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Citations sur Penser dans un monde mauvais (4)

Mais ce n'est pas parce qu'une question n'est pas explicitement posée qu'elle n'est pas présente, dans les têtes. Elle peut être là au contraire, elle peut rôder et hanter les consciences, mais elle est
réprimée. Des techniques individuelles et collectives sont mises en place pour l'esquiver, afin de pouvoir continuer sa vie comme si de rien n'était, et l'on s'invente des raisons - que souvent d'ailleurs le monde social nous offre et tient à notre disposition - pour se persuader qu'il est bon que les choses continuent à être comme elles sont.
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Edouard Louis déclarait : « Les gens posent souvent la question : peut-on faire une grande œuvre littéraire qui soit raciste ? C'est une question qu'on pose beaucoup, et d'ailleurs, la plupart du temps, à propos de quelques œuvres de Céline. [...] Je ne prétends pas qu'on ne peur pas écrire de belles choses, de beaux passages dans un roman raciste, je dis que ça ne suffit pas, et même qu'au regard de ce que cela peut produire de violence, ça n'en vaut pas le prix. Il faudrait à la limite se saisir de la rationalité économique en termes de "coût" dans ce type de réflexion sur la littérature, et se demander : est-ce que quelques phrases bien écrites, une écriture originale, valent la perpétuation de la violence, la perpétuation des fantasmes racistes ? Il est clair que non. » Pourquoi plaider pour une évaluation éthique, et non purement interne, des biens symboliques est-il si difficile et délicat ? Sans doute parce que ce geste exige nécessairement d'adopter une position forte et provocante : il n'y a pas de valeur inconditionnelle à l'art et à la littérature. Leur valeur dépend de leur inscription dans un horizon politique et de leur participation à une entreprise émancipatrice.
Lorsqu'elles ne se donnent pas à elles-mêmes un tel projet, ces entreprises renoncent à la possibilité parfaitement légitime. Il n'y a aucune raison d'accorder à cette modalité de la pratique une évidence et une naturalité.
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J'ai bien conscience qu'en érigeant la politique et l'éthique en points de départ qui commandent tout, et en reprenant à mon compte l'idée de Horkheimer selon laquelle écrire et penser doivent viser non pas « à simplement accroître le savoir en tant que tel, mais à libérer l'homme des servitudes qui pèsent sur lui » (et en ajoutant que, si l'on dit autre chose, on décide de collaborer avec le monde), on peut avoir l'impression que je mets en question l'autonomie de la science, la valeur de la culture en tant que telle ou du désintéressement, et que j'applique aux activités symboliques un raisonnement instrumental ou utilitariste contre lequel elles ont conquis leur autonomie, les menaçant par là même.
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Le monde est injuste, il est mauvais, il est traversé par des systèmes de domination, d'exploitation, de pouvoir et de violence qui doivent être stoppés, mis en question et transformés.
[...]
Est-ce que notre activité contribue à l'élaboration d'un monde plus juste et plus rationnel et favorise la mise en place d'une pratique progressiste ? Ou est-ce que, par notre activité, nous participons, de fait, de la reproduction du système, nous collaborons avec lui, voire nous aggravons la situation ?
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