Ce que nous portons en nous est trop grand et le monde est trop petit. La destruction est notre manière de bâtir.
… les Chicoutimiens sont les aveugles ouvriers des désastres à venir. Ils sont dressés pour avoir peur, c’est tout ce que leur a enseigné le monde : la crainte et la peur de la crainte qui rongent les os et font pourrir de l’intérieur. Ils en mourront.
(Héliotrope, p.117)
Ce que nous portons en nous est trop grand et le monde trop petit. La destruction est notre manière de bâtir.
Apparemment, tout ça colle ensemble, tout ça explique mon problème avec l’autorité, ma violence compulsive envers d’autres élèves, ma cruauté, ma réussite scolaire aussi : puisque j’ai des lacunes solaires, je me valorise évidemment par la performance. Les adultes projettent sur mon mutisme leurs perversions les plus terribles. Ils n’arriveront jamais à m’expliquer complètement, à atteindre le fond de ma pensée, je suis sans fond et je pense rien. J’espère que je les rendrai fous à force d’essayer…
(Héliotrope, p.79)
Une tour qui tombe excuse les pulsions racistes, qui ont des racines profondes en ces terres: une famille arabe est agressée sur le trottoir. (p.119)
Les adultes projettent sur mon mutisme leurs perversions les plus terribles. Ils arriveront jamais à m'expliquer complètement, à atteindre le fond de ma pensée, je suis sans fond et je pense rien.
Une maison, c’est l’endroit où on vit, où on grandit aussi, où on taille les murs à notre portée. On porte le toit comme la poutre porte le toit, sans forcer, presque naturellement, et avec la craie, dans l’entrée du garage, on écrit «demeure».
Je le jure : j'ai jamais aimé quiconque hormis Almanach et quelques inconnus, surtout des morts que j'espère rejoindre le plus vite possible et dont j'imprime les photos pour les mettre sur ma porte de chambre. Kurt Cobain. River Phoenix. Sid Vicious.
James Baldwin. Jeff Buckley. Robert Mapplethorpe. Mes suicides ratés me font pas mal chier, ceux que j'imagine le soir dans mon lit avec le couteau de cuisine qui brille dans le lave-vaisselle propre. Je déteste ma ville qui est si laide, si banale, si triste : Chicoutimi qui fait naître tant d'imbéciles et leur apprend le goût de vivre, les empêche de s'ouvrir les veines alors que, vraiment, ça serait plus simple pour tout le monde s'ils séliminaient d'eux-mêmes.
Ce n'est pas la mort qui me fera quitter Chicoutimi. On m'enterre et j'entre plus radicalement dans ses profondeurs, je me fonds en elles, je suis son eau rancie, le venin qui circule et paralyse ses fonctions vitales. Des bombes exploseront.
Je cherche le ciel pour mieux le maudire