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Critique de ladesiderienne


Si j'ai choisi ce roman lors de la dernière opération Masse Critique, c'est que le sujet me tient profondément à coeur. Merci donc à Babelio et aux Éditions JCLattès pour l'envoi de ce livre. Après les États-Unis en 2016, la Chine, un des pays parmi les plus gros consommateurs d'ivoire, en a interdit le commerce en décembre 2017. Cela permettra-t-il de faire cesser le braconnage qui décime les populations d'éléphants en Afrique ?

Niels Labuzan nous fait un constat sans parti pris de ce qui se passe réellement malgré les interdictions. Il nous parle des lois propres à chaque pays africain qui de ce fait n'ont pas de réelle efficacité et des aménagements qui leur sont appliqués favorisant ainsi le commerce illégal. le lecteur est embarqué au Botswana, dans le delta de l'Okavango, véritable sanctuaire où de nombreux éléphants, protégés par la réglementation sévère du pays, ont trouvé refuge, mais aussi dans les états voisins car le trafic n'a pas de frontières. Une guerre d'une violence inouïe s'y déroule. de part et d'autre, des belligérants qui ont chacun une bonne raison d'agir ainsi. D'un côté, les trafiquants : une chaîne aux maillons très individualisés dont personne n'a une vision globale, avec au bas de l'échelle, des pisteurs qui n'ont que ce moyen pour survivre dans une nature hostile. de l'autre, des hommes et des femmes qui tentent de démanteler ce trafic, Erin, l'éthologue française qui travaille dans la réserve, Bojosi, le ranger reconverti et Seretse, envoyé par le gouvernement du Botswana. Sans idéaliser cette nature sauvage car ils sont conscients du fait que le paradis des éléphants peut se révéler être un enfer pour les populations locales, lorsque regroupés en trop grand nombre, ils détruisent les champs et les villages lors de leur migration, ces trois-là vont mettre en commun leurs compétences et leurs connaissances pour infiltrer un trafic d'ivoire en y injectant de fausses défenses pucées et donc traçables. Le massacre a assez duré...

Conjointement à l'aspect scientifique très bien étayé du livre, je dirai que le côté "roman" a été exploité à son minimum. Malgré leur combat commun, les héros sont profondément seuls. Les barrières érigées par leur passé ne tombent pas. J'ai trouvé l'écriture de l'auteur très belle, aussi poétique que violente, avec beaucoup de phrases "choc" très courtes, mais peu de dialogues et d'échanges pour rendre le récit plus "humain". A croire que la magie sauvage du bush africain rend muet...

Malgré cela, j'accorde un 18/20 à ce livre car il a été à mes yeux, très instructif. J'ai par exemple découvert l'existence de fermes d'élevage de rhinocéros où la corne de ces animaux est coupée tous les deux ans et entreposée dans des coffres plus sécurisés que ceux des banques suisses en attendant la fin du moratoire concernant leur vente. J'ai appris également qu'il existait des centres d'élevage de lions, qui sous l'étiquette officielle de parc pour touristes, servent de fournisseurs à des organisateurs de chasse tout à fait illégales destinées à un public en quête de trophée pour décorer leur salon. Révoltant ! Que faut-il à l'homme pour prendre conscience qu'en détruisant le milieu naturel dans lequel il vit, il court à sa propre perte ? Cessons d'être les générateurs de ces trafics car lorsque la demande aura disparu, l'offre s'éteindra d'elle même. A noter tout de même que si le constat est sévère, le message de l'auteur garde une lueur d'espoir car sans lui, rien ne sert de se battre.
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