu compte que c'était la même tâche que sur l'Umschlagplatz (le point de triage des déportés). Là-bas aussi je me tenais sous le porche et je sortais des individus d'une foule de condamnés. Alors tu restes au portail toute ta vie durant ? C'est ça ».
Le combat se poursuivra plus tard, du 1er août au 2 octobre 1944, avec l'insurrection de Varsovie contre les allemands et la non-intervention de l'armée russe qui campait sur l'autre rive de la Vistule. C'est enfin une réflexion sur un des épisodes les plus marquants de la fin de la Seconde Guerre mondiale
Commenter  J’apprécie          00







{* *}