C'est mon troisième livre de Dany Laferrière , à ce jour, j'ai adoré le style, mais là, avec le livre qui a fait son succès, je frappe un mur. Paru en 1985, pas certain qu'aujourd'hui il aurait eu le même accueil critique qui a bâti son succès. D'abord, le contexte, au Québec le mot en "N" fait actuellement débat, le titre aurait probablement été diffèrent s'il avait été écrit de nos jours. de plus, ce ne sont pas tant les descriptions croustillantes des scènes de sexe qui pourraient choquer que le monde binaire que l'auteur a créé et qui suscite en moi un inconfort. En effet, il n'y a dans cette binarité que deux types personnages: le mâle alpha (Le nègre selon les termes de l'auteur ) avec un prénom bien identifiable, et les jeunes femelles bourgeoises blanches naïves assoiffées de sexe anonyme (Miss littérature, Miss suicide...). Les fondements du narratif sont posés, le reste est une répétition de situations croustillantes et fantasmées. C'est cette réduction des stéréotypes des personnages qui me rend perplexe, pourquoi pas des femmes mûres, ou asiatiques ou noires dans le décor fantasmagorique? Tout porte sur un rapport raciale de domination homme-femme, où la femme est systématiquement blanche jeune et de milieu aisé. Bien entendu, "Elles" sont les proies provocatrices et eux les chasseurs involontaires qui donnent à manger et à boire aux bêtes affamées et assoiffées. Trop facile, délirant ou crédible? Les chasseurs ne ciblent que des proies de la même espèce, est-ce par goût ou par vengeance interposée de la traite négrière sur le blanc colonisateur ? Je ne sais si Laferriére a voulu provoquer ou simplement dénoncer la bourgeoisie blanche Montréalaise en quête d'aventure et d'évasion. Dans tous les cas, ce récit peut choquer certains, dans mon cas, je n'y vois rien de particulièrement original, l'histoire est un mélange "d'Alexandre le bien heureux" et de "J'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian. Voilà, c'est croustillant sans plus.