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Critique de isanne


Ouvrir un recueil de nouvelles de Robert Lalonde, c'est un peu comme soulever le couvercle d'une boite à malices : ça vous saute à la figure, c'est coloré comme un lutin enchanté, un chapeau inimaginable vissé sur la tête. On sourit, on rit mais il faut le reconnaître, le jaillissement du coquin pantin surprend, même si on était prévenu de sa fulgurance. On adore la marionnette pour son côté fantasque et plein de joie mais l'espace d'un instant, le coeur a battu plus vite comme sous l'effet d'une petite peur, d'une grande appréhension...

Les nouvelles qui constituent ce livre vous feront le même effet : une grande empathie pour les personnages, l'imagination qui s'envole à la suite des oiseaux et il y en a de toutes sortes prêts à s'élancer de ces pages, l'écoute qui se fait plus attentive aux murmures de la rivière et puis, au détour d'une phrase, un pincement au coeur parce que tout ne peut pas être idyllique, parce le Mal se déguise toujours un peu, pas la cruauté, non, juste le manque de compassion, ou l'égoïsme ou le rejet de l'autre qui habitent un ou deux personnages et c'est déjà tant.

Les thèmes chers à l'écrivain se rejoignent d'un livre à l'autre, toujours en écho et c'est le bonheur de savoir qu'on va vivre ces pages en symbiose avec la nature, qu'on sera tourmenté par les aléas du temps, tempête soudaine, orage violent qui malmène hommes et bêtes, aurore boréale dans laquelle les nuages se transforment en chevaux ou en arbres échevelés, que les oiseaux piailleront autour de nous. On croisera la solitude, celle des êtres qui vieillissent ou celle de celui qui brandit sa fierté comme un flambeau, celle de celui qui est différent dans sa Culture ou dans son être et qu'on évite parce qu'on craint ce qui ne nous ressemble pas.
La religion surgit, tout comme les gardiens de la société, comme pour poser les limites d'une vie convenue et sans imaginaire.

C'est bouillonnant, étincelant de perceptions et de couleurs, ça bruit des sons de cette nature tantôt refuge, tantôt démence, ça fourmille de personnages à qui on a envie de tendre la main parce qu'on aimerait poursuivre la route auprès d'eux, parce que leurs tranches de vie nous ont fait réfléchir à nos destinées et qu'il est grand temps de s'ouvrir le coeur et la tête aux autres et à ce qui nous entoure et à tout recevoir comme un don qu'il faut protéger.


Refermez le couvercle de la boite magique, ou la dernière page du livre, il vous restera en tête la langue chantante de Robert Lalonde, sa poésie, ses descriptions imagées, sa palette de couleurs qui, le temps d'une lecture, auront redessiné la vie.


(Juin 2021)
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