Le mouvement de marquer sa page, lors que la mort semble consentie, ouvre tout grand le chemin du retour.
Le succès est tel que chaque quatrain gagne ipso facto une vie éternelle. Omar Khayyam salue, et se retire sur la pointe des pieds. Il se détend. Lui qu'on prétend du dehors si rugueux et brusque dans ses manières découvre un visage radieux, un oeil vivace et disponible. Le regard qu'il porte sur la fête, comme en toute autre circonstance, est un sexe tendu. Un regard virulent, plein d'éveil et du sens du sortilège. Un regard hasardeux, quelque peu borné, de vision latérale.
Quand la nuit tombe, que s’activent les serveuses, que les musiciens s’installent, Omar Khayyam trouve dans le vin tout le tonus qu’il faut pour retenir l’attention générale.(...) Il a le goût du chant, de l’esclandre
La journée, les jardins composent un paysage favorable aux rendez-vous et très propice au recueillement. Les kiosques qu'on aperçoit sur toutes les places de la ville font office de débits de boisson. Le vin des amis qu'on visite permet de parfaire une imprégnation savante et méticuleuse. D'autres coins plus précis, investis d'humeurs plus personnelles, Omar Khayyam ne nous a rien laissé, comme un pressentiment du cours du temps : Nishapour fut dévastée en 1151 par les tribus turques Oghuzz, huit cents ans après avoir essuyé un effroyable tremblement de terre.
Personne ne s’y méprit. Toute la ville s’en trouva bouleversée. Nishapour venait de découvrir un trésor d’infinies potentialités érotiques