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Toujours dans le cadre de l'opération « la rentrée de la fantasy », le collectif des Indés propose cette année encore de découvrir trois nouvelles pépites, des romans écrits par des auteurs récemment arrivés sur la scène de l'imaginaire français et jugés particulièrement prometteurs. le choix de Mnémos (« Diamants » de Vincent Tassy) m'avait déjà beaucoup plus, mais celui des éditions ActuSF m'a peut-être encore davantage enthousiasmée. Premier volume d'un diptyque, le roman de Katia Lanero Zamora est une belle surprise et s'inspire très largement d'un épisode marquant de la vie politique européenne de la première moitié du XXe siècle : la guerre civile espagnole. L'ouvrage met en scène deux frères, Vian et Andrès, ayant grandi dans une famille de propriétaires terriens bénéficiant aujourd'hui d'une position confortable et influente mais qui sont en fait d'anciens prolétaires, anoblis deux générations auparavant par le roi de Panîm. Tous deux entretiennent une relation complice fort touchante, et ce en dépit de leurs profondes différences. Andrès, l'aîné, a été très vite séduit par les revendications portées par le parti de la Machine, une idéologie politique qui repose sur davantage de justice sociale et un partage plus équitable des terres, ce qui ne manque pas de le faire régulièrement entrer en conflit avec son père. Vian, lui, est beaucoup plus discret et avide de plaire à son géniteur qui fait peser sur lui tous les espoirs d'ascension sociale de la famille. le contexte politique explosif de la toute nouvelle république de Panîm va finir de définitivement rompre le fragile équilibre qui maintenait la cohésion des Cabayol. Vian est envoyé avec l'armée rétablir l'ordre dans une colonie située à l'extérieur du pays tandis qu'Andrès rallie la classe ouvrière révolutionnaire des environs qui est bien en passe de remporter les élections organisées par le gouvernement. le politique et l'intime s'entremêlent tout au long du roman qui séduit autant pour la qualité de ses personnages que pour celle de la reconstitution de la complexité politique de cette Espagne des années 1930.

La fantasy de Katia Lanero Zamora pourrait tout à fait être comparée à celle de Guy Gavriel Kay dans la mesure où la seule chose qui distingue le roman d'un récit historique réside dans le changement des noms. Il suffit toutefois de remplacer Panîm par Espagne, et la succession d'événements qui ont précédé l'histoire ou qui y sont dépeints prennent soudain tout leur sens. Nous sommes donc dans un équivalent de l'Espagne des années 1930 et la monarchie a cédé la place à une république encore très fragile au sein de laquelle plusieurs courants s'affrontent quant à la nouvelle orientation à donner à la politique sociale et économique du pays. le gouvernement actuellement en place, composé majoritairement de républicains modérés, ne satisfait pas une partie de la population qui s'est tournée vers un nouveau parti plus radical, celui de la Machine. L'idéologie défendue se rapproche de celle prônée par les anarcho-syndicalistes et les communistes qui incarnent alors cette gauche radicale et repose ici essentiellement sur un nouveau partage et une collectivisation des terres. Une proposition qui ne ravît évidemment pas du tout la plupart des propriétaires de même qu'une partie de l'élite (religieuse, politique ou militaire), plus ou moins ouvertement restée fidèle à la monarchie. La situation politique est dépeinte avec soin par l'autrice qui présente les points de vue et arguments des différents partis. La description des conditions de vie et de travail des classes populaires se trouvant au coeur des revendications des « machinistes », celles-ci sont longuement abordées dans le récit. Pénibilité du travail aux champs ou à la mine, double journée pour un salaire de misère, logements insalubres et surpeuplés, espérance de vie limitée, répression policière… : la violence subie par une partie des personnages nouent les tripes sans que l'autrice ne tombe pour autant dans l'écueil du misérabilisme ou de la victimisation. Les travailleurs et travailleuses dépeints dans le roman sont certes opprimés et abîmés tant physiquement que mentalement, mais ils sont aussi combatifs et déterminés. le personnage de Léandra, la compagne d'Andrès, est particulièrement représentatif de cette volonté de l'autrice de montrer des travailleurs avides de s'émanciper intellectuellement et politiquement, et c'est loin d'être toujours le cas, y compris dans des romans traitant de mouvements populaires (vous en avez un exemple ici ou là).

