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Citations sur Ivoire (41)

Il avait vécu plus dangereux, mais il y avait quelque chose de différent à être ici. Une fois le matériel déchargé, le pilote repartit aussitôt, les laissant sur cette piste bosselée avec cette caisse en bois qui signifiait pour chacun un tournant, un changement. Personne ne savait avec certitude où il se trouvait. Des rangées d’arbres les empêchaient de voir les alentours. Seretse avait observé la région depuis les airs, pas un village, pas un feu pour signifier la vie humaine, rien qu’une canopée plus ou moins verte, cela lui avait paru intimidant, d’en bas c’était terrifiant.
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En Afrique du Sud, de nombreux fermiers ont récemment délaissé leurs troupeaux de bœufs au profit de centaines de rhinocéros qu’ils bourrent de produits chimiques en attendant la fin du moratoire sur la vente de cornes. Ils ont créé l’association des propriétaires privés de rhinocéros, la PROA, et, comme on cueille des agrumes, comme on ramasse du coton, comme on fauche du blé, ils font leur récolte. Tous les deux ans, ils coupent à la scie électrique les cornes, qui repoussent, et les entreposent dans des chambres fortes qui bénéficient des meilleurs systèmes de sécurité. Certains en ont plus de cinq tonnes. Si les bêtes ne souffrent pas, elles sont confinées dans de petits espaces alors qu’elles réclament l’immensité pour vivre et pour se reproduire.
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Après une heure de vol, ils entamèrent leur descente vers l’Okavango. Bien sûr, au départ, ce n’était qu’un fleuve, mais ce fleuve devenait ensuite un delta intérieur et prenait vie dans le désert avant de se jeter dans les sables chauds du Kalahari. Depuis sa source, sur les hauts plateaux angolais, ses eaux grossissaient, charriant la vie, propulsant l’incroyable miracle partout. Un monde liquide s’étendant là où il n’avait rien à faire.
C’est depuis les airs qu’on en prenait toute la mesure, qu’on découvrait ces millions d’îles changeantes, les sinuosités hasardeuses de l’eau, les palmiers qui ne poussaient qu’ici, ce monde plat et si riche, indépendant, où les éléphants aiment prendre des bains.
Une étendue bleue, délivrant sur son passage un dégradé de verts au milieu de l’ocre environnante. Et ces formes joueuses. Ici, les cris de tous les animaux retentissaient, ils avaient trouvé leur refuge, dernier échappatoire à la brutalité. Tout était bouillonnant, la vie se donnait aussi facilement qu’elle se perdait. Et il y avait ce qu’on ne voyait pas à l’œil nu. Ce territoire ne dévoilait pas tous ses secrets d’un coup, il fallait s’approcher, écouter, regarder avec attention, un monde parallèle, microscopique, où tout était en feu, vibrant d’un perpétuel recommencement.
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Longtemps, elle avait cru au seul monde de ses parents avant de croire à celui de cette nature, celle qui accueille encore des éléphants, les animaux les plus stupéfiants qu’elle ait vus. Leur disparition serait un tel échec, un monde un peu plus dénué de repères, ne contenant plus aucun interdit, plus aucune grâce. L‘équilibre remis en cause. (…) Bientôt, les animaux sauvages n’auront plus aucune valeur, leur nom ne se référera à rien de vivant, de concret. Une extinction majeure qui, peu de temps après, rendra la vie impossible, et si nous sommes le dernier échelon, il ne faut pas se tromper, nous ne serons pas immortels pour autant.
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Demain le groupe fera ce qu'il sait le mieux faire. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à chasser, jusqu'à ce que l'espace qui les entoure soit vide ou que les hommes décident que l'ivoire n'a aucune valeur.
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En Afrique du Sud, de nombreux fermiers ont récemment délaissé leurs troupeaux de bœufs au profit de centaines de rhinocéros qu'ils bourrent de produits chimiques en attendant la fin du moratoire sur la vente de cornes. Ils ont créé l'association des propriétaires privés de rhinocéros, la PROA, et, comme on cueille des agrumes, comme on ramasse du coton, comme on fauche du blé, ils font leur récolte. Tous les deux ans, ils coupent à la scie électrique les cornes, qui repoussent, et les entreposent dans des chambres fortes qui bénéficient des meilleurs systèmes de sécurité. Certains en ont plus de cinq tonnes. Si les bêtes ne souffrent pas, elles sont confinées dans de petits espaces alors qu'elles réclament l'immensité pour vivre et pour se reproduire.
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Vingt millions d'éléphants avant la colonisation européenne, encore un million en 1970, et aujourd'hui, la queue de peloton qui s'effrite inexorablement. L'état de confusion dans lequel nous nous sommes laissé prendre. Que se passera-t-il quand il n'y aura plus un seul éléphant, quand nous aurons vidé l'espace autour de nous ?
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Ce monde, qu'on avait qualifié de sauvage, devait rester ainsi et ça impliquait de sauvegarder les espèces qui, justement, le rendaient sauvage. Dépourvu de ses lions, de ses éléphants, de ses rhinocéros, de ses propriétés, ce ne serait plus qu'un champ brulé, qu'une savane qui n'aurait d'exotique que son nom et l'imaginaire auquel il renvoie.
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La nuit tombe. Les défenses saignent encore. Un campement est monté. On leur a enseigné à ne pas craindre les gardes, même s'ils préfèrent les éviter. La Garamba est géré par l'African Parks, ce serait un combat violent. Dans les poches, des couteaux attendent de se planter quelque part.
Un feu est allumé. Des prières s'élèvent dans un ciel presque muet. Des morceaux de viande grillent, ça sent bon. Demain, le groupe fera ce qu'il sait le mieux faire. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à chasser, jusqu'à ce que l'espace qui les entoure soit vide ou que les hommes décident que l'ivoire n'a aucune valeur. (...)
Ils savent à peine où les défenses vont, ils se contentent de suivre le mouvement imposé. Ils ignorent pourquoi il leur en faut un si grand nombre, ils entendent dire que grâce à ça ils déstabilisent un monde que d'autres ont établi. Ils vont gagner quelques dollars, et après ? Sont-ils prisonniers de ce trafic ? Ce qui est sûr, c'est que s'ils devaient arrêter ils ne sauraient où aller ni quoi faire. L'histoire, dénuée de perspectives.
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Tant que l'homme pense que ses faiblesses peuvent être compensées par de la bile, du foie, des pattes, des griffes, qu'il lui suffit de consommer ou d'accumuler des parties animales pour guérir ou pour exister, tant que les pays consommateurs de cornes, d'écailles et autres produits issus de la faune sauvage ne décident pas d'interdire ces pratiques et de les condamner, le braconnage prospérera toujours plus.
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