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Critique de Denis3


Denis3
05 septembre 2023
Tangue le bateau
ET
vogue la galère.


Deux couples,bien mal- en- point . Dans chaque couple, une personne, elle-même bringuebalante, qui essaye de remonter son ou sa partenaire.
Mais pendant que l'histoire évolue, les rôles en font autant.

Thomas et Raya, personnages principaux. Lui, homme assez faible, indécis, assez bonnasse, plutôt généreux. Naïf aussi. Un brave type, sans qu'il y ait grand chose à rajouter au chapitre des qualités. Il y a longtemps, il a épousé Raya, fille de bonne famille, qu'il avait, sans trop y penser, rendue enceinte. Les parents de Raya, reconnaissants, ont doté le couple d'une maison de campagne et d'un capital permettant à Thomas de devenir associé dans une affaire de fret maritime. Ils avaient oublié de préciser que Raya souffrait d'une hypersensibilité aiguë, qu'elle avait des mouvements d'humeur extrêmes, incontrôlables et fréquents. Comme la plupart des problèmes mentaux non traités, ceux-ci ont empiré avec l'âge. Il y a quelques semaines, Raya a été hospitalisée en service psychiatrique dans un état chaotique. Maintenant, les psychiatres estiment qu'elle est en mesure d'assumer une sorte de permission : cinq jours de vacances avec son mari. Il l'emmène en voiture à Ostende, leur ancien lieu de villégiature, où il lui a reservé quelques surprises qu'on espère bonnes.

A Ostende, Olga a une relation avec Franck. On ne sait trop de quoi elle vit. Franck, pilote de jets privés et, quand il ne vole pas, véritable entonnoir à whisky. Par peur de s'ennuyer, de se poser des questions quand il s'ennuie, dit-il. Olga a son studio et Franck vit à l'hôtel.

Le roman est l'histoire de ces cinq jours, où Thomas essaye de reprendre le contact avec sa femme, de lui redonner le goût de vivre, de reprendre le fil de leur vie en commun. Il y a des approches, des bévues, des rires,des cris et des larmes. Peut-être que le thème du Bal du Rat Mort, célèbre bal masqué du Mardi-Gras associé à Ostende, est le fil conducteur de cette histoire. Tout le monde est masqué, tous essayent de s'amuser ou font semblant, il y a de l'alcool, de la musique, des danses et on claque de l'argent comme si demain commençait le carême. Mais au fil des jours, les masques tombent: Thomas et Raya se parlent. Beaucoup moins Franck et Olga.
Et la bonté dans tout ça ? Il s'agit de gens vulnérables, déjà sérieusement abîmés. Leurs vies ont été cousues d'héritages insoupçonnés ( la présumée bipolarité de Raya), ils sont passés par des décennies de disputes, ils sont désorientés, certains, comme Franck, boivent pour ne pas penser, d'autres, comme Olga, sont des immigrés qui vivent comme ils peuvent. Où est la bonté dans cette histoire si noire ? Elle est disséminée. Dans l'amour qu'éprouve , malgré tout, ce ballot de Thomas pour Raya. Dans le courage dont Raya témoigne en assumant le traitement qui l'attend à son retour. La dévotion d'Olga pour un type qui est toujours bourré. Type qui, d'ailleurs, passe une nuit à écouter les malheurs de Thomas. Des pauvres gens, tous plus ou moins brisés, qui essayent de s'épauler mutuellement, comme une troupe ivre qui vire de gauche à droite sur la route. C'est là que se trouve la beauté dans ce récit ; une beauté éparse, précieuse, peu spectaculaire. La beauté des petits gestes.





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