Le roman ne se réduit toutefois pas à un plaidoyer en faveur de l'égalité et de la défense des classes populaires. La situation politique est plus complexe qu'il n'y paraît, et l'autrice se garde bien de présenter les révolutionnaires sous un jour uniformément positif, de même qu'elle prend soin d'étaler les opinions divergentes qui agitent une même catégorie de population, qu'il s'agisse des propriétaires terriens, des soldats ou des petits commerçants. La qualité avec laquelle nous est exposé ce contexte de guerre civile naissante ne doit pas non plus faire oublier que le roman est aussi et avant tout une histoire familiale. La relation entre Vian et Andrès reste bel et bien le coeur du récit qui, là aussi, séduit par ses nuances et sa profondeur. Chacun des deux frères a son caractère, ses blessures, et on s'attache sans mal aussi bien à l'un qu'à l'autre, et ce en dépit de leurs choix radicalement différents. Les chapitres « flash-back », au cours desquels on les découvre enfants, permettent de mieux comprendre la nature du lien qui les unit et de renforcer encore davantage l'affection qu'on leur porte. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, à commencer par le père des deux jeunes hommes qu'il est aisé d'haïr mais qui parvient malgré tout à émouvoir à plusieurs reprises. Les femmes sont quant à elles bien présentes et jouent souvent un rôle déterminants dans l'évolution de l'intrigue, chacune d'une manière très différente. D'Augustina, la gouvernante sévère mais débordante d'amour à Léa, la travailleuse rebelle et déterminée, en passant par Estrela, belle-mère un peu frivole mais aimante, ou encore Niobe, figure de l'ombre militant pour la cause machiniste, toutes sont des femmes ordinaires dont la diversité reflète celle de la société de l'époque et dont le rôle est loin de se limiter à celui de compagne ou mère.

Katia Lanero Zamora signe avec ce premier tome de « La Machine » un très beau roman de fantasy inspiré de la guerre civile espagnole de la fin des années 1930. L'autrice y retranscrit efficacement la complexité de la vie politique de l'époque, tout en brossant le portrait d'une classe prolétaire déterminée et porteuse d'un projet émancipateur pour l'ensemble de la société. le récit nous dépeint aussi une très belle relation fraternelle et met en scène toute une galerie de personnages convaincants et nuancés qui émeuvent d'un bout à l'autre du roman. J'attends la suite avec une grande impatience.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Waouh !

Quand le peuple n'est pas respecté dans sa toute jeune république et bien, le peuple s'échauffe, se fâche, se révolte. Faut dire qu'il a faim alors que la terre aux mains de gros proprios est en partie en jachère et inutile, faut dire qu'il en crève de travailler encore et encore à enrichir les gros et l'église pour des clopinettes, faut dire qu'il en rêve de cette république égalitaire tellement riche d'espoir, faut dire qu'il en bout d'avoir si peu de possibilités face aux nationaux qui eux n'aspirent qu'au retour du roi. Et c'est là que l'armée intervient et chamboule tout dans un bain de sang mais ça, ce sera je crois dans le tome 2 ;-)

Deux frères si différents et pourtant si semblables, deux frères qui s'aiment et qui pourtant vont prendre deux voies divergentes. C'est avec beaucoup de poésie et d'authenticité que l'auteure va nous décrire les prémisses de cette guerre civile horrible qui va bouleverser à jamais la vie de ces deux frères, personnages complexes et tellement humains, si vivants si hésitants qu'on a parfois envie de leur tendre la main pour les guider hors de ce bourbier inhumain. Une plume toujours aussi poétique et qui pourtant arrive à nous transmettre la peur, la folie, l'espoir et l'ignominie d'une situation qui met face à face le père contre le fils, le frère contre le frère. Beaucoup de tendresse et de respect aussi pour ses personnages principaux où l'on sent un réel attachement sauf pour l'ancêtre, une vraie peau de vache celui-là ;-)

Bravo, une toute belle lecture riche d'Histoire et de sentiments profonds, un récit bouleversant dont a juste envie de connaître la suite.
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J'ai vraiment apprécié ce roman, j'en avais besoin à ce moment parce que précisément ce n'était pas tellement de l'imaginaire (besoin de changement) mais plus une saga familiale sur fond de rébellion et de politique. Mais surtout une saga familiale. C'est juste un peu embêtant pour une sélection Imaginales des bibliothécaires...

