Dopés par ses cris d‛encouragements, nous prenons immédiatement de la vitesse. En tête, je mène la danse. Derrière moi, mes « swing dogs » suivent sans forcer. Quant aux « wheel dogs », eux courent consciencieux, appliqués, la tête continuellement baissée, pour garder l‛allure. Bientôt le traîneau de Sam n‛est plus qu‛un lointain souvenir.
Mais la réalité nous rattrape soudain. Absorbé par la course, j‛ai failli de ne pas le remarquer : ce sifflement si caractéristique. Un premier obus dans les sapins à droite de la piste. Aussitôt, Germain saute en bas du traîneau et court à côté. Il nous rattrape et puis nous dépasse. Mais voilà qu‛un autre bruit se fait entendre : celui d‛une mitrailleuse. De la neige mêlée à de la terre et des éclats de bois fusent de toute part. Pas le temps de réfléchir, Germain renverse le traîneau et se laisse traîner dans la neige pour freiner. Le traîneau s‛immobilise. Nous nous plaquons au sol pour éviter de nous faire massacrer.
Aussi soudainement tout s‛arrête. Plus d‛obus, plus de mitrailleuse. Ce devait être notre jour de chance : aucun des attelages ni des conducteurs n‛a été touché.