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Critique de Philemont


L'insoutenable légèreté de l'être se déroule principalement en Tchécoslovaquie dans les années 1960 et 1970, plus précisément du Printemps de Prague (1968) à l'occupation soviétique qui en résulta. Milan KUNDERA explore la vie artistique et intellectuelle de la société tchèque à partir du portrait de quatre personnages intimement liés. C'est Tomas, chirurgien de profession et mari volage ; c'est sa femme, Tereza, photographe angoissée par les infidélités de son mari ; c'est Sabina, artiste avant-gardiste et maîtresse de Tomas ; c'est Franz, universitaire amoureux de Sabina.

La mise en scène de ce quatuor est pour KUNDERA le prétexte d'une réflexion philosophique sur le sens de la vie face aux contingences sociétales. Ainsi chacun représente-t-il une figure métaphorique, de la pesanteur de Franz à la légèreté de Sabine, en passant par l'ambiguïté de Tomas et la morale de Tereza. Ce faisant il ouvre un débat avec les présocratiques, notamment Parménide, et la philosophie nietzschéenne. Aux premiers il conteste la vision manichéenne du monde selon laquelle il est constitué de paires d'entités opposées (la lumière et l'obscurité, l'être et le néant, la légèreté et la pesanteur...) ; pour KUNDERA la vie humaine ne peut être classée dans l'un ou l'autre pôle faisant d'elle une équation insolvable. A la seconde il récuse la théorie de l'éternel retour selon laquelle l'univers et les événements qui le constituent sont cycliques ; pour KUNDERA au contraire chaque histoire est unique, chaque être humain construit sa vie en faisant des choix intimement liés aux contextes dans lesquels ils sont faits ; c'est d'ailleurs pourquoi la vie humaine est précaire, mais aussi force de progrès.

Roman philosophique donc, L'insoutenable légèreté de l'être est aussi un roman politique dans la mesure où la toile de fond est l'occupation soviétique d'un pays qui a voulu s'ouvrir au monde extérieur. Ainsi, pour KUNDERA, le communisme est-il synonyme de mort de l'individu et de vide culturel (rappelons qu'il est lui-même d'origine tchèque et qu'il a personnellement vécu ces événements avant de devenir français). C'est aussi une très belle histoire d'amour(s) teintée d'un érotisme délicat. C'est en fait un superbe roman, pas si difficile à lire qu'il n'y paraît de prime abord, grâce à une prose aussi belle que fluide et des images aussi fortes qu'émouvantes. de ces dernières l'excellente adaptation cinématographique de Philip Kaufman (1988) peut d'ailleurs témoigner.
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