Je crois que j'aime les romans de sentiments. Et ici, on est servi : amour, haine, vengeance, peur, colère... On s'attache à presque chacun des personnages, on a plaisir à suivre leur vie, leur passé, leurs choix, leur destinée. Nous sommes clairement sur un tome 1 car l'histoire ne débute vraiment que bien tard mais on a peur pour à peu près chacun des personnages et le suspense à la fin de cet opus est bien là.

Pour le style, cela se lit agréablement, rapidement et j'ai aimé les flash-back.

Je lirai la suite, c'est sûr, (quand elle sortira). Je ne peux pas laisser Andrès et Vian sans connaître leur destin !
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La Machine est un des derniers titres lus à l'occasion du Prix Imaginales des Bibliothécaires au printemps dernier. Ce n'était pas celui que je redoutais le plus de la sélection mais je dois avouer que je n'en attendais pas grand chose. Finalement, ni déception ni enthousiasme débridé : la lecture a été fluide, l'aventure plutôt sympathique mais je n'y ai pas trouvé beaucoup d'originalité. Tout m'a semblé être exactement là où je l'attendais. Classique mais pas désagréable donc.

La machine c'est un nouveau parti révolutionnaire où chacun est un rouage, une pièce qui sert l'ensemble pour une société plus égalitaire. C'est dans cette société largement inspirée de la guerre civile espagnole que l'on va faire la rencontre de deux frères que tout oppose. Nés dans la famille noble des Cabayol, Vian et Andrès n'ont aucune aspiration ni vision communes. L'un va suivre les traces familiales royalistes, l'autre joue les rebelles et s'investit dans le nouveau parti populaire qu'est la République.
Bien sûr, tout n'est tout de même pas si manichéen puisque chacun doute de ses convictions et de l'avenir qui s'offre à lui. La famille fait forcément peser un poids sur les épaules et toute la question est de savoir si l'on suit la route que nos parents ont tracée pour nous ou si, au contraire, on cherche à tout prix à s'en défaire…

Rien de bien neuf sous le soleil avec cette fratrie déchirée par l'environnement familial et politique mais c'est une thématique toujours d'actualité et qui fonctionne. Si l'intrigue n'est pas d'une grande originalité, les descriptions offertes par Katia Lanero Zamora permettent une immersion facile, on s'y croit et c'est agréable. Je retiens surtout les scènes dans le passé qui nous donnent à voir l'enfance – tumultueuse – des deux frères. Ce sont des flashbacks très réalistes car à la fois dures et pleins de tendresse, dont l'émotion est plus authentique à mon goût ; ce sont sans doute les passages que j'ai préférés !
Pour le moment, les personnalités des deux héros – mais aussi celles des personnages qui gravitent autour d'eux – manquent un peu de subtilité et de développement mais j'imagine que l'autrice a prévu de les enrichir dans le second et dernier tome prévu que je lirai certainement à l'occasion même si le chemin que Katia Lanero Zamora semble emprunter est là aussi une évidence (cf scènes finales).

La Machine n'a pas été la plus mauvaise lecture de la sélection du prix Imaginales des Bibliothécaires 2022. Ni la meilleure. La découverte n'a pas été désagréable mais fut loin d'être inoubliable. La moyenne donc.
Lien : https://bazardelalitterature..
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Sang Azur vs Ongles Sales.

Si le roi a fui le pays, ses soutiens sont encore nombreux dans cette république naissante. À commencer par une aristocratie peu encline à partager ses privilèges pour le bien commun, ou les forces armées encore massivement royalistes.
Les tensions croissent alors que le parti machiniste, pour la collectivisation et le partage des richesses, est pressenti pour arriver en tête des suffrages.
La révolte gronde, et il ne faudra qu'une étincelle pour que le pays s'embrase.
Pris dans les événements, deux frères si proches et pourtant si différents, vont emprunter deux chemins distincts.

