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Critique de Ecarlate


L'auteur se pose la question suivante : comment tout un peuple ne peut-il se soulever contre son oppresseur ? Il peut comprendre que quelques hommes aient peur d'un seul, c'est de la couardise, mais tout un peuple, des milliers d'hommes ? Il explique qu'un animal lutte toujours pour sa liberté (rapporte même le fait légendaire que l'éléphant, une fois sur le point d'être capturé, brise ses défenses et les offre au chasseur en échange de sa liberté) ou souffre une fois pris (oiseau en cage). Même le boeuf se plaint sous le joug, un cheval maltraité ruera contre son cavalier. Alors pourquoi les hommes ne se révoltent pas ? C'est une question d'éducation. Ceux ayant connu la liberté, même une fois, toujours la désire, se battent pour elle ou y aspirent. Mais ceux nés asservis, comment leur viendrait l'idée d'être libre ? La coutume les a placés en cet état, il leur est difficile de s'imaginer autrement. Par l'esprit, on peut entrevoir la liberté, et l'auteur précise que le Grand Turc (au sens de l'époque) n'encourage pas les sciences et les lettres, car il n'a que faire de savants. le tyran (ce mot revient tout le temps, indifféremment avec le terme roi) est au pouvoir par la naissance, par l'élection ou la conquête. Plus on donne à un tyran, plus il prend, plus il croît en puissance. C'est vous même qui donnez le pouvoir au tyran. Il maintient le peuple en sujétion en lui offrant des distractions, des libéralités (du pain et des jeux), en sachant que le tyran peut se montrer généreux parce qu'il use du bien public qui, en définitive, n'est pas à lui ! de plus, par son titre, le tyran se pose comme un protecteur aux yeux du peuple. Mais il n'y a pas que le peuple. le tyran se maintient parce que quelques uns tirent profits de sa tyrannie, ayant sous leurs ordres d'autres qui tirent profits etc. le tyrans attire à lui les malfaisants. Pour l'auteur ces gens s'aliènent, ils ne vivent que pour faire le plaisir de leur maître, doivent penser comme lui et ne savent que faire endurer à ceux qui leurs sont inférieurs la tyrannie qu'ils subissent. de plus, le peuple va haïr ceux qui servent le tyran plus que le tyran lui-même, puisqu'il a surtout des relations avec eux. le tyran peut même utiliser la religion pour asseoir son autorité (guérisseur miraculeux). Notons que l'auteur pose une réserve pour la monarchie française, mais il n'est ni ferme ni définitif, précisant bien que par l'histoire que l'on nous enseigne, on a tendance à accepter le monde dans lequel on naît. Notons aussi qu'il flatte la poésie française, celle de du Bellay notamment, mais la poésie ne travestit-elle pas la vérité ? Dans son texte, La Boétie se réfère beaucoup aux batailles des Grecs et des Spartiates pour leur liberté contre les Perses, et prend beaucoup d'exemples de tyrans parmi les empereurs romains. Néron est un de ses exemples favoris, illustrant à merveille comme avec la fin tragique de Sénèque combien servir au mieux un maître ne sert à rien : on est toujours à sa merci. Il relate que les Romains ont pleuré César à sa mort alors qu'avec lui est advenu la fin de la République. Il aime aussi se référencer à Ulysse, l'homme libre par excellence. L'homme est né libre et doit lutter pour le rester.
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