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Citations sur Anta : Mémoires d'un Lapon (18)

Pourtant, il y avait encore un peu de clarté.C'est alors qu'apparut l'aurore boréale : ses rayons multicolores se mirent à trembler, parfois très bas, presque autour de la cime des arbres. A certains moments, on croyait les entendre craquer, comme si elles brûlaient réellement. Tout l'horizon s'embrasa. Il s'en fallut de peu que Lisa n'ait peur, mais Vuolla, lui, allait son chemin sans vraiment se soucier de regarder l'aurore boréale. Il en avait déjà vu.
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Quand ils rentrèrent le soir, ils découvrirent un spectacle abominable. Leur tente avait brûlé et leurs trois enfants étaient morts dans l'incendie. Il ne restait rien - seulement des braises et des cendres fumantes. Rien de leurs projets et de leurs espoirs. Ils étaient là, deux êtres réduits à leur dénuement et à leur solitude, au plus fort de l'hiver.
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Quand j'écrivais, l'été dernier, que la culture sâme repose sur la protection du site, de la pêche et de la chasse, j'entendais encore clairement les douces recommandations de l'ancien quand nous avions commis des dégâts dans nos terres sauvages : « Ne piétinez pas les fleurs, ne coupez pas les arbres sans raison, contentez-vous du strict nécessaire. Il faut toujours rester sur le sentier, chercher les vieux emplacements des feux ou ceux des arran. Pourquoi allumes-tu ton feu ici ? Il y a un ancien foyer à côté. » Voilà ce qu'on nous disait. C'est une leçon que je n'ai pas oubliée.
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L'école nomade est-elle tant soit peu justifiée ? Ma réponse est non.
Pourquoi doit-elle être installée en dehors de la société au point que, pour l'opinion, les jeunes Sâmes sont des espèces de bêtes sauvages qu'il ne faut pas accueillir dans le corps social. Nos enfants se demandent : « En quoi sommes-nous des êtres à part, nous qui n'avons pas droit au même enseignement que les enfants suédois ordinaires ? »
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Ce qui est sûr, c'est qu'on va avoir les pires difficultés avec cette voie ferrée. Elle abîme les terres et cette saloperie de fer va sûrement tuer nos rennes. J'ai entendu dire que ces salauds en ont déjà écrasé beaucoup dans la région de Kilvo. Qui se soucie des propriétaires qui perdent ainsi leurs bêtes ?
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Quelques jours plus tard, Marie fut prise de douleurs et commença à gémir, et Anta sut que l'heure était venue. Il bondit à la recherche de Ristin qui saurait quoi faire. Et bientôt Ristin délivra Marie d'un beau garçon. Elle coupa le cordon ombilical, fit avec un fil de laine rouge ( note 365 ) un noeud qui protégerait l'enfant des maladies. Anta alla chercher de l'eau dans un chaudron de cuivre, la fit chauffer et y mit un peu de sel. D'une main douce, Ristin lava l'enfant qui criait et pleurait, puis Anta put prendre son fils dans ses bras et le bercer avec mille précautions. Pendant ce temps, Ristin nettoyait Marie du placenta et lui faisait boire du café bien fort ( note 366 ) dans lequel elle avait mis de la graisse de renne moisie. C'était pour lui laver l'estomac. Ensuite, Ristin prit l'enfant, le langea et le déposa dans la kierka ( berceau, je suppose ) à côté de sa mère.

Note 365 : le fil de laine rouge a toujours eu une valeur prophylactique. On en munissait aussi les morts pour leur assurer un bon voyage et une bonne installation dans leur nouvelle vie.

Note 366 : Dans la pharmacopée traditionnelle, le café fort est connu pour activer les contractions des femmes en couches ; la graisse de renne ou d'intestin de hareng, l'absorption de beurre fondu ou d'huile de poisson ( jusqu'à deux litres ) étaient censés aider à l'expulsion du placenta.
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Ceux de la sita ( groupe de familles ) ne l'entendirent pas ainsi, quand ils découvrirent qu'ils n'étaient plus seuls sur les pâturages de printemps et d'automne, hérités de leurs pères. La peur les prit, elle grandit et se mua en haine de ces prisonniers qui, le poing levé, poussaient, dans une langue inconnue, des cris qu'on entendait dans toute la montagne. Et comme ils s'époumonaient à hurler « pirro, pirro », ceux de la sita les nommèrent " pirros ajjä " - les hommes du diable. Et le nom leur resta.
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La neige était recouverte d'une couche résistante de glace et les herk
( rennes ) tiraient les akja ( traineaux ) comme par plaisir. Au matin, on s'arrêta pour laisser brouter le troupeau de rennes. On établit le campement sur un vaste terrain où la neige avait fondu et tous allèrent se reposer, sauf Anta. Ce jour-là, il devait veiller sur le troupeau. Chacun était chargé de cette tâche à tour de rôle. Désormais, on ne pouvait plus laisser les bêtes sans surveillance, même un instant : les rennes étaient pris d'une telle envie de regagner la montagne qu'abandonnés à eux-même, ils filaient sans demander leur reste. Et il n'était pas facile de les rattraper. Souvent, ils trouvaient le moyen de s'égarer très loin. Au cours de la transhumance, on s'arrêtait ici et là pour s'attarder le plus possible dans la zone forestière. Pendant ce temps, le soleil réchauffait les flancs des montagnes et la neige fondait par plaques entières.
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C'est étrange, pensaient-ils tous deux, comme la montagne est silencieuse. Pas un seul être humain sur des dizaines de kilomètres à la ronde, et eux deux si petits ! Il n'y a que les oiseaux qui volent et chantent leur petite mélodie. Le lac même est lisse : on le croirait mort lui aussi, si par instants un poisson qui sautait ne faisait quelques cercles à la surface.
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Les temps ont bien changé ! On ne se soucie plus aujourd'hui de savoir comment le troupeau se porte, on ne s'occupe de lui que si l'on veut se procurer un renne pour le manger ou pour le vendre. Les bêtes sauvages peuvent décimer en paix les troupeaux sur lesquels les gardiens de rennes ne viennent jeter un coup d'oeil qu'une fois par mois. A cette époque, les propriétaires de rennes ne badinaient pas avec le sort de leurs bêtes : ils les surveillaient de si près que, seul, un renne égaré pouvait courir le risque d'être dévoré par les fauves.
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