Si le pays est fictif, l'inspiration espagnole est évidente et assumée : on y retrouve mots et sonorités de la langue, des noms (de villes, de peuples, etc.) proches des vrais, et jusqu'à l'Histoire-même du pays, en particulier la guerre civile et la révolution sociale de 1936 qui nous intéressent ici.
C'est un léger pas de côté avec la réalité, et c'est pour l'instant le seul élément fantasy de la saga ; ne vous attendez donc pas à y trouver de la magie, des créatures fantastiques ou un décor médiéval – par contre, des voitures, camions, fusils ou téléphones, oui.

J'ai aimé cette ambiance explosive qui électrise le roman, lui donne une âme ; cette soif d'émancipation et cette lutte des classes, toute en tensions ; ces moments proprement révoltants et cette rage. Cependant le tout manque parfois de nuances dans les deux camps, même si certaines situations se veulent plus contrastées.

Et à l'image du pays, c'est une famille qui se déchire. Car c'est surtout l'histoire et le destin de deux frères engagés, plus ou moins malgré eux, sur des routes opposées qui finiront forcément par se croiser – et entrer en collision ? L'autrice interrogeant au passage l'héritage et le poids des attentes de la famille.
J'avoue avoir eu du mal à vibrer pour eux, à me les attacher alors qu'ils ne sont pas inintéressants, mais il m'a manqué quelque chose. Peut-être leur évolution suit-elle un tracé trop prévisible et attendu, sans vraies surprises et nuances là aussi, leurs sentiments et convictions n'ayant pas l'étincelle et le relief pour m'emporter.
Par contre les retours dans le passé, dans leur enfance, plus touchants et efficaces, m'ont bien plu.

Si le roman se lit sans réel déplaisir et que je serai tout de même curieux de lire la deuxième partie de ce diptyque, il m'a manqué le feu pour m'embraser complètement.
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Le récit conté par Katia Lanero Zamora se déroule dans un pays appelé Panîme. Si le nom est fictif, il devient vite évident que ce pays correspond - tant par son ambiance que par son histoire - à l'Espagne explosive des années 30. 
L'intrigue se noue autour des deux fils Cabayol, Andrès – l'aîné, et Vian - le cadet, issus d'une famille de riches propriétaires terriens. Leur famille -  principalement leur père et leur grand père - font peser sur eux de lourdes attentes relatives à la défense de leurs intérêts, et de leur héritage. 

Très vite, les deux frères prennent des chemins différents. 
le récit se déroule de manière prévisible

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages. 


J'avoue ne pas avoir été sensible au ton perpétuellement tragico-déchirant du récit. 
Quelques exemples des questions tragico-déchirantes autour desquelles le récit se cristallise : 


La fin ouverte du livre nous laisse sur ces deux dernières questions. 

En conclusion, un roman avec profusion de tragico-déchirant, dont le récit manque de rebondissement et de nuance. Lu dans le cadre des Imaginales 2022, le ton fantasy se révèle, en outre, bien léger. Considérant les avis des internautes, peut-être suis-je passée à coté de livre...
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Coup de coeur pour ce roman de fantasy hors du commun ! Une magnifique allégorie de l'Espagne des années 30.
J'ai été complètement immergée dans cet univers particulier.
On y suit deux frères aux caractères et aux opinions radicalement opposés : Andres, d'un côté, le garçon un peu bohème qui veut s'affranchir des dictats familiaux et soutient les idées populaires qui prônent plus d'égalité, et Vian, de l'autre, soldat et fils modèle qui ne souhaite rien tant que plaire à son père et préserver l'honneur de la famille. Pour autant, et malgré de fréquents accrochages, l'amour qu'ils se portent mutuellement transcende ces différences.
Je me suis tellement attachée à ces deux frères et à leur histoire!! L'autrice réussit le tour de force de nous les faire autant apprécier l'un que l'autre. J'ai ri et souffert avec eux. Et j'appréhende tellement la suite et le conflit à venir (à peine amorcé dans ce premier tome). J'ai déjà peur pour eux et pour leur entourage ! 💔
En bref un récit qui m'a prise aux tripes, que je ne suis pas prête d'oublier et que je ne peux que vous conseiller! Vivement (ou pas 😅) la suite!!
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C'est un récit classé dans l'imaginaire qui est surprenant tellement cela ressemble à certains moments historiques. C'est un roman bien construit, on voit que l'autrice sait où elle va, et le style est très précis. D'ailleurs, le roman s'ouvre sur l'extrait d'un ouvrage, une sorte de tract qui explique ce qu'est « La Machine ». Immédiatement on comprend ainsi qu'il s'agit d'une histoire de luttes sociales, de révolution, de communisme.

