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Critique de thedoc


Débuté comme une bonne lecture, je termine le roman « Lever de rideau à Terezin » avec un véritable coup de coeur. Une nouvelle fois, de manière talentueuse et accrocheuse, l'auteur Christophe Lambert a su nous faire découvrir un point de l'Histoire de la Seconde guerre mondiale à travers la destinée de personnages de fiction très attachants.

Terezin… le nom de cette petite ville tchécoslovaque sonne de manière douce et mélodieuse aux oreilles lorsqu'on le prononce, pourtant il cache une réalité bien effrayante. C'est en 1943 que Victor Steiner, auteur et metteur en scène français à succès, est déporté à Terezin. Juif, il avait réussi jusqu'à présent à échapper aux persécutions nazies en se cachant à Paris mais son amour du théâtre lui fait oublier toute prudence. le voilà arrivé à présent dans ce ghetto un peu particulier destiné à regrouper les artistes et intellectuels juifs. Au côté de ses nouveaux amis d'infortune, il découvre les dures conditions de vie du camp : la faim, la promiscuité, la maladie… mais également la solidarité et l'amitié. le dramaturge a une nouvelle surprise lorsque l'Hauptsturmführer Waltz lui demande de monter une pièce de théâtre qui sera jouée lors de la visite de contrôle de la Croix Rouge. La Résistance tchécoslovaque, de son côté, compte bien mettre à profit cette occasion pour planifier une évasion. Au coeur d'une opération dangereuse, Victor Steiner va devoir jouer beaucoup plus que du théâtre.


C'est dans un rythme haletant que l'auteur nous entraîne à la suite de son personnage principal. Victor Steiner, veuf inconsolable qui a trouvé refuge dans son art de prédilection, va se révéler aux autres et à lui-même dans cette aventure à la fois dramatique et artistique. Les personnes qui l'entourent sont également attachantes et sympathiques, chacune subsistant comme elle peut aux conditions de vie terribles du camp. Car Terezin était bel et bien un camp de concentration malgré son décor de mascarade. A la fois lieu de transit, de décimation et de propagande, ce camp a vu passer entre ses murs plus de 140 000 juifs déportés. 33 000 y moururent du fait des conditions de vie extrêmement difficiles et 88 000 autres furent déportés vers Auschwitz-Birkenau.
De nombreux artistes célèbres sont passés par Terezin où beaucoup trouvèrent la mort, notamment le poète français Robert Desnos.

Christophe Lambert, de manière très habile, mêle personnages de fiction et véritables figures historiques comme le commandant Rahm ou encore le jeune Petr Ginz, rédacteur en chef du journal clandestin du camp, Vedem. Des épisodes et anecdotes véridiques sont également relatés dans le roman, notamment l'opération de propagande menée par les nazis à l'occasion de la visite du Comité International de la Croix Rouge : travaux d'embellissement de la forteresse, prisonniers « figurants » habillés et maquillés pour la visite, square à musique, jouets distribués aux enfants. Les personnes malades ou vraiment trop faibles étaient quant à elles cachées dans les greniers et les sous-sols… Cette scène semble tellement irréaliste et incongrue que l'on peine à penser que les personnalités de la Croix-Rouge y aient cru. Ou bien ont-elles fait semblant.

J'ai donc pour ma part trouvé ce roman passionnant : histoire émouvante, personnages forts, intérêt historique mais aussi réflexion sur la création artistique. Christophe Lambert, après « Swing à Berlin », nous révèle une nouvelle fois tout son talent de romancier, sachant mêler la fiction et l'Histoire avec brio, le tout de manière très captivante. Bravo.
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