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Critique de MadameTapioca


La réédition d'un polar américain écrit dans les années 1950 ? J'achète !
Par une maison d'édition que je n'ai jamais lu ? J'achète doublement !

C'est sous le pseudonyme de Ed Lacy que Leonard Zinberg publie en 1957 cette enquête du détective privé Toussaint Marcus Moore. Un détective particulier à plus d'un titre. D'abord parce qu'il est considéré comme le premier détective de fiction noir. Ensuite parce que ce job, il ne l'a pas choisi par vocation mais simplement parce que en tant qu'afro-américain (bien que diplômé, ancien combattant et décoré) les possibilités de job sont très limitées. Il tente donc, tant bien que mal, de gagner sa vie au service de clients noirs dans son Harlem natal.
Pourtant un jour c'est une femme blanche qui vient lui proposer une mission. Elle travaille pour une émission de téléréalité et le charge de suivre un homme qui va rapidement être assassiné. Moore est le premier à trouver le corps et fait évidemment un suspect idéal. Afin de prouver son innocence et identifier le véritable coupable, il va devoir fuir New York et se rendre dans une bourgade paumée de l'Ohio où les Noirs ont leur quartier et leurs commerces réservés, car « la loi ne prime pas sur la coutume ».

L'intrigue est simple et éprouvée dans de nombreux romans policiers : un détective privé solitaire, un innocent en fuite et une énigme à résoudre pour se sortir de ce traquenard. Mais l'auteur combine magistralement des tropes classiques avec les problèmes raciaux des années 1950. Il contraste son voyage aux confins de l'Amérique de Jim Crow avec le milieu hypocrite des intellectuels new-yorkais qui veulent désespérément être considérés comme des esprits ouverts. Il critique également le manque de moralité de l'industrie de la télévision et du divertissement, prête à laisser un criminel endurci en liberté pour attendre le moment opportun de le dénoncer, pour faire un coup de pub. En résumé, d'un Etat à l'autre, d'un milieu social à l'autre, Ed Lacy flingue ses contemporains avec une grande acuité sociale.

Couronné en 1958 par le prix Edgar Allan Poe, ce roman noir « vintage » m'a, sans surprise, beaucoup plu mais sa seconde qualité c'est qu'il me donne furieusement envie d'en savoir plus sur l'auteur. Juif, communiste, marié à une noire, collaborateur du New Yorker, victime du maccarthysme, sa vie m'a tout l'air d'être un roman.
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