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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Et si on vous annonçait brutalement que dans un mois vous alliez devenir aveugle, sans espoir de guérison ? Incrédulité, déni, panique, colère, désespoir. C'est ce ciel noir et effrayant qui vient de s'effondrer sur la tête de Vincent. A 35 ans, ce professeur de tennis, compétiteur dans l'âme, a tout pour être heureux, amour, travail, santé, le monde lui appartient. Mais le couperet est tombé : neuropathie optique de Leber (parenthèse: curieux comme ça rime avec Alzheimer, cancer, misère et tous ces enfers de la vie qui peut-être pourraient être atténués ou réparés si on leur accordait quelques-uns de ces faramineux millions que certains déboursent "généreusement" pour rebâtir une cathédrale. Parce qu'une cathédrale, ça se reconstruit, ça se remplace. Une vie humaine, c'est une autre paire de manches, hein ? Voilà, ceci n'avait rien à voir avec le roman, mais c'est dit, le coup de gueule est clos). Pour Vincent, le compte à rebours avant les ténèbres est lancé, alors c'est l'urgence, il ne veut en parler à personne, prend la fuite, s'égare, se fourvoie, finit par se terrer à la campagne dans l'ancienne maison de ses grands-parents. Et puis il faut bien l'annoncer aux autres. Eux aussi doivent encaisser le choc. Paradoxalement, les plus proches s'enfuient ou encombrent Vincent de leur sollicitude maladroite, tandis que la bouée de sauvetage viendra de ceux qu'on attendait le moins. Lorsqu'un matin, la nuit ne laisse plus la place à la lumière mais seulement à quelques ombres périphériques, Vincent s'accroche à ses souvenirs d'enfance, à la sagesse bonhomme de son grand-père et, littéralement autant que symboliquement, à la terre, à ses racines et au potager qu'il avait tout juste remis en état. Se déplacer mains en avant, trébucher, se cogner, jurer, tomber, en vouloir au monde entier puis (ré)apprendre le goût, l'odorat, le toucher, s'adapter, se laisser aider, se laisser aimer, se réinventer, s'apaiser en se souvenant des images du passé, comprendre qu'un avenir peut être construit, que l'amour est possible au-delà du handicap, tel est le parcours du combattant de Vincent, la lente résilience après le cataclysme.
Pour son quatrième roman, Karine Lambert s'est beaucoup documentée et a interviewé malvoyants et spécialistes. Loin de nous assommer de baragouin scientifique et de psychologie de l'acceptation, elle décrit l'humain, ses failles et ses forces avec beaucoup de sensibilité et d'empathie. J'ai trouvé son écriture très visuelle (étrange de dire ça pour un tel sujet, mais l'auteure est aussi photographe, ceci explique cela) et sensorielle. Quelque part entre mélancolie et espoir, Toutes les couleurs de la nuit est un roman tout en retenue et en nuances d'ombre et de lumière.
En partenariat avec les Editions Calmann-Lévy.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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