- Devenir yakuza, ça ne me dit pas trop…
- Fais pas cette tête. Te connaissant, tu vas vite devenir quelqu’un d’important. Et puis, ajouta-t-il sans lui laisser le temps d’en placer une, faut pas oublier une chose : t’as eu des démêlés avec la justice. Dans notre milieu, ça comptera comme un fait d’armes, mais vue que t’as quand même planté des mecs, tu vas avoir du mal à te faire embaucher quelque part.
Kumagai se retrouva perplexe. Le choix de devenir yakuza ne lui avait même pas traversé l’esprit. Non pas à cause de prétentions morales, mais parce qu’il détestait l’idée d’être enchaîné à une organisation.
Qui plus est , en choisissant la vie de gangster, il causerait des ennuis à son père et ses deux frères, qui occupaient des emplois sérieux.
- C’est très gentil, mais…
- Réfléchis-y d’abord.
Quelle qu’en soit la raison, ceux qui n’arrivent pas à faire coïncider leurs paroles et leurs actes finissent tôt ou tard par quitter le navire. Qu’un homme accomplisse ou non ce qu’il dit, il sera de toute façon jugé sur ses actes.
Le pays était emporté par une fièvre étrange qui voulait que gagner de l’argent équivalût à réussir
Un chef sans idéal ne jouit d’aucun prestige. Un chef qui se laisse déborder par la réalité, d’aucune confiance
Le harcèlement n’est pas l’apanage des enfants : dans le monde du travail aussi les supérieurs se rendent coupables d’abus de pouvoir, les collègues vous ignorent sciemment ou médisent de vous. Les brimades sont consubstantielles à tout groupe humain délimité, à toute organisation.
Dans le jargon yakuza, avouer une faute se dit « chanter ». Celui qui pousse la chansonnette se voit méprisé en tant que bon à rien dénué de caractère, de sens des responsabilités.
Parfois, les choses font que ceux qui s’en tirent le mieux ne sont pas les plus débrouillards, mais ceux qui collent naïvement à leurs principes sans jamais y déroger et attendent sagement le bon moment.
Une rencontre est comme une pierre jetée dans un lac : les rides qu’elle provoque sont autant d’ondulations à la surface de la vie, aux débouchés imprévisibles
Parfois, on a l’impression d’avoir choisi la vie qu’on mène de son propre chef, mais en réalité, les rencontres qu’on a faites sont plutôt le fruit de la « fatalité », et on n’est pas parvenu là où on se trouve sans le moindre détour ou écueil. C’est ce que je me dis parfois en songeant à mon passé.
Un chef sans idéal ne jouit d’aucun prestige. Un chef qui se laisse déborder par la réalité, d’aucune confiance.