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Paru en 2008, couronné en 2015 par le Booker Inernational, ce livre paraît enfin en France, grâce aux éditions Cambourakis, qui ont édité plusieurs livres de l'auteur, et qui ont un fabuleux catalogue de littérature hongroise.

Le livre est composé de 17 textes de longueur variable ; nous voyageons à des époques et dans des lieux très différents, nous allons par exemple au Japon du moyen-âge, dans le Paris du vingt-unième siècle, dans la Suisse du début du vingtième… le dénominateur commun de tous ces textes semble être l'art, ou la beauté, quelque chose d'impalpable, de terriblement difficile à saisir, un instant de grâce dans lequel le sensible, le matériel, devient concept, idée, transcende la matière. D'une façon, dans un geste, une magie, qu'il est impossible d'expliquer d'une manière rationnelle, logique, qu'il s'agit bien plus de ressentir, de vivre, d'éprouver. Et c'est dans cette recherche que se lance Laszlo Krasznahorkai, grâce à la Vénus de Milo, à une icône d'Andreï Roublev, à un tableau du Pérugin...Des artistes célèbres nous accompagnent dans ce voyage, comme des figures imaginées par l'auteur. Il y a aussi ceux qui ne sont pas artistes, mais qui vivent une relation particulière avec les oeuvres, qui sont transformés à leur contact, et beaucoup de ces textes rendent compte de ces expérience-là. D'une certaine manière, la capacité d'éprouver ce rapport à la beauté, à la création, est de même nature que la possibilité de produire soi-même. Il s'agit de phénomènes de la même intensité, et qui permettent d'accéder à une forme de métaphysique.

Textes somptueux, dans une écriture à la fois dépouillée et baroque, à la fois d'une immense sensualité et d'une cérébralité non moins prononcée, dans un art consommé de réconciliation des contraires, il s'agit d'une grande expérience, forte et marquante, entre plaisir et exigence. La culture de l'auteur est vertigineuse, dans l'évocation des artistes, des oeuvres, des contextes, des époques.

L'oeuvre est très pensée dans son architecture : la progression. numérique des « chapitres » se fait selon la suite de Fibonacci, nous retrouvons des motifs, des mots-clés, des détails, d'un texte à un autre. de façon très discrète, très suggérée, saisir les liens demande sans doute plusieurs lectures, plusieurs approches. Mais c'est un livre qui invite à des lectures multiples, qui n'épuise pas tous ses sens et tous ses plaisirs dans une seule visite. Comme en somme les grandes oeuvres qu'il évoque.

Immense et vertigineux.
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Un titre énigmatique pour un ouvrage qui ne l'est pas moins. Une mosaïque de dix-sept chapitres (numérotés étrangement, sauf pour les matheux) dont on ne découvre le dessein/dessin qu'avec un certain recul. Incessants voyages dans l'espace (Japon , Italie , Espagne, France, Grèce Chine… ) et dans le temps (de l'Antiquité au XXème siècle) . Parfois merveilleusement poétique (« le chasseur de la Kamo » « Un feu brûlant au-dehors » « Ils hurlent sous la terre ») , parfois incongru (« La reine bannie » ) mais le plus souvent centré sur les rapports de l'homme à l'art et à la beauté : art pratiqué (le No, la peinture, l'écriture…) avec passion comme constituant de l'essence même de la vie (« La vie et l'oeuvre du maître Kazuyuki Inoue », « Il se lève à l'aube » ) . Oeuvre d'art devenue une obsession (« Cristo Morto », « En haut de l'Acropole », »Naissance d'un assassin » « Là où tu regardes » « Passion personnelle ») . Oeuvres que l'on rénove (« La conservation du Bouddah » « La reconstruction du sanctuaire d'Isé »). le tout serti dans de longues phrases sinueuses et fluides , scandées par la magie des noms . Une oeuvre surprenante et prenante, stimulante aussi car on désire en savoir plus sur les oeuvres et les artistes qu'il évoque .
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Seiobo est descendue sur terre se présente sous forme d'un roman en dix-sept chapitres, en apparence autant de nouvelles reliées par le motif de la sidération artistique. La prose toujours aussi magnétique, comme hantée par l'inquiétude de la fin que miment ses longues phrases emplies de suspens, de Krasznahorkai entraîne le lecteur dans une continuité d'histoires. À hauteur d'hommes, celle de la charge d'un artisanat sacré, la méditation sur l'art proposé par Seiobo est descendue sur terre captive.
