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EAN : 9782021375497
336 pages
Seuil (04/03/2021)
3.75/5   2 notes
Résumé :
À l'heure où l'on s'inquiète de l'avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À mi-chemin entre le biologique et l'artificiel, les bio-objets sont les descendants des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Dotés d'une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés.

En quoi leur produ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Bio-objets » quèsaco ?
Il s'agit d'un concept d'un sociologue britannique Andrew Webster pour désigner les matériaux d'études particuliers que sont les cellules souches, embryons, gamètes, bactéries…. cultivés en laboratoire, cad in vitro, où ils sont isolés, stockés, cultivés, manipulés, modifiés, congelés, décongelés, et conservés en vie en vue d'usages multiples.

On pensera d'emblée évidemment à la fécondation in vitro, comme le dit l'auteure : « Les embryons in vitro représentent l'exemple parfait d'un bio-objet. Leur ambiguïté ontologique, à la fois personne potentielle et source de promesses thérapeutiques, leur autonomie relative – ils peuvent être implantés indifféremment dans une mère génétiquement liée ou dans une mère porteuse –, ainsi que leur très grande plasticité en font le symbole même de l'âge du contrôle biologique »
Ainsi, ai-je lu par ailleurs que plus de 7 millions de personnes dans le monde seraient nées d'une fécondation in vitro, c'est dire l'ampleur du processus de bio-objectivation rien que dans ce domaine qui est loin d'être le seul domaine de la recherche biomédicale.

Pour le quidam que nous sommes nous ne sommes pas en mesure de percevoir l'ampleur et la profondeur de ce phénomène que nous entrevoyons uniquement par les promesses d'espoir qu'il suscite entretenues par une presse qui parfois nous laisse entendre que nous allons bientôt guérir toutes les maladies et vaincre les affres du vieillissement….

Il n'en demeure pas moins que ces objets technoscientifiques, mi-objets, mi-vivants semblent proliférer et représentent une part conséquente de la recherche qui, dirons-nous, surfe sur cette promesse ne serait-ce que pour attirer les investisseurs, l'auteure du reste aborde dans son ouvrage la logique productiviste qui se cache derrière cette industrie.

Or, la manipulation en toute invisibilité si on peut dire, de ces « objets » qui, pouvant croître et se reproduire, possèdent les caractéristiques du vivant, pose et transforme, selon l'auteure, notre rapport au vivant. « Devenue banale par le fait de sa normalisation, la culture cellulaire a transformé la façon de concevoir le corps humain et le vivant dans son ensemble » nous dit-elle. Il ne s'agit pas pour autant de nier une certaine utilité de ces pratiques, mais son propos est de nous alerter sur cette production exponentielle de bio-objets en laissant de côté la question de notre rapport au vivant et à nous-même.

Un livre très dense et d'une lecture assez fastidieuse mais passionnante, notamment son chapître IV concernant la « bio-impression » dont j'ignorais totalement l'existence.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
À l’aube du XXIe siècle, l’idée même de nature est devenue un concept dépassé, emporté par la déconstruction technoscientifique. Elle s’est mutée en un environnement artificialisé au sein duquel les contrecoups de l’action humaine sont désormais hors de contrôle. Pendant que la banquise fond et que les changements climatiques sont devenus inéluctables, nous poursuivons néanmoins le rêve de pouvoir enfin nous échapper des contraintes de la vie organique et de renverser les effets du temps en refaçonnant nos corps devenus les prothèses de nos identités libéralisées.
Face aux avancées biomédicales qui tendent à nous faire croire que nous sommes dorénavant les ingénieurs de nos propres vies, la bioéthique libérale se révèle impuissante à saisir les enjeux relatifs à la complexité du vivant tant elle reste imprégnée du mythe d’un sujet autonome détaché du monde.
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... les cellules, qu’elles soient d’origine humaine ou animale, sont traitées comme des outils essentiels à la recherche et leur usage favorise une redéfinition constante des potentialités du vivant. Ainsi, la catégorie « cellule » devient plus déterminante que la catégorie « humain » dans l’orientation de la recherche. Autrement dit, l’origine humaine des cellules n’implique pas nécessairement un traitement différencié au sein du laboratoire, où elles constituent une simple ressource
biologique.
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Frappant d’emblée l’imaginaire, le projet d’imprimer des tissus humains, voire éventuellement des organes à des fins d’expérimentation, de traitement ou de greffe, constitue l’un des exemples les plus saisissants de la redéfinition des frontières corporelles portée par l’innovation biotechnologique
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Moi, je vois toujours qu’il y a un patient derrière. Donc, je sais que ça a appartenu à quelqu’un, ces cellules. Même si, quand on en fait quelque chose de totalement différent, on a tendance à oublier un peu que ça vient de quelqu’un.

Sophie, chercheuse en bio-impression
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