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Critique de jlvlivres


Tango de Satan (Sátántangó) Gallimard, 00, 290 p.
Première publication en Hongrie en 85, donc encore sous influence soviétique déclinante.
La vie (étrange) d'une petite dizaine de personnes dans un hameau reculé de Hongrie, plaine balayée par le vent et la pluie, où il ne se passe plus rien. le premier chapitre débute avec le réveil de Fatuki par les cloches, sauf qu'il n'y a plus de cloches dans la chapelle voisine, elle-même au clocher effondré. Par ailleurs sa compagne, Mme Schmidt, elle aussi sort d'un cauchemar.

« Un matin, à la fin du mois d'octobre, peu avant que les premières gouttes des longues et impitoyables pluies d'automne commencent à tomber sur le sol craquelé, à l'ouest de l'exploitation (et qu'une mer de boue putride rende les chemins vicinaux impraticables et la ville inaccessible jusqu'aux premières gelées), Futaki fut réveillé par le son des cloches. »

Tout cela parce que deux individus, Irimias et Petrina, tous deux morts depuis 18 mois, sont annoncés comme étant de retour dans la région. Qui sont-ils, prophètes ou diables ? A signaler que ce nom d'Irimias est celui d'un chatreur de porcelets qui a beaucoup marqué l'auteur (LK) étant jeune (cf ses interviews). Irimiás est le centre du roman, émergeant de l'océan de boue et de pluie qui sépare le hameau de la ville. Il devient par la suite le messie, figure salvatrice: lui seul, pensent-ils, pourra redonner sens à leurs vies qui leur échappent.

« Irimias [ ] c'est un vrai sorcier. Même avec de la bouse de vache il pourrait bâtir des châteaux »

Irimisa est cependant un messie avec des relents sataniques, au passé trouble et aux intentions tout aussi peu claires. A présent il est écartelé entre le pouvoir qu'il exerce sur les habitants et une obséquiosité envers le pouvoir en place (cf le chapitre 2). La plupart des habitants du hameau ont déjà quitté les lieux. Ne restent qu'un médecin privé du droit d'exercer, un aubergiste qui se bat avec les toiles d'araignées, et quelques couples qui avancent des plans pour s'en aller mais sans savoir où s'installer. Reste aussi un directeur d'école qui n‘a plus d'élèves (sur les quatre, deux se prostituent et les deux autres courent les champs). En fait, tous ces gens souhaitent quitter le hameau. On est à la fin du système collectiviste, mais ce retour inopiné des deux compères va bouleverser tous leurs plans (si jamais il y en eut).

Ce thème du messie, qui apporterait l'espoir d'une vie nouvelle et bien sur meilleure, apparaît sous plusieurs formes dans le livre. Elle ne débouche cependant sur rien d'autre qu'une absence totale de rédemption. le thème est général dans l'univers désillusionné de LK.
Y voir une critique des années passées et du système collectiviste, cela me parait assez étrange d'un point de vue date (le roman est sorti en 85). le second chapitre, qui décrit l'arrivée et l'examen des deux compères par les autorités locales fait effectivement référence à ces turpitudes. Mais cela ne suffit pas à en faire une critique du régime.

Reste le style, que l'on retrouve par la suite dans les autres livres de LK. Des phrases souvent longues, hachées de monologues intérieurs (c'est encore plus vrai dans « Guerre & Guerre »)
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