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Critique de 5Arabella


Paru en 2008, couronné en 2015 par le Booker Inernational, ce livre paraît enfin en France, grâce aux éditions Cambourakis, qui ont édité plusieurs livres de l'auteur, et qui ont un fabuleux catalogue de littérature hongroise.

Le livre est composé de 17 textes de longueur variable ; nous voyageons à des époques et dans des lieux très différents, nous allons par exemple au Japon du moyen-âge, dans le Paris du vingt-unième siècle, dans la Suisse du début du vingtième… le dénominateur commun de tous ces textes semble être l'art, ou la beauté, quelque chose d'impalpable, de terriblement difficile à saisir, un instant de grâce dans lequel le sensible, le matériel, devient concept, idée, transcende la matière. D'une façon, dans un geste, une magie, qu'il est impossible d'expliquer d'une manière rationnelle, logique, qu'il s'agit bien plus de ressentir, de vivre, d'éprouver. Et c'est dans cette recherche que se lance Laszlo Krasznahorkai, grâce à la Vénus de Milo, à une icône d'Andreï Roublev, à un tableau du Pérugin...Des artistes célèbres nous accompagnent dans ce voyage, comme des figures imaginées par l'auteur. Il y a aussi ceux qui ne sont pas artistes, mais qui vivent une relation particulière avec les oeuvres, qui sont transformés à leur contact, et beaucoup de ces textes rendent compte de ces expérience-là. D'une certaine manière, la capacité d'éprouver ce rapport à la beauté, à la création, est de même nature que la possibilité de produire soi-même. Il s'agit de phénomènes de la même intensité, et qui permettent d'accéder à une forme de métaphysique.

Textes somptueux, dans une écriture à la fois dépouillée et baroque, à la fois d'une immense sensualité et d'une cérébralité non moins prononcée, dans un art consommé de réconciliation des contraires, il s'agit d'une grande expérience, forte et marquante, entre plaisir et exigence. La culture de l'auteur est vertigineuse, dans l'évocation des artistes, des oeuvres, des contextes, des époques.

L'oeuvre est très pensée dans son architecture : la progression. numérique des « chapitres » se fait selon la suite de Fibonacci, nous retrouvons des motifs, des mots-clés, des détails, d'un texte à un autre. de façon très discrète, très suggérée, saisir les liens demande sans doute plusieurs lectures, plusieurs approches. Mais c'est un livre qui invite à des lectures multiples, qui n'épuise pas tous ses sens et tous ses plaisirs dans une seule visite. Comme en somme les grandes oeuvres qu'il évoque.

Immense et vertigineux.
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