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Critique de Poljack


Mon avis :
Appelle-moi Brooklyn fait partie de ces ouvrages improbables, inclassables, qui ne séduiront que les lecteurs les plus exigeants, ceux qui cherchent dans la lecture un peu plus qu'un simple moment d'évasion facile.
« Facile » est d'ailleurs un mot qu'on évitera d'employer, pour décrire ce roman foisonnant comme une prairie en jachère, riche de mille histoires qui s'entremêlent, se chevauchent, se télescopent… Il faut souvent un temps pour réaliser qui, de Néstor Olivier Chapman ou de Gal Ackerman, est le narrateur du passage en cours. Même les dialogues ont perdu leurs repères et se promènent au milieu du texte sans guillemets ni tirets cadratins… Au début, c'est assez désorientant, mais on s'y fait assez vite, car malgré sa complexité de construction, l'écriture, riche et colorée, paraît couler de source et le vocabulaire utilisé, bien qu'étendu, ne cherche pas à épater la galerie par un étalage d'érudition. Et pourtant, il n'en manque pas, d'érudition ! de la guerre d'Espagne au Brooklyn des années 90, des anarchistes américains des années 20 à Paul Auster ou Norman Mailer, ce roman déstructuré se montre même plutôt roboratif.
Si la forme narrative est induite par l'histoire elle-même, celle du roman inachevé de Gal Ackerman, éparpillé dans de multiples cahiers, elle risque fort de perdre en route le lecteur lambda qui cherchera en vain une linéarité, comme une rampe pour le rassurer dans ce tourbillon de récits croisés. Les autres, ceux qui n'ont pas peur de l'inconnu, qui avancent sans qu'on leur tienne la main, les aventuriers de la chose littéraire… ceux-là descendront du manège éblouis, après avoir parcouru des espaces surprenants, croisé des êtres magnifiques de folie et des personnages trop vrais pour être beaux.
À n'en pas douter, ce livre en découragera plus d'un, mais ceux qui iront jusqu'au bout vivront un pur moment de bonheur littéraire.
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