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Critique de philteys


Thierry Laget est spécialiste de Stendhal et de Proust et cela se sent dans sa prose ample, fluide et évocatrice. Quel plaisir de se laisser porter par son écriture stylée sans être pesante, par ses tournures qui effleurent le plus profond des choses tout en restant précises, ces mots et ses comparaisons choisies pour leur puissance illustratrice et parfois, onirique…
Regardez ce que Thierry Laget fait de la métaphore presque banale de feu du désir :
« Ce regard était fascinant comme la flamme d'une bougie qu'on observe sans se lasser, la lumière ayant le don de concentrer nos pensées, de les aider à s'extraire des limbes. Comme devant la bougie, nous retenions notre respiration, par crainte de souffler l'éclat qui irradiait, nous comblait de tendresse et de lucidité, et en même temps nous nous approchions insensiblement l'un de l'autre, selon la loi de l'attraction universelle, pour approfondir l'instant et nous brûler au feu couvant dans le regard de l'autre, si bien que nous aurions fini par l'éteindre et par nous embrasser si la voix du chauffeur n'avait pas brisé l'enchantement. »
On le comprend, l'auteur est un amoureux de la belle langue et nous fait partager cette passion.
Nous voici donc partis pour un voyage en huit étapes aux références multiples, chacune d'elle portant le prénom évocateur d'une femme. Huit étapes, le mot est erroné : il s'agit plutôt de huit escales, de huit rencontres. En effet, de ces narrateurs voyageurs, on sait bien peu de choses, voire rien du tout, on ne les aborde que lorsqu'ils entrent en résonnance avec l'être aimé. Ils n'existent finalement qu'au moment de l'appel du désir, du basculement des sens. Et chacune de ces amours et chacune de ces femmes est différente : nous voyageons de Paris à l'Inde en passant par les rives du lac Titicaca et ces femmes sont parfois une île que l'on aborde tendrement, une jungle luxuriante ou un véritable tourbillon nocturne… Dans chacune de ces huit nouvelles, on ausculte avec précision mais aussi poésie et tendresse, le moment où deux êtres sont irrésistiblement attirés l'un par l'autre. Amours fugaces enfin, éphémères pour certaines, plus durables pour d'autres mais souvent reliées plus ou moins directement à la mort. Car la camarde rôde en ces pages, rendant les étreintes plus fortes ou les nuits surréalistes.
Pour conclure, je me suis laissé porter, parfois emporter par un style puissant au profit d'histoires peu originales, c'est vrai, mais très agréables à lire. On vogue plus sur des voies poétiques que sur des bitumes populistes : ici, pas cinquante nuances mais seulement huit écrins pour de délicates sculptures où la chair ne se donne que pour élever l'âme. Un grand merci à Mass Critique, aux éditions de l'Arbre Vengeur et à l'auteur.
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