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Critique de LydiaB


C'est avec un grand plaisir que j'ai visionné le film de Bruno Dumont, "Hadewijch", dont parle cette revue.

Si je vous dis "Hadewijch", que me répondez-vous ? A vos souhaits ? J'avoue que ce nom à coucher dehors peut ne rien évoquer. Il s'agit en fait d'Hadewijch d'Anvers, mystique et poétesse flamande du XIIIe siècle (que je ne connaissais pas, même si certains ont pu la comparer à Hildegarde de Bingen. Je ne commenterai pas ici la comparaison car ce n'est pas le propos mais elle me laisse assez dubitative).

Revenons donc à "Hadewijch". Bruno Dumont transpose la vie de cette béguine et imagine une histoire contemporaine. Céline, ou plutôt Soeur Hadewijch, éprouve un tel amour pour le Christ qu'elle se mortifie. La Mère Supérieure, inquiète, préfère lui demander de partir. La jeune religieuse redevient donc Céline, étudiante en théologie, vivant dans un milieu aisé mais froid et distant. On sent qu'elle n'y a pas sa place. Elle fait la rencontre du jeune Yassine et de son frère, Nassir qui enseigne l'Islam. Elle semble attirée par ce milieu dans lequel on l'écoute et où elle va trouver des points communs, notamment sur le plan religieux. On voit le personnage de Céline torturé entre l'amour spirituel et l'amour physique auquel elle se refuse, même si Yassine tente sa chance, en vain. Cet amour spirituel, tournant à l'obsession, l'amènera à se fourvoyer, à oser des choses impensables...

Il est utile de dire que Bruno Dumont prend du recul avec les religions puisque lui-même ne les fréquente pas. Inutile donc d'y voir un quelconque message didactique (je me méfie, je préfère préciser...). On reconnaît ici son style : un décor épuré laissant place aux acteurs représentatifs du peuple. Rien ne sonne faux. Il filme les quartiers, qu'ils soient huppés ou de banlieues et les met sur un même pied d'égalité. Ce sont les personnages qui font le film et non le décor. Il symbolise le désir d'absolu allant jusqu'à l'extrême. C'est à la fois simple et puissant. Les ellipses jouent un rôle important. On nous met en scène des faits et le spectateur se retrouve dans une position où il est incapable de juger cette fille complètement perdue. le malaise l'envahit.

Mais quel est le lien avec la mystique médiévale ? le milieu aisé d'une part (comme souvent chez les moniales de l'époque) mais aussi cette façon d'imaginer l'amour du Christ comme presque sensuelle. On le retrouve dans ses correspondances.

Transposer ainsi une histoire dans notre société n'est guère évident, même s'il s'agit plus ici d'inspiration que de transposition. L'exercice est mené avec brio.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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