Le récit conté par
Katia Lanero Zamora se déroule dans un pays appelé Panîme. Si le nom est fictif, il devient vite évident que ce pays correspond - tant par son ambiance que par son histoire - à l'Espagne explosive des années 30.
L'intrigue se noue autour des deux fils Cabayol, Andrès – l'aîné, et
Vian - le cadet, issus d'une famille de riches propriétaires terriens. Leur famille - principalement leur père et leur grand père - font peser sur eux de lourdes attentes relatives à la défense de leurs intérêts, et de leur héritage.
Très vite, les deux frères prennent des chemins différents.
Andrès multiplie les bravades à l'encontre de sa famille. Il se fait des amis parmi les “Ongles Sales”, notamment la petite fille Niobé, et se montre à l'écoute du discours tenu par le père de cette dernière, Josha.
Moins téméraire, le petit Vian se plait à toujours vouloir copier son frère. Quand Andrès est envoyé en pensionnat, Vian se retrouve seul au domaine Cabayol. En grandissant, bien que perpétuellement déchiré, ses choix tendent à répondre aux attentes familiales.
Les protagonistes évoluent, conformément à cette lancée, quasiment tout au long du roman.
Sans surprise, Andrès rejoint la lutte des Machinistes, mouvement pronant l'égalité par la collectivisation des richesses et des terres. La découverte de la grossesse de son amante Léa achève de le faire basculer dans le camp de la révolte populaire.
Vian, quant à lui, s'engage dans l'armée, naïvement, s'imaginant devenir un héros dont sa famille serait fière, mais anxieux à l'idée de devoir faire la guerre. Il ne réalise absolument pas qu'il rejoint ainsi le camp nationaliste et royaliste.
Le ton monte crescendo.
Les Vieux Loups, anarchistes radicaux, assassinent un Duc. En réponse, l'armée fait tomber le drapeau de la République, et hisse celui de la Monarchie. Les soldats ont pour ordre de réprimer le courant Machiniste.
Averti par téléphone par son frère, Andrès s'enfuie avec Léa et son fils Victor. Après avoir mis en sécurité sa famille, il souhaite rejoindre le combat.
Fidèle à son comportement de perpétuelle hésitation, Vian envisage de fuir la guerre avec son amant Mathis, avant, finalement, de se résoudre à rejoindre les rangs des soldats.
Du début à la fin, les protagonistes continuent leur évolution en opposition l'un à l'autre. le récit se déroule de manière prévisible
, tant par ce fil rouge “opposition Andrès/Vian”, que par l'éclatement de la guerre civile – évènement préssenti par le lecteur dès les premières pages.
Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
Sous ses airs de héros du peuple, Andrès est un fils ingrat sans nuance, fougueux et peu responsable.
A titre d'exemple, il met en cloque une femme ayant déjà du mal à nourrir sa fratrie sans une cote de bile, la Machine étant destiné à leur offrir un avenir meilleur…
Il n'a pas appris à penser aux conséquences, malgré ses erreur passées : enfant, il encourage Niobé à voler des légumes dans les champs, condamnant ainsi son père Josha à l'emprisonnement – tandis que lui s'en sort avec un aller simple au pensionnat.
Quant à Vian, il reste du début à la fin timoré, hésitant, aveugle aux enjeux en présence, subissant son sort.
Lors de son entrainement, il tombe amoureux de Mathis, et les deux hommes vivent une courte idylle. le ton du récit emprunte le chemin d'une quête identitaire sur le thème de l'amour interdit ; et joue sur l'affrontement intérieur de Vian entre liberté d'un coté, et soumission aux moeurs de l'époque de l'autre. Ce dernier, craignant pour la vie de son frère, renonce à Mathis, mettant fin à cette romance qui tombait comme un cheveu sur la soupe.
Je ne me suis guère mieux attachée aux personnages secondaires, qui là encore manquent de nuance. Léandra Delbosq en est l'illustration : trop d'éloges nuit à la crédibilité du personnage.
J'avoue ne pas avoir été sensible au ton perpétuellement tragico-déchirant du récit.
Quelques exemples des questions tragico-déchirantes autour desquelles le récit se cristallise :
Andrès va-t-il s'en prendre à sa propre famille sous la pression de ses amis Machinistes ? Ou bien, va-t-il abandonner la femme qui porte son enfant ?
Vian va-t-il réussir à rendre son père fier de lui en s'engageant ? Ou bien, cela lui permettra-t-il de protéger Andrès ?
Andrès va-t-il sauver Victor de son père Colin, qui voit en lui le potentiel successeur que ses fils n'ont pas été ?
A son retour, Vian va-t-il épouser Olympia, bon parti choisi pour lui par sa famille ? Ou bien va-t-il assumer son homosexualité ?
Vian va-t-il déserter avec son amoureux, ou bien va-t-il essayer de rejoindre son frère en danger ? Mathis faisait-il parti des déserteurs fusillés ?
Lequel des deux frères va protéger l'autre ? Vont-ils finalement s'affronter ?
La fin ouverte du livre nous laisse sur ces deux dernières questions.
En conclusion, un roman avec profusion de tragico-déchirant, dont le récit manque de rebondissement et de nuance. Lu dans le cadre des Imaginales 2022, le ton fantasy se révèle, en outre, bien léger. Considérant les avis des internautes, peut-être suis-je passée à coté de livre...
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