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EAN : 9782226249807
168 pages
Albin Michel (21/08/2013)
2.5/5   14 notes
Résumé :
A la suite d'une arrestation pour conduite en état d'ébriété, un libraire se retrouve enfermé avec Guy Debord, le célèbre mais mystérieux philosophe, qui pourrait être son double.Obsédé par le personnage, il s'engage dans une curieuse enquête qui va changer sa vie.Et si c'était en fait le secret de sa propre existence qu'il révélait en traquant celui de son modèle?
Drôle, alerte et brillant, ce roman de Jean-Yves Lacroix, traducteur de Melville, E.E Cummings ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une lecture très appréciée... pour deux raisons: le sujet en soi, assez insolite... mettant en parallèle l'existence et les questionnements , à partir d'une rencontre fortuite, de l'auteur avec Guy Debord, de ce dernier et de l'écrivain, Jean-Yves Lacroix, libraire spécialisé en livres anciens.

[Je n'avais pas fait le lien en choisissant par hasard ce roman à la Librairie Tschann, à Montparnasse. Ayant travaillé plusieurs années comme catalographe en livres anciens, j'ai reçu et lu des années durant les catalogues de livres rares rédigés par ce libraire...à l'enseigne de "La Palourde"...]


J'ai fait cette parenthèse pour expliquer le double plaisir à cette lecture: le récit de l'auteur quant à sa vie, étrangement parallèle à celle de Guy Debord pour lequel Jean-Yves Lacroix se passionne, s'interroge...enquête. Dix ans à faire des rencontres , des recherches, des acquisitions, la rédaction de catalogues thématiques tournées vers ce philosophe hors-norme, contesté, aux nombreuses zones d'ombre... ayant laissé moult questions, et mystères, après son suicide.

Un style alerte, coloré, où l'auteur-libraire décrit à la fois sa fascination envers Guy Debord, ses rencontres liées au philosophe: sa veuve, l'un de ses amis, le philosophe Raoul Vaneigem possédant des archives, et des documents. Sans oublier le récit parallèle de ses propres démons, dont les cures de désintoxication, et ces périodes de retrait, où il fuit sa librairie, ses clients…

Quelques passages retenus, qui donnent un aperçu de la progression de ce roman très personnel...que chaque lecteur peut recréer à sa convenance selon ses préférences...la personnalité de Guy Debord, dont on apprend quelques éléments , mais sans plus... le parcours intime de l'auteur, ou l'univers si particulier des libraires d'ancien, leurs usages, leurs compétences, leur quotidien...ou l'ensemble entremêlé...

"J'avais oublié la suggestion de Guy Debord: garder un oeil ouvert sur la presse, mais certains êtres, sitôt entrés dans notre vie, se rappellent à nous avec tant d'insistance, tant de science du détail et des choses troublantes qu'on finit par comprendre qu'ils s'y tenaient depuis toujours enfouis. Je ne connaissais pas le nom de Guy Debord et il a suffi de l'entendre prononcer une fois pour que se découvre à mes pieds, dans l'espace de mes bras, une région encore inconnue de moi-même. (p.18)

..."Quant à mon enquête...Les libraires savent toujours tout sur tout, n'est-ce pas, ils en deviennent agaçants, qu'appellent-ils au juste "savoir" ? Un mélange de ce qu'ils connaissent effectivement, de ce qu'ils croient savoir, et du reste qu'ils ignorent. (p.46)
Aucun d'entre eux n'avait fréquenté Guy Debord, ni ouvert un de ses livres ou une des brochures du mouvement, mais tous, avec des airs entendus, m'abreuvaient d'anecdotes et de traits idolâtres"

Le deuxième plaisir m'a été, de pénétrer à nouveau dans les arcanes mouvementées du monde du livre ancien, des marchands, des acquisitions qui engrangent des aventures mémorables et agitées…où l'argent reste au coeur des successions ou des possessions, la rédaction des catalogues, l'accueil imprévisible des collectionneurs à leur parution…de multiples anecdotes, digressions sur ce métier de libraire d'ancien, que Jean-Yves Lacroix exerce à sa manière unique , fantasque , érudite et passionnée.

Ce roman fortement autobiographique est prenant, allègre, mordant, vivant, avec ses zones sombres, offrant un autoportrait de l'auteur à travers une sorte de double choisi : Guy Debord…homme des excès, mélancolique, pris par l'alcool, les femmes, la drogue.

« Mon commerce a très vite pâti de ce nouvel emploi à l'hôpital. Les neuroleptiques rendaient mon élocution difficile et m'inclinaient à fuir la compagnie des clients. Je me souviens aussi de l'humiliation ressentie à la sortie de ma traduction de –Bartleby – quand, au lieu des dédicaces qu'on me réclamait avec civilité, je rendais mes pâtés de loque. En maintes occasions, surtout, je me suis perdu aux yeux des hommes. (p.117)

