AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mimimelie


« Bio-objets » quèsaco ?
Il s'agit d'un concept d'un sociologue britannique Andrew Webster pour désigner les matériaux d'études particuliers que sont les cellules souches, embryons, gamètes, bactéries…. cultivés en laboratoire, cad in vitro, où ils sont isolés, stockés, cultivés, manipulés, modifiés, congelés, décongelés, et conservés en vie en vue d'usages multiples.

On pensera d'emblée évidemment à la fécondation in vitro, comme le dit l'auteure : « Les embryons in vitro représentent l'exemple parfait d'un bio-objet. Leur ambiguïté ontologique, à la fois personne potentielle et source de promesses thérapeutiques, leur autonomie relative – ils peuvent être implantés indifféremment dans une mère génétiquement liée ou dans une mère porteuse –, ainsi que leur très grande plasticité en font le symbole même de l'âge du contrôle biologique »
Ainsi, ai-je lu par ailleurs que plus de 7 millions de personnes dans le monde seraient nées d'une fécondation in vitro, c'est dire l'ampleur du processus de bio-objectivation rien que dans ce domaine qui est loin d'être le seul domaine de la recherche biomédicale.

Pour le quidam que nous sommes nous ne sommes pas en mesure de percevoir l'ampleur et la profondeur de ce phénomène que nous entrevoyons uniquement par les promesses d'espoir qu'il suscite entretenues par une presse qui parfois nous laisse entendre que nous allons bientôt guérir toutes les maladies et vaincre les affres du vieillissement….

Il n'en demeure pas moins que ces objets technoscientifiques, mi-objets, mi-vivants semblent proliférer et représentent une part conséquente de la recherche qui, dirons-nous, surfe sur cette promesse ne serait-ce que pour attirer les investisseurs, l'auteure du reste aborde dans son ouvrage la logique productiviste qui se cache derrière cette industrie.

Or, la manipulation en toute invisibilité si on peut dire, de ces « objets » qui, pouvant croître et se reproduire, possèdent les caractéristiques du vivant, pose et transforme, selon l'auteure, notre rapport au vivant. « Devenue banale par le fait de sa normalisation, la culture cellulaire a transformé la façon de concevoir le corps humain et le vivant dans son ensemble » nous dit-elle. Il ne s'agit pas pour autant de nier une certaine utilité de ces pratiques, mais son propos est de nous alerter sur cette production exponentielle de bio-objets en laissant de côté la question de notre rapport au vivant et à nous-même.

Un livre très dense et d'une lecture assez fastidieuse mais passionnante, notamment son chapître IV concernant la « bio-impression » dont j'ignorais totalement l'existence.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}