Citations sur Cam : Policière sans limites (17)
Petits os, petites mains, pour dodo, pour demain.
Plutôt que de répondre à son signe de solidarité, elle se tourna vers lui. Ses prunelles baignaient dans des larmes trop timides ou orgueilleuses pour se laisser aller, mais Marois voyait à son regard que cette femme ne se laisserait pas noyer par le chagrin.
Qu’ils le veuillent ou non, ils étaient à présent liés par le destin de leurs enfants.
La vérité, c’est que celui qui détient ton fils et ma fille n’a personne pour prendre sa relève, lui. Et pour cette raison, il reste vigilant et alerte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il ne perdra pas son objectif de vue.
Philippe Boudrias n’était pas à proprement parler un excellent sergent-détective. Il n’était pas particulièrement mauvais non plus. Il aimait croire qu’il accomplissait son boulot comme la moyenne. Il n’aurait jamais l’occasion d’être promu au rang de lieutenant, il le savait ; mais il estimait correspondre néanmoins à l’image du policier que la population requiert. Conciliant, compréhensif, souriant : Boudrias croyait au slogan protéger et servir, il l’endossait en même temps que son uniforme chaque jour. Lui et Cam s’étaient connus par hasard, à une autre époque. Ils avaient fait équipe une fois ou deux, puis Cam avait vite été promue au sein du Groupe tactique d’intervention, en raison de ses capacités exceptionnelles au tir de précision. Ils avaient néanmoins eu le temps de faire connaissance. Ils ne s’étaient pas fréquentés d’un point de vue amoureux, mais allez dire cela à leurs corps, qui s’étaient trouvé quelques accointances. Boudrias était joli garçon, et il était impératif que son sourire ne s’approche jamais des glaciers de l’Arctique.
Elle n’avait rien perdu de la dégaine qui faisait d’elle la policière la plus convoitée par la gent masculine au sein de la division montréalaise de la Sûreté du Québec, à l’époque, mais aussi la plus décriée par ses collègues du même sexe. Cam n’avait jamais joué le jeu de la solidarité féminine. Si elle avait été engagée, c’était pour ses compétences, pas pour satisfaire un quota ni permettre à un supérieur de cocher les cases des attentes correspondant à la rectitude politique.
La porte verrouillée leur laissa croire à un drame causé par les habitants de cette maison, à moins qu’un meurtrier ait pris soin de fermer à clé avant de partir. Quelqu’un avait peut-être provoqué le carnage dans l’annexe avant de s’occuper du résident du bungalow.
Ou des résidents : Cam remarqua sur un mur la photo de famille de deux parents avec leur fille.
Les réflexes sont aussi tenaces que les souvenirs, confortablement inscrits au fond de soi. Cam attrapa le poignet de son agresseur et appliqua juste ce qu’il fallait de pression pour le terrasser, coincé dans une clé de bras. Il maugréa, se débattit comme un forcené, mais les années que Cam avait consacrées au krav maga lui donnaient l’avantage. Marois semblait à l’aube de la soixantaine, et malgré un bon gabarit, il avait l’air un peu lourdaud.
Ma fille se trouve quelque part où personne ne l’a encore vue, ragea Rico. Vous savez comment ça se passe, dans le milieu ; vous êtes une ancienne, comme moi. Les flics vont cuisiner Sarmino. Il va se fermer comme une huître. Le temps va passer, et Alexandra va continuer à souffrir.
Elle était un lapin pourchassé par un prédateur féroce, dont les dents écumantes étaient celles – elle les reconnaissait bien – qui apparaissaient sur la cagoule de son ravisseur.
Jamais l’homme qui la tenait captive ne venait lorsqu’elle le réclamait. Il apparaissait plutôt quand il en sentait le besoin. Il l’observait brièvement, lui servait à boire et à manger, puis repartait. Il portait une cagoule qui effrayait Alexandra : les trous pour les yeux étaient cerclés de rouge – comme un trait sanguinolent –, et ne se trouvaient pas à la même hauteur. À la place de la bouche, la cagoule arborait le dessin d’une gueule ouverte sur des crocs dégoulinants d’écume.