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Il ne faut pas avoir peur de se perdre, tant les longues phrases de l'auteur, sur deux, voir trois pages, peuvent donner le vertige.Leur élégance, leur élasticité pourtant est accueillante, vibrante. L'érudition de Laszlo Krasznahorkai m'a ramené à ma condition de néophyte, mais n'a jamais fait barrage au récit et plaisir de lire.

Il est question d'art, de beauté, de magie aussi parfois.

Dans des lieux dispersés et à des époques différentes, les 17 textes que contient ce recueil nous parlent d'artistes, réels ou imaginaires, de personnes touchées par des oeuvres, parfois profondément transformées.

Dans une langue parfaitement maîtrisée, sans artifice et pourtant lumineuse et poétique, Laszlo Krasznahorkai nous offre une incroyable expérience spirituelle, métaphysique, nous conduisant par sa culture et l'architecture à un plaisir de lecture tout cérébral.

Sans doute faudra t il que je le lise d'autre fois pour en saisir vraiment le sens.

Une belle expérience de lecture.
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Magnifique lecture: tout y est! L'érudition, le style à la fois exigeant et envoutant, le voyage dans le temps et l'espace. Cet ouvrage nous questionne sur l'art, son rôle, comment il peut changer la vie tant pour des artistes passionnés que pour le "regardeur".
Du Japon à la Hongrie, de l'Espagne à l'Italie, l'auteur nous embarque dans cet ouvrage qui est finalement un recueil de nouvelles dont le fil rouge est la beauté.
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« Seiobo est Descendue sur Terre » de Laszlo Krasznahorkai, traduit par Joëlle Dufeuilly (2018, Cambourakis, 416 p.) fait partie de ce que j'appelle la période japonaise de l'auteur. Paru en Hongrie en 2008, l'ouvrage est composé de 17 chapitres, autant de vues différentes sur l'art, le sacré ou la quête de la beauté. La moitié ou presque, de ces chapitres traitent du Japon. Les artistes sont réels, ou fictifs. le lien entre eux est assuré par la déesse Seiobo, de la mythologie japonaise et chinoise, où elle est désignée par Xiwangmu. Elle est connue également sous le nom de la reine mère de l'Occident. À l'origine, c'était une féroce déesse de la mort avec des dents de tigre, règnant sur les bêtes sauvages et envoyant des châtiments célestes tels que les pestes. Elle retourne chez les mortels à la recherche de la perfection. J'avoue que le livre est resté dans les piles, malgré quelques traces au crayon indiquant que j'en ai lu des parties.
Une particularité de l'ouvrage est que les chapitres sont numérotés selon une suite de Fibonacci, dans laquelle chaque nombre est la somme des deux précédents. On a donc 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, jusqu'à 2584, étant donné qu'il y a 17 chapitres. La représentation continue de cette suite discontinue de nombres es une spirale logarithmique dont le facteur de croissance est constant pour chaque tour. On retrouve ces spirales dans de nombreuses coquilles de mollusques, dont les nautiles. Ces suites sont symbole de pureté, liées au nombre d'or ou divine proportion ( = 1.61803398875). Une révolution complète s'effectue donc après 4 itérations. D'où le chiffre 17 du nombre de chapitres, qui correspondent à 4 tours.
Ces suites ont été mises en valeur par l'artiste italien Mario Merz (1925-2003), avec le mouvement « Arte Povera », fondé par Germano Celant en 1967. Il commence par créer des igloos (1968), structures métalliques hémisphériques à trois dimensions, recouvertes de verre ou de sacs de sable. Cette forme hémisphérique a pour but d'éliminer les angles. Gardant et exploitant ce thème de Fibonacci, il représente ensuite son « Crocodilus Fibonacci » (1972), sculpture avec un crocodile naturalisé du Niger, qui « semble pondre des nombres qu'il laisse derrière lui », signalant ainsi un étroit processus entre évolution naturelle et développement artificiel. Il expose surtout en Europe, dont au musée de Schaffhausen, en Suisse. C'est là que Krasznahorkai les découvre. Il les fait découvrir également à Korim, dans « Guerre & Guerre », qui quitte New York pour la Suisse. Il se rend à, dont le musée détient des oeuvres de Mario Merz, les fameux igloos de l'« Arte Povera ». le parcours du héros s'achève par l'apposition d'une plaque qui résumera son existence en une seule phrase « la fin se trouve réellement ». En 1999, une plaque commémorant Gyorgi Korim fut effectivement posée à Schaffhausen, où il est écrit « la fin se trouve réellement ». Krasznahorkai reconnait avoir « choisi d'en situer le dénouement dans la réalité ».