J'ai lu avec plaisir et curiosité ce texte ,en une soirée…Intriguée, j'ai envie de découvrir de cet écrivain, sa biographie romancée d'Omar Khayyam , « le Cure-dent »
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Qui était Guy Debord, le fondateur de l'Internationale situationniste, ce courant libertaire des années 70 tombé, avec son fondateur, dans un oubli profond, sauf la mémoire de certains gauchistes nostalgiques, ou quelques proches du comploteur en chef ? En menant une enquête, un libraire marchand de livres anciens, de parchemins et de manuscrits, va découvrir les parts d'ombre de cet homme qui lui ressemble étrangement. On tombe alors dans l'absurde kafkaïen où le chercheur et le sujet de sa recherche fusionnent, ce qui est d'autant plus facile que les deux ont une compétence à absorber des litres et des litres d'alcool facilitant cette métamorphose. Oui, mais le problème c'est que lecteur ne suit pas forcément, s'ennuie dans cette déroutante narration qui manque de sens, et s'estime avoir été piégé par un sujet racoleur (Guy Debord est un bon sujet, son mouvement était un des derniers grands défis sociétaux du XXème siècle) traité au seul avantage du narrateur.
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Naturellement, je n'aurais probablement pas choisi ce texte dans la rentrée Albin. D'abord, parce que c'est un roman français, un premier roman (puisque le précédent était un récit) et que je crains hautement ces bestioles qui pullulent autour de nous en janvier, les premiers romans français à la première personne du singulier qui décrivent autour de l'ombilic de leurs auteurs des circonvolutions qui sont fort éloignées de mes préoccupations de lectrice, et ensuite parce que ça parle de Guy Debord et que, franchement, la philosophie, la politique, le situationnisme… Ce n'est pas vraiment pas tasse de thé. Pourquoi l'avoir finalement choisi, me direz-vous ? Mais parce qu'on me l'a conseillé, et que je me suis lancée à partir de ce mail qui disait en substance « j'étais pas partie pour aimer, j'ai adoré, il faut le lire, ah, lisez-le ». L'enthousiasme de certaines personnes sonne creux, j'en conviens. Mais ce « lisez-le », tout simple, qui ne cherche pas à vous faire comprendre pourquoi vous allez aimer, pourquoi c'est génial, mais qui vous invite tout simplement à une expérience de lecture dont vous sortirez changé, ce « lisez-le » je ne sais pas y résister. Donc je l'ai lu.

Arrivée à ce moment-là vous ne savez pas bien si j'ai aimé ou pas, et en fait moi non plus. Enfin, si, je sais, j'ai beaucoup aimé, mais je crois que j'ai envie de juste vous dire « lisez-le » parce que je ne sais pas bien pourquoi j'ai aimé. Certaines choses m'ont agacée, entre autres dans la description du monde de la librairie d'ancien mais c'est une simple querelle, comme toujours, des anciens et des nouveaux, d'autres m'ont enthousiasmée, je n'ai probablement pas tout compris mais j'ai suivi le personnage avec une fascination certaine, j'en ai appris un peu plus sur Guy Debord, j'ai peut-être compris un peu plus la fascination de certains pour les autographes et les exemplaires anciens. C'est pas mal, pour un si petit bouquin …
Lien : http://www.readingintherain...
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de masse critique, et j'avoue avoir eu du mal à m'y mettre...Je l'ai ouvert, puis refermé, puis réouvert, jusqu'à ce qu'il me tombe des mains!

Je ne dois pas être la lectrice cible, je ne me suis intéressée ni à l'histoire ni à la forme de l'écriture, plutôt élitiste. le résumé ne semblait pas dépourvu d'humour et Guy Debord un bonhomme plutôt sympathique...Hélas, je me suis vite lassée des tournures ampoulées et du manque de rythme dans la trame.

Tant pis, ce n'était pas pour moi cette fois-ci!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Seul, depuis quinze jours, au fond de cette campagne, la canicule m'écrase, je garde la maison. Le dos tourné à l'été, le buste penché au-dessus du sol, entre les flaques de lumière qui coulent des volets, j'observe mes pieds battre les tommettes sans que je leur aie rien ordonné. J'ai la pulpe des doigts parcourue de décharges électriques, dans la bouche un goût de foin et de métal rouillé, je n'ai jamais autant pompé sur mes Dunhill. Autour de moi, dans la fumée, je vois les ombres lentement monter.
Pour parfaire mon abrutissement, le plus clair de mon temps, je m'oblige à compter. Pas seulement à dénombrer mes symptômes et à établir les moyennes horaires de tout ce que je fais, mais encore à compter sans limite, par simple mécanique, comme un automate qui se lancerait à la poursuite de l'infini. Quand il m'arrive de quitter mon fauteuil, c'est pour m'asseoir au volant de la voiture ou bien monter à l'étage rejoindre la chambre à coucher. À dire vrai, je prends mon seul exercice en poussant un chariot rempli de bouteilles d'eau dans les allées du supermarché. Le dimanche, je m'accorde deux heures de conduite sur les départementales du Lot ; j'ai beau filer droit, chercher la tangente, toujours je tourne en rond.
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Rien dans l'art ne m'a paru donner cette impression de l'éclat sans retour comme la prose que Guy Debord a employée dans les pages qu'il consacre à la manie de l' alcool. En suivant avec lui le chemin des orphelins, j'ai découvert le relief, l'intensité de couleurs, le vrai goût des choses; à la lumière des éclairs , les hautes heures de l'esprit. (p. 62)
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[Guy Debord]
Il avait quatre ans quand son père est mort, et son beau-père le vissait. Il disait que son seul héritage, comme les vrais orphelins, il l'avait trouvé dans les livres et les vieilles pierres de nos villes. A force de se promener, en buvant beaucoup, il avait découvert l'art d'enchanter les lieux. (p.96)
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Je n'ai jamais su comment les gens font pour aller au boulot le matin, pour se lever, pour supporter sans s'effondrer ce qu'on attend d'eux dans le temps d'une seule journée. Pour s' accommoder, sans broncher, du boulet de la raison quotidienne. (p. 85)
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Une vraie loterie. Pendant des mois le libraire achète, il retient la sauce, il lèche ses notices, et quand le catalogue arrive dans les boîtes aux lettres, en deux, trois jours au téléphone, bonne ou funeste, la messe est dite. (p. 65)
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