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Critique de afriqueah


Tous les hommes sont des salopards, ils ne pensent qu'à une chose et on ne peut qu'être malheureuse à leur contact, l'a prévenue sa Mère. Donc, seule chose à faire pour la princesse de Clèves : se prémunir, surtout ne pas aimer, ne pas s'éclater, ne pas désirer, c'est mal, et se marier mine de rien sans rien faire, voilà la solution. N'avoir confiance en rien concernant les sentiments, et surtout pas en ses propres sentiments, et encore moins en soi même.
Quand le prince de Clèves l'aperçoit (seule, sans sa mère, tiens) il tombe éperdument amoureux d'elle… parce qu'elle belle, blanche et blonde, raisons qui nous paraissent futiles, mais, passons. Et puis , il note au passage qu'elle est riche, là encore, passons.
Et elle, la Mère, ne consent au mariage qu'après la mort du père de Clèves, un ennemi de moins, et surtout, surtout, parce que sa fille n'en est pas amoureuse.

Tu peux choisir d'être heureuse, à condition de ne l'être jamais, lui dit elle.
D' ailleurs, c'est moi ta meilleure amie, et tu dois me dire tous tes secrets.
La gamine a 16 ans, Madame de Lafayette insiste sur ce point : Comment pourrait elle livrer à sa mère des secrets d'alcôve, mieux vaut n'avoir rien à raconter, non ?

Comment peut elle se libérer de la manipulation maternelle ?

En fait, jamais.

Car la Mère préfère encore mourir ( et elle le fait) que de la savoir amoureuse en vrai. Alors le mari, transparent et absent, amoureux transi reprend la manipulation en héritage, en demandant à sa femme « soyons amis, dites moi tout » et la conclusion, identique : mieux vaut crever que de savoir que la petite bécasse sera heureuse.

Je dis bécasse, parce qu'elle aurait mieux fait d'écouter Goldman plutôt que sa mère : « Ne lui dis pas, ça sert à quoi, on n'avoue rien si on est innocent » et elle qui a tout fait pour obéir aux injonctions de sa mère, avoue au mari qu'elle essaie de ne pas penser à Nemours.
Aurait elle pu après ces deux deuils, mère et mari, deuils dont elle se sent coupable, revenir à un état d'esprit antérieur à la perte ?

Madame de Lafayette n'a pas lu Freud, mais elle analyse la confrontation à la réalité lors de la perte de la personne aimée. Cette épreuve de réalité exige le retrait de toute la libido, et affirme l'attachement aux interdits anciens même si ils ne sont plus que le fruit de l'imagination.
Abandonnée par sa mère, la princesse de Clèves ne veut pas s'abandonner à l'amour passion qu'elle partage avec le duc de Nemours, par peur d'être abandonnée.
Bingo, la mère a gagné.


Ceci est ma lecture , personnelle, de ce roman à la fois historique, témoignage des moeurs galantes du XVII siècle, et, à mon avis, extrêmement moderne, racontant l'emprise d'une mère sur sa fille .
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