On pourra se documente avec les livres de Marguerite Neveux et Herbert E Huntley « le nombre d'or (radiographie d'un mythe suivie de la divine proportion ». (1995, Seuil, 368 p.). Celui de Robert Vincent « Géométrie du nombre d'or » (1999, Chalagam édition 128 p.). Et de Mario Livio « le Nombre d'or: Les clés du mystère» (2018, Odile Jacob Sciences, 313 p.).

L'öshirosagi, l'oiseau héron, est immobile au bord de la rivière Kamo, à Kyoto. Il attend qu'un poisson ou une grenouille passe à portée de son bec. C'est ainsi qu'il passe ses jours à Kyoto. « Cité Eternelle des Allusions, là où rien ne correspond, et n'a jamais correspondu à lui-même ». Pêcher sur les bords de la Kamogawa et occasionnellement figurer dans un livre de Krasznahorkai, c'est bien là le diner d'un héron, fût-il « le grand héron blanc ».
L'intérêt de cette première nouvelle réside dans la (fausse) citation de « Al-Zahad ibn Shahib », à propos du héron « il semble épuisé, il a eu une rude journée ; il rentre de la chasse, c'est lui qu'on a chassé ».
Suit un mot croisé, cruciverba en italien, qui propose une grille, dans laquelle il faut trouver le verbe manquant de la tirade d « Esther » dans la Bible hébraïque. Mais cela serait, de nouveau accabler la reine Vashti, déjà condamnée à l'exil. de plus, le Grand Roi perse Assuérus fait organiser un banquet masculin de sept jours. Il restera d'elle un panneau des « Scènes de l'histoire d'Esther », dont les parties sont actuellement en différents musées du monde, dont le panneau « La Derelitta » (L'Abandonnée), attribué à Sandro Botticelli (vers 1495). Il faut dire que la reine Vashti refuse de comparaître devant son mari ivre, à la suite du banquet. Répudiée, elle quitte le Palais Royal, comme la dépeint le tableau deBotticelli.
Retour au Japon, à Inazawa, dans la banlieue de Nagoya, où la statue du Bouddha Amida (1367) a besoin d'être restaurée. Comme quoi, même Bouddha n'est pas éternel. Quand le travail fût fini et la statue restaurée, que pensez-vous qu'il arriva ? ce fût l'abbé du Zengen-ji qui pionça. Et pendant ce temps, « Il se passe quelque chose dans la salle, quelque chose de difficile à exprimer en mots, mais que chacun ressent, un léger poids au creux de l'âme, une forme de ferveur sublimée, qui imprègne l'atmosphère, comme si quelqu'un était là ».
Où boire un verre à Venise lorsque l'on va visiter la Scuola Grande di San Rocco et que l'on porte des chaussures ferrées qui font du bruit. Surtout si l'on est suivi par quelqu'un « avec ses genoux cagneux, ses fesses en arrières, son dos voûté et sa tête qui pendouillait en avant ». Et si de plus, les journaux titrent « L'Enfer existe vraiment ». On sait depuis « The Manhattan Project », dans lequel László Krasznahorkai est à la recherche de Malcolm Lowry, conclut « Eh bien, je réfléchis, j'ai maintenant trois ivrognes de génie, chacun ayant sa propre route à Manhattan : Woods, Melville, Lowry. / Mon Dieu, je suis sur la bonne voie ».
Déjà le trajet en taxi de l'aéroport Eleftheios Venizelos pour arriver à Athènes, près de l'Acropole, n'a pas été de tout repos. Premiers ennuis dans le taxi qui le rançonne pour aller en ville. Des jeunes s'interposent, mais il se perd. Il retourne là où ses nouveaux amis sont assis en train de boire, mais reste obnubilé par son désir de voir l'Acropole. Aveuglé par la réverbération, il suffoque, abandonne et revient à son point de départ. C'est là qu'il est renversé par un camion pendant qu'il traversait la rue. Il n'aura pas vu la manière dont le Parthénon a été construit, en rapport avec le nombre d'or. Notamment avec le pentagone étoilé et le pentagone convexe (pentagramme), figure de référence et signe de ralliement des pythagoriciens. le pentagone régulier est une figure d'or car la proportion entre une diagonale et un côté est le nombre d'or. de même qu'il existe deux triangles isocèles, l'aigu et l'obtus, dans lequel le rapport de la longueur du côté double à la longueur du côté-base est le nombre d'or.
