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Critique de Hammerklavier


Surement le livre le moins facile de L'auteur.

Kraznahorkai emploie dans ses différents ouvrages un ton relativement "détaché" de ce qu'il raconte. Il nous raconte ses histoires un peu à la manière d'un conte, encré dans une réalité que l'on pressent mais que l'on nous dit pas, permettant à ses histoires de devenir pratiquement intemporelle et pouvant prendre place partout et surtout dans le coeur du lecteur, où qu'il soit, sans besoin de se projetter dans un ailleurs autre que sois-même, et dans lesquelles la tristesse, la mélancolie ont un rôle à jouer comme rempart à la violence, la duperie, l'égoisme, et permettant de porter sur le monde un regard plus perçant, pour reveler le beau qu'il porte en lui.

Guerre et guerre et son prologue la venue d'Isaie, poussent loin cette forme de narration.

Le livre est le cheminement d'un homme, Korim, rejoignant le centre du monde, New York, pour y livrer un message aux hommes. Il s'avère que le centre du monde aurait pu être partout, mais Korim comprend qu'il s'agit de New York. A New York, dans l'appartement et le quotidien relativement misérable d'un traducteur hongrois et de sa femme où il est hébergé, Korim est confronté a l'incompréhension. Incompréhension superficielle tout d'abord par la simple barrière du langage mais aussi, une incompréhension plus profonde, amenant à la desctruction de toute entreprise, et qui semble d'une façon plus totale provenir d'un "ordre du monde".

Il y a dans ce livre, d'une part le problème de la communication et d'autre part d'une façon plus complexe, ou disons alors poétique, celui de l'image intérieur (la représentation = compréhension mélée d'émotion) à exprimer. D'une part est le message que Korim veut livrer, et qui existe, écrit sur un parchemin retrouvé apr ses soins au centre des archives d'histoire d'une petite ville hongroise et qui l'a bouleversé. Ce parchemin et son message pourrait etre recopié, traduit, pour pouvoir etre lu par tous, mais le récit nous raconte que cela ne se joue pas là. D'autre part est, d'une façon poétique et complexe, Korim lui-même qui porte en lui ce message. Et ce n'est pas le message sur un bout de papier qui importe, mais d'avantage la rencontre, message + Korim, d'ou nait une volonté, celle de la transmission, c'est a dire le partage et la construction.

Le message que souhaite nous livrer Korim est incarné dans l'histoire d'un groupe de quatre homme, fuyant la destruction au travers de l'Histoire.

Difficile d'aller plus loin je crois dans la description des péripéties de ces quatres hommes, car cela touche a quelque chose de plus diffus que de simples symboles sur un morceau de papier. c'est une mise en garde, un pressentiment, une fatalité peut etre, en même temps qu'un témoignage de l'excellence, du beau, du noble. C'est le monde tournant et avançant, de l'aube au crépuscule, c'est la construction et la destruction, les mythes annéantit par le temps et les hommes eux même et renaissant dans la mémoire collective.

Bon c'est un peu diffus ce que j'écris là, mais ma lecture est encore un peu fraiche, et une relecture ne serait pas de trop je crois. Beaucoup de chose sont abordé, et surtout les échelles sont difficile à cerner, embrassant la pensé intime et l'universel à la fois, developpé dans de large phrase, qui rebondissent d'époque en époque, de détail en généralité, de langage en langage, de Korim a la femme du traducteur et jusqu'a chacun de ces quatres personnages fuyant la guerre et la destruction au travers de l'Histoire.


Dans mes lectures de cet auteur, je me demandais ce qui pouvait lier entre eux des livres comme le Tango de Satan/Mélancolie de la resistance et le lumineux "au nord par une montagne, a l'est par...". On reconnaissait le style de l'auteur bien sur, mais les point de vue y sont tres différents. Dans les premiers livres, c'est une vue de "l'intérieur des hommes", pris au piège dans la boue et les petite ambitions, où la réalité du Monde se métamorphose en le reflet des personnage qui l'habitent , dans "au nord par une montagne..." c'est au contraire un monde détaché de la pensé individuelle, sans réel personnage que le strict minimum, c'est à dire un corps déambulant pour percevoir et ressentir et tenter de comprendre l'impossible, c'est a dire le Monde (et ressentir la menace qui le parcour).

Peut etre que Guerre et guerre se situe quelque part entre ces deux points de vue.


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