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Critique de magalette


Voilà un livre que j'ai trouvé exigeant avec son lecteur. Nathalie Kuperman fait partie pour moi des écrivains de talent du XXIème siècle. Elle n'est pas seulement une raconteuse d ‘histoires. Ses romans sont aussi des terrains d'expérimentation pour questionner des thématiques profondes : la maternité et l'amour filial, l'inscription dans les gènes de l'histoire familiale ou encore les moteurs de l'écriture romanesque. le récit est ici construit en une vaste boucle qui commence à l'enterrement de la tante de la narratrice, Marianne et qui y reviendra pour conclure la démonstration. La romancière va s'attacher à justifier « les raisons de son crime ». Celui de Marianne, le sien, celui de bon nombre d'auteurs de roman. Dans la genèse d'un roman, il y a souvent un besoin cathartique d'exploration d'un drame familial, d'un secret enfoui, de sentiments puissants de l'enfance, de souffrances à expurger une bonne foi pour toutes. Marianne va retrouver lors de ces obsèques réunissant toute la branche maternelle de sa famille, sa cousine Martine dont elle a été séparée par sa mère qui jugeait ce côté de la famille non fréquentable. Attirée comme un papillon par la lumière, Marianne qui était fascinée par l'aplomb, la beauté sauvage et l'arrogance de sa cousine, retombe sous le charme pervers de cette femme aujourd'hui rongée par l'alcool et la misère. Marianne est dans une situation difficile, séparée du père de sa fille, elle vient de perdre son travail. Au lieu de rebondir et de prendre en main sa vie, sous prétexte d'écrire un roman sur Martine, elle va s'engluer dans son histoire familiale, chercher à dénouer les liens qui unissaient les membres féminins de cette branche maternelle et au final, s'emmêler volontairement dedans. Comme soumise à un déterminisme génétique, elle s'englue dans la dépression et l'alcool en prenant un malin plaisir à singer ces figures féminines monstrueuses dont sa mère a toujours voulu la préserver. En tant que lecteur, on assiste - impuissant spectateur - à cette noyade volontaire. Certains passages mettent mal à l'aise, on a nous aussi du mal à respirer. le récit va tourner sur lui-même comme une toupie jusqu'à nous en donner le tournis. C'est le talent de Nathalie Kuperman qui malgré cette écriture spiralaire ne perd jamais son objectif de vue : prendre à partie son lecteur sur la légitimité de l'entreprise romanesque, celle de Marianne, celle de Nathalie Kuperman, autrice, celle de tout écrivain qui trempe sa plume dans sa propre existence.
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