Ito Ryōsuke est un maître « fabricant de masques nô pour l'école Kanze », au-dessus du temple Koetusji à Shakadani, à côté de Kyoto. C'est un artisan renommé qui sculpte le bois, le peint et le dore. Il en fabrique environ un par mois. Mais ce qu'il ne réalise pas, c'est qu'il ne sculpte pas un simple morceau de bois peint, il crée aussi un démon.
A Barcelona, en Espagne, un homme cherche du travail. Par hasard, il entre dans la « Casa Milà », surnommée « La Pedrera » (la Carrière) d'Antoni Gaudi (1852-1926), où il parcourt une exposition d'art byzantin et orthodoxe oriental. Une oeuvre représentant un Christ assis sur un espèce de trône le déstabilise. S'ensuit une sombre histoire de copie de la « Troika » (vers 1410) de Andrei Roublev, inspirée après avoir jeûné et prié pendant presque quarante jours. Cette icône peinte représente la Trinité à travers l'hospitalité d'Abraham quand l'Éternel vient lui annoncer qu'il aura un fils avec Sarah. Les trois anges de l'annonciation sont bien reçus. Mais après avoir vu l'icône, protégée par aucun gardien, il est « terrassé, halluciné ». Les trois anges sont « réels ». Il comprend « la prière intérieure muette des anges ». Ils l'angoissent. Ce qu'il lui faudrait c'est un couteau à anges.
A noter que la cathédrale de Gaudi, la « Sagrada Familia » est construite sur le principe du nombre d'or. Elle possède un « carré magique » composés de nombres disposés de manière à ce que leurs sommes sur chaque rangée, sur chaque colonne et sur chaque diagonale principale soient égales. La somme est appelée somme magique. le cryptogramme de Subirachs sur la Sagrada Familia a une somme magique égale à 33. Peut-être en relation avec l'âge de la mort du Christ. Ce même nombre 33 apparaît aussi dans le Parc Guëll où la somme des escaliers revient à 33.
Seiobo est arrivée sur terre. « J'ai ôté ma couronne, j'ai revêtu une forme terrestre ». Elle arrive pour s'incarner dans une pièce et offrir au prince de Chu la vie éternelle et lui révèler la promesse du paradis. Suite à cette représentation, Sensen Inoue Kazuyuki retourne à son école, Mahorowa, suivi dans son taxi par ses épouses, ses enfants, ses petits-enfants, ses élèves et un invité. Après la représentation, il lui est impossible de trouver la tranquillité sauf les quelques instants aux toilettes. « Il éprouve toujours le désir de prolonger ce calme et cet infini bonheur, et de dissimuler l'infinie fatigue qu'il ressent en même temps ». Il prie alors afin que Seiobo puisse revenir à travers son corps. Mais c'est impossible avant que le rideau « se lève et que Seiobo apparaisse vraiment ».
Retour à Perugia, capitale de l'Ombrie, à moins que ce ne soit « Il Perugino », soit Pietro di Cristoforo Vannucci, le peintre (448-1523), l'un des maitres de Raphaël.Ses assistants, Aulista, Francesco, Trasimeno et Giovanni di Petrio, s'interrogent sur les absences du maître. D'autant que celui-ci donne l'impression de perdre son intérêt, et peut-être même de talent pour la peinture. Après un long voyage, on a l'impression que tout se remet en place. Il en sortira le « Pala Tezi » (Rétable de Tezi) destiné à l'église Sant'Agostino. C'est la Vierge en gloire, avec l'enfant Jésus entourés des deux saints Nicolas de Tolentino, et Bernardin de Sienne.
