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Critique de Colchik


Est-il possible d'avoir une interprétation des rêves qui ne soit pas psychanalytique, psychologique ou encore étroitement assujettie aux fonctions du sommeil appréhendées par les neurosciences ? Telle est la question que se pose le sociologue Bernard Lahire. Autrement dit, la production des rêves peut-elle être un objet des sciences sociales ? Avant d'y répondre, l'auteur s'attache à recenser l'ensemble des approches qui ont été faites dans la science des rêves. Il ne s'agit pas pour lui d'opposer ou de privilégier, par exemple, une approche à une autre mais de comprendre tous les progrès qui ont été accomplis dans la connaissance de cette science. À partir de là, il peut proposer sa propre interprétation sociologique des rêves. Celle-ci se veut scientifique et ne consiste donc pas à chercher une clé des songes qui permettrait à chacun de décrypter ses rêves.
Bien entendu, Lahire rattache sa démarche à celle – plus générale – à laquelle il est attaché en sciences sociales, une démarche de type dispositionnaliste-contextualiste : Comprendre la manière dont l'individu intègre un ensemble de dispositions au cours de ses expériences de vie en société et est amené à les utiliser dans certains contextes. Il est nécessaire de le préciser pour appréhender, notamment, sa manière d'égratigner au passage le concept d'habitus chez Bourdieu. Par ailleurs, il s'appuie, entre autres, sur les travaux de Piaget pour montrer que les schèmes de comportement intériorisés par l'individu au cours de sa vie vont organiser des schèmes oniriques, ce qui établit le pont entre les comportements sociaux et les rêves.
La dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux éléments méthodologiques mis en oeuvre par le sociologue pour bâtir son interprétation. Indispensable aux chercheurs et critiques – le champ des sciences sociales est un lieu de redoutables combats –, elle retiendra moins le lecteur lambda en raison de sa technicité.
La lecture de cet ouvrage est parfois ardue, non pas parce que ce que nous explique Bernard Lahire serait difficile d'accès en soi, mais parce qu'il jongle avec un matériau touffu, de multiples références, citations, commentaires qui nous demandent de le comprendre lui comme de nombreux autres auteurs.
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