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Critique de PhilippeSAINTMARTIN


Quand j'ai découvert l'oeuvre du peintre danois Hammershøi, j'ai pensé qu'il avait imaginé le monde après une sorte de guerre bactériologique, ébahi par son esthétique radicale. En effet Vilhelm Hammershøi excelle dans ce qui semble à première vue une représentation austère d'un vide tenace, d'une solitude qu'aucun événement ni parole ne vient perturber. Son tableau Une ancienne cour de Christianshavn (1899) évoque parfaitement son art du silence : l'unique fenêtre ouverte est éclaboussée de la seule lumière du tableau. On pourrait supposer que le dernier humain s'est jeté par cette béante bouche à carreaux. Mais non.

C'est seulement qu'Hammershøi l'incongru taciturne est à contre-courant des modes et codes artistiques décrétés par son époque, quand y déroger c'était régresser. Lui s'en fiche et peint de subtiles hallucinations méditatives, des paysages désertés de vie où le ciel remplace presque la terre, d'énigmatiques nuques de femmes, des architectures aux allures de fin du monde et des intérieurs distanciés de tout. Son art repousse le spectateur vers sa propre solitude et ses propres interrogations. Et pourtant rien d'angoissant dans son oeuvre : calme presque luthérien et introspection pour suggérer la vie intérieure et la sensualité de la lumière. Pour dire que l'éthique prime sur l'esthétique.

En fait sa peinture est toute entière héritière des grands maîtres hollandais et des libertins baroques du 17ème siècle : comme eux Hammershøi interroge l'énigme d'être au monde dans un éloge du quotidien que ne renierait pas Tzvetan Todorov.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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