Comment procéder avec l'Alhambra de Grenade. « Nous ne connaissons même pas son nom ». On lui assigne souvent « al-Qal'a al-hamra ou Qabba'al-hamra » c'est-à-dire le château rouge, d'où la déformation en Alhambra. Mais cela reste une énigme historique et esthétique même pour un touriste très informé. Déjà, il convient de s'entendre sur lequel des quatre monuments principaux il est question, soit l'Alcazaba, les palais nasrides, le Généralife et ses jardins, et le palais de Charles Quint. La citadelle, l'Alcazaba, en référence à Mohammed ben Nazar, dit « al-aḥmar » (le rouge) à cause de sa barbe rousse. C'est le fondateur de la dynastie des Nasrides, qui entra à Grenade en 1238 et fonda le site. le fait est que ce sont des monuments superbes, hormis le palais de Charles Quint, de facture classique. A quoi servaient ils ? Palais, forteresse.
Une fois entré, le touriste découvre « La Beauté ». Chaque pièce est entièrement continue et vraie en soi. Les pièces ne semblent pas être connectées entre elles de manière consciente ou logique. Les « architectes maçons » ont construit un éblouissement inconcevable. Les ornements, les inscriptions sur les carreaux de faïence, marquent « les infinitudes d'une langue ». le motif de base « girih » persan ou berbère, ou « tuile » permet de réaliser des « zelliges » pour toutes les figures géométriques de l'art islamique, et ce à partir de cinq formes de base des tesselles. le pavage peut être régulier, soit carré, triangulaire ou hexagonal. Les pavages de l'Alhambra sont remarquables en ce qu'ils contiennent les dix-sept groupes mathématiquement possibles, ce qui constitue un accomplissement unique dans l'architecture mondiale. le mathématicien Roger Penrose, Nobel de physique en 2020, s'y intéresse. En fait une classification, puis il s'attaque aux trous noirs. Il est à l'origine des dessins de MC Escher (1898-1972) représentant des constructions impossibles à réaliser. Voir « M. C. Escher. L'oeuvre graphique » (2016, Taschen, 96 p.). L'oeuvre de Penrose débouche sur des problèmes de pavage du plan à l'aide de portions de pentagrammes. Une application plus directe concerne les quasi-cristaux. Il s'agit d'un assemblage d'atomes, ordonné mais non périodique. Les positions des atomes ne se répètent pas de la même manière dans tout le matériau, ce qui produit des figures de diffraction de symétrie non-conventionnelles. Ces figures, et en les projetant sur une droite, la pente de celle-ci est l'inverse du nombre d'or et l'on obtient une suite de Fibonacci.
On en arrive à la visite Lacul Sfânta Ana, formé dans le cratère du volcan Ciomatu Mare, et à la baignade dans ce lac aux eaux jamais gelées, mais qui n'abrite que des poissons-chats. Un groupe d'artistes randonne. Ils sont douze. Un nouveau, Ion Grigorescu, tard venu, tout seul, ne participe à rien, ne fait rien. Ses chaussures étaient complètement usées au point que les autres artistes se demandaient s'il avait fait tout le chemin à pied. Un matin, ils le trouvent en train de creuser une énorme fosse. Dans la fosse se trouve un cheval grandeur nature, galopant, montrant les dents et écumant à la bouche, sculpté dans la terre. C'est un « animal terrorisé courant sous la terre », cherchant à s'extraire du sol Grigorescu ne les remarque pas jusqu'à ce qu'un artiste fasse accidentellement du bruit. « Il y en a beaucoup d'autres ». il disparait, faisant arrêter le bus dans la descente.
On s'interroge sur le sens de ce chapitre. le douzième de la suite, soit le second tour de la spirale. le premier tour s'achève avec Ito Ryōsuke maître « fabricant de masques », également une histoire où il est difficile d'imaginer le rapport avec les précédentes.
Le Louvre, à présent, et une phrase de mise en garde. « Tout sauf la Vénus de Milo, voilà ce qu'il pouvait lire sur les visages ». Il faut dire que cela fait 32 ans que Monsieur Chaivagne est le gardien attitré de la salle où se trouve la sculpture. Il sait tout sur la statue, et sur la sociologie des visiteurs. Même que c'est une copie romaine d'un original perdu de Praxitèle (395-330). « La seule chose que je ressens, et ce sentiment est peut-être une forme de douleur, c'est que cette Aphrodite est d'une envoûtante, d'une captivante, d'une indicible beauté », et surtout que la fissure au dos de la statue prouve « sa force de rébellion ». C'est simplement « le spectacle d'un dieu qui a perdu son royaume, un dieu puissant, tout-puissant — qui n'a plus rien ».
