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Citations sur Juger (12)

Le juge est très généralement un bourgeois, fils de bourgeois, qui a dès le plus jeune âge reçu une éducation élitiste. Il a été soumis à une instruction sélective, il a triomphé de certaines compétitions, il est donc à la fois un produit de la sélection et un homme sélectionné dans son idéologie, son caractère et son métier.
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Le programme d'une diminution de la quantité de violence impose d'établir un diagnostic des cadres étatiques et de se demander : enrayent-ils réellement le cycle de la violence ou représentent-ils aussi, d'une certaine manière, une réponse violente à la violence, qui s'ignore comme telle et qui s'accomplit au nom de la raison et de la Loi ? Et, si tel est le cas, comment envisager une façon plus rationnelle de penser le système du jugement ?
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Le sociologue Nils Christie n'a pas tort de dire que, à travers la logique pénale, l'Etat nous vole. Ou, mieux, il vole les individus de leurs conflits : lorsqu'un antagonisme privé surgit, lorsqu'une agression a lieu, l'Etat les fait siens. Il exproprie les parties du conflit dans lequel elles étaient prises. Il expulse la victime et se pose comme la victime; il impose ses catégories juridiques, ses modes de perception, ses qualifications ; et il détermine un mode de règlement que les deux parties sont contraintes d'accepter, auquel elles doivent se soumettre, indépendamment de leur volonté. Ce mode de règlement (procédure, peine, etc.) peut déplaire aux deux parties. Il rend impossible le déploiement d'autres logiques, comme celles du pardon, de la réparation, de l'entente, qui laisseraient aux acteurs la possibilité de négocier eux-mêmes la sortie du conflit -et peut-être surtout de définir par eux-mêmes ce que , « sortir de ce conflit » signifierait. La justice pénale implique que l'Etat accapare les conflits privés et dépossède les acteurs d'une capacité de négociation et de détermination des « sanctions » selon leurs propres termes, leur propre volonté, leurs propres « besoins ». Christie décrit ainsi les avocats et les juges comme des « voleurs professionnels », et les catégories juridiques comme des instruments de dépossession de notre expérience par l'État.
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L’État pénal crée deux crimes là où il n’y en avait qu’un: l’un contre la victime, l’autre contre l’État.

[...]

Pourquoi faudrait-il, lorsque je vole quelque chose, que, en plus de la réparation à ma « victime », je doive payer quelque chose à l'Etat et passer du temps en prison ? Quel est l'intérêt de cette part rituelle de la sanction ? Quelle est la réalité du dommage à l'Etat ? Pourquoi ajouter de la peine à la peine ?
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La peine se dirige vers le crime. C'est seulement parce qu'elle ne peut l'atteindre en lui-même qu'elle rebondit sur un substitut du crime.

[...]

La blessure exige de punir quelqu'un, et la construction du droit pénal et l'institution de la Justice découlent de cette exigence. Ce n'est pas parce qu'un individu est vu comme responsable qu'on veut le punir. C'est parce qu'on veut punir, qu'on veut faire souffrir, que l'on désigne quelqu'un comme responsable : « Pendant la plus longue période de l'histoire humaine, on n'a nullement puni parce qu'on tenait le malfaiteur pour responsable de son action, donc pas du tout en supposant que seul le coupable doit être puni : -non, comme le font encore aujourd'hui les parents avec leurs enfants, on punissait par colère, du fait qu'on avait subi un dommage. » [la citation est tirée de "La généalogie de la morale" de Nietzsche]
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L’enjeu n'est pas de savoir ce que le juge dit, mais ce qu'il fait ; et ce qu'il fait, objectivement, c'est blesser. Juger, c'est infliger une violence. Toute interprétation juridique inflige une souffrance aux individus auxquels elle s'applique, que ce soit en les emprisonnant, en leur retirant leurs biens ou en les tuant.

[...]

Comment expliquer l'étrange capacité dont dispose l'Etat à faire passer ses actions violentes pour non violentes, et le fait que nous ne ressentions pas ces actions pour ce qu'elles sont ?

[...]

La violence de l'Etat est perçue comme une contre-violence, une violence contre la violence, grâce à laquelle se maintiennent la paix, la coexistence, l'unité politique, contre la guerre, l'anarchie et la dissolution politique. Certes, il s'agit d'une violence, mais ce serait une violence pacificatrice. Dès lors, cette violence n'est pas perçue comme discutable, n'est pas interrogée comme telle, n'est plus problématisée comme réalité critiquable, transformable, diminuable. La finalité de la violence de l'Etat est perçue comme allant de soi, ce qui l'immunise contre la critique.
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Il y a des usages de la notion de « collectif » qui libèrent, assurent, protègent. Mais il y en a d'autres qui aliènent, exercent des contraintes, mutilent, répriment. La plupart font tout cela en même temps. Il n'y a pas beaucoup de sens à être « pour » ou « contre » la destruction ou la construction de collectifs. Il faut s'interroger, chaque fois, sur les effets de l'inclusion et de la création de dispositifs de socialisation et d'appartenance.
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Excuser ne relève pas d'un principe de générosité, mais d'un principe de réalité.
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Il faut accepter de dire de l'État non pas qu'il « condamne à mort », mais qu'il assassine ; non pas qu'il arrête des individus, mais qu'il les « enlève » ; non pas qu'il les emprisonne, mais qu'il les séquestre ; non pas qu'il leur inflige des amendes, mais qu'il les « dépouille ».
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Contrairement à ce que met en avant une bonne partie de la théorie politique, être un sujet de droit, ce n'est pas, d'abord, être un sujet protégé, sécurisé. C'est avant tout être un sujet jugeable. C'est être emprisonnable, arrêtable, condamnable.
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