Eloge du retard

Les auteurs qui associent philosophie et psychanalyse portent souvent un regard singulier sur notre manière d'être au monde, aux autres, à soi. Hélène L'Heuillet loue l'art du retard, façon de décoller du temps accéléré. Différer la jouissance active le désir, tandis que l'assouvissement immédiat engendre la mélancolie. le désir plutôt que la pulsion, la tristesse mieux que la mélancolie.
La tristesse nous invite à nous attarder avec nous-même, la mélancolie amène à considérer le temps perdu. Être en retard, c'est laisser un intervalle, c'est retrouver du temps. Un temps subjectif, pas le temps objectif de la montre ou des tâches à accomplir.
Le temps est à la fois choix et perte. À nous de bien choisir, car à tuer le temps on le perd. Cette réflexion bien troussée joue un peu trop sur les mots - mon seul bémol- mais incite vivement à éprouver le passage du temps au lieu de le subir. Un ouvrage salutaire et étayé pour résister aux pression multiples de l'accélération. "Devenons possessifs à l'égard de ce que nous ne possédons pas". le retard, entendu comme action différée, donne accès à la durée, au plaisir de la surprise. Magistral!
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