C'est ainsi que lorsque l'on considère la Vénus de Milo de profil, donnant le niveau de la plante des pieds, on note le rapport entre la hauteur de la statue et la distance qui sépare la plante des pieds du nombril est égal à Phi. La statue reprend les modêles de la période classique tout en renouvelant la représentation, en apportant une réponse aux canons classiques établis par les oeuvres de Polyclète.
Praxitèle aurait utilisé les codes, le « Canon » du sculpteur grec Polyclète, (entre 460 et 420), considéré comme le père de l'anthropométrie grecque classique. Dans ce Canon, il énonce les règles de la beauté avec un exemple. Sa statue de Doryphore, ou « porte lance » représente un éphèbe robuste et souple tenant une lance. « Il réalisa aussi un enfant sous forme d'homme, le Doryphore, que les artistes appellent Canon, parce qu'ils y cherchent, comme dans une loi, les principes de leur art, et que seul parmi les hommes, il est considéré comme ayant réalisé l'art lui-même dans une oeuvre d'art », d'après Pline l'Ancien. Elle est entièrement proportionnée selon le nombre d'or. le rapport de la hauteur totale du corps humain à la distance sol-nombril est égal au nombre d'or, de même que le rapport des distances sol-nombril et sommet du crâne-nombril ainsi que le rapport harmonieux entre la hauteur et la largeur d'une tête humaine. le célèbre dessin de Léonard de Vinci, l'« homme de Vitruve », illustre également la volonté de définir un homme idéal. Les proportions de cet homme aux bras écartés, qui s'inscrit à la fois dans un cercle et un carré, respecteraient, elles aussi, le rapport du nombre d'or.
Puis vient une conférence « Un siècle et demi de paradis », soit entre 1600 et 1750, tenue lors des « Journées Culturelles du Monde Rural ». le public comprend six vieilles femmes et deux vieillards. le conférencier y compare Purcell et Monteverdi. C'est sans compter sur Jean Sébastien Bach. Bach dont le nom se lit déjà en musique. 2, 1, 3, 8, selon la notation allemande. Tiens, ne serait-ce point une suite de Fibonacci ? Il compose d'ailleurs « L'Art de la Fugue » sur ce thème de « si bémol - la - do – si » de même que la première fugue du « Clavier bien tempéré » comporte exactement 24 entrées du thème principal. Ce chiffre se retrouve dans les 24 « préludes et fugues » du recueil, même si toutes les fugues classiques comptent une vingtaine d'entrées du thème.
1750, c'est l'année de la mort de Jean Sébastien Bach, peu après la réalisation de la « Passio Secundum Matthaeum », BWV 245 (1727) qui se termine par « Mein Jesus, gute Nacht ».
Oswald Kienzl, peintre paysagiste suisse. Il trépigne dans la file d'attente pour un ticket de train de Genève à Lausanne, ce 17 novembre 1909. Il porte le deuil d'Augustine Dupin, sa vieille amante, l'ancien modèle, la mère de leur enfant, du temps où il était le vagabond grossier et dégénéré de Berne. Il est sur le point de perdre toute motivation à créer. La seule chose ce qui compte, c'est la fidélité à un certain événement. Désormais « honorable et richissime artiste, peintre paysagiste » il a passé la nuit au chevet de la mourante, « cette misérable paria ». Il a ôté la couverture et la vue du corps a brisé sa pensée. Son amie actuelle amie, « cette femme sublimement belle, monstrueusement séduisante, follement sensuelle, cette femme parfaite », Valentine, va aussi mourir. Et il cherche comment « s'approcher de l'ultime, de la grandiose fin cosmique, de l'insaisissable Grand Espace qui englobe le tout ».
Oublier sa vie sordide, peindre et se taire, puisque personne ne le comprend. Juste « une dizaine de couches de peinture superpos
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Dans Seiobo est descendue sur terre, László Krasznahorkai, écrivain hongrois essentiel, compose dix-sept histoires comme autant de de variations sur l'art, la création, la quête de la beauté et celle du sacré. de Kyoto à Venise, de Paris à Athènes en passant par Grenade, il nous entraîne dans un surprenant voyage à travers l'espace et le temps. Déployant sa prose envoûtante, László Krasznahorkai impressionne dans cette oeuvre qui interroge à la fois le rôle des artistes, des spectateurs et l'émotion que peut provoquer l'art sur les êtres humains. Un chef-d'oeuvre visionnaire récompensé par le Man Booker Prize !
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