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Critique de redblue


En quelques 159 pages, Augustin Landier et David Thesmar, deux professeurs d'économie reconnus, poursuivent leurs efforts pour ré-éduquer la pensée économique française. Poursuivent, le verbe est choisi, puisque 10 idées qui coulent la France est le troisième opus, après le Grand Méchant Marché (2007) et La société translucide (2010) de ce tandem. Avec un titre sans ambages, le cru 2013 poursuit sa tentative de déconstruction au marteau des intuitions économiques franchouillardes. La cible a bon dos : il est extrêmement large (60 millions de français et moi et moi et moi !).

La critique d'un tel essai est malaisée. Son but est de dévoiler notre vision erronée de la réalité économique et de faire tomber les raisonnements qui s'y accroche. C'est une sorte de retournement platonicien appliqué à l'économie. le souci majeur de cette opération réside dans le fait que, pour beaucoup, l'économie est une science politique et le demeure, même si elle se pare d'arguments scientistes. S'attaquer à des préjugés et des idées reçues nécessite un travail où le combat idéologique serait moins frontal, le raisonnement entre les tenants et aboutissants serait plus mis en valeur encore.

De ce fait, si l'on modère, critique, honnit (ah!) le contenu de cet essai, les auteurs peuvent, avec facilité, crier à l'aveuglement forcené et mettre de côté le jugement exprimé. Aussi, je vais commenter la forme en premier. L'ouvrage est de bonne facture : une couverture sobre et accrocheuse, un ton direct et sans concession, un discours assertif, des idées honnêtement documentées et chiffrées. La lecture est agréable et instructive.

Cependant, 10 chapitres pour briser l'élan du rapport Gallois – en avait-il ? - ; 12,5% de l'ouvrage pour annoncer quelques pieuses propositions. Déséquilibre, non ? Cela a rappelé en mémoire ce que Winston Churchill disait : « Construire peut être le fruit d'un travail long et acharné. Détruire peut être l'oeuvre d'une seule journée.  » le couperet est acéré ; il tombe vite et net. Être frappé permet de se remettre en cause mais être moqué ou tourné en dérision s'y prête moins... Crier haro sur l'hypercentralité de l'État français et sa politique d'interventionnisme néo-keynésien s'entend mais, à sa décharge, ne s'inspire-t'il pas de qui a déjà marché dans l'histoire ?

Dommage que les auteurs ne se tournent pas plus clairement dans une activité de conseil. Après les coups de marteaux, il faut procurer l'onguent guérisseur ! La grande solution que d'embrasser l'économie des services et de la connaissance reste largement théorique. Ces deux volets nécessitent des réformes structurelles conséquentes et engagent des changements à trop long terme pour que cela soit de suite convaincant.

Au final, la qualité de cet ouvrage est d'être proposé. On ne reste pas de marbre. Et sur certains chapitres, une séduction peut s'opérer. Il faut donc le lire, à tout le moins ! Mes remerciements à Masse critique et Flammarion pour cet intense moment de réflexion.
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