Les aspects très classiques sont là : le monde est coupé en deux : les grands propriétaires terriens d'un côté, les travailleurs de l'autre, les premiers exploitant les seconds. Dans le reste du décor : un monde dominé par une religion très traditionaliste, auprès de laquelle il faut se confesser et qui bien sûr interdit l'homosexualité. Et bien sûr l'armée, dont le rôle s'affirme progressivement au cours du récit. Ce sont des ressorts très classiques à mon sens, mais c'est aussi très bien fait et cela fonctionne bien dans la narration. En effet, celle-ci est portée par une fresque familiale : avec les héros, les frères Cabayol, on est très vite confronté à la difficulté de faire un choix : sa famille, ses valeurs, ses amis. L'histoire nous montre comment les liens familiaux évoluent en fonction des choix individuels et des surprises de la vie et de l'Histoire. Dans le contexte de cette guerre civile qui gronde tout au long de ce premier tome, les deux frères doivent choisir de se battre pour leur rang, leur famille, la liberté, l'égalité.

Ce qui est intéressant aussi c'est que les héros sont masculins mais les personnages féminins sont très forts, d'ailleurs, le leader des Machinistes est une femme.

C'est un roman bien mené, qui change des thèmes dont j'ai l'habitude dans le monde de l'imaginaire et j'espère que la suite sera de cette qualité.

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J'ai été soufflée !

Tout le temps.

Partout.

L'ambiance ne s'apaise jamais. La tension monte, explose, semble redescendre, explose encore, prétend se dissiper (mais le lecteur sent qu'il n'en est rien et reste sur des charbons ardents), reprend de plus belle… et sans que ce ne soit jamais construit, simulé, artificiel. Les dialogues sont brûlants et crédibles ; les personnages sont passionnément réels dans leurs douleurs, leurs doutes et leurs peurs ; la situation est terriblement familière à plein de niveaux (même si le cadre se veut fictif).

Ce premier tome appelé « Terre de sang et de sueur » aurait pu s'appeler « Terre de tension et de colère ». Que ce soit au niveau de la vie de famille, de l'organisation politique, de la situation sociale, tout est toujours sur le point d'exploser… et tout explose toujours.
L'histoire tourne autour de deux personnages – Vian et Andrès Cabayol – et se construit dans un premier temps dans un jeu d'alternance entre des passages du passé (un passé qui souvent prédestine les personnalités présentes des garçons, leurs volontés, leurs failles et leurs limites) et du présent de ceux-ci, avant de ne s'intéresser qu'au présent, ou presque. Deux personnages très différents, deux frères qui s'adorent, deux jeunes nobles qui sont finalement les deux facettes d'une société en pleine mutation. le brûlant Andrès, défenseur acharné de cette nouvelle République qu'est la Machine et le discipliné Vian, porteur des espoirs et dernier bouclier, peut-être, de leur famille.

Des personnages très riches, des scènes mémorables et de la passion à chaque coin de paragraphe ; une entrée magistrale dans cette révolution qui appelle à en lire la suite !
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Lu le mois dernier, je prends enfin le temps de vous parler de la Machine, le dernier roman de Katia Lanero Zamora, l'auteure des Ombres d'Esver que j'avais adoré découvrir il y a deux ans.

Ici, rien à voir avec l'ambiance gothique de son précédent ouvrage, Katia nous parle cette fois d'un pays dont le peuple risque à tout moment de basculer dans une guerre civile. J'ai été très surprise de trouver La Machine au rayon des mondes imaginaires ; il ne correspondait alors pas à mes attentes. le roman n'a d'imaginaire que l'endroit où il se déroule, mais ses ressemblances avec l'Espagne sont tellement fortes que je l'aurais plutôt trouvé au rayon littérature. Malgré tout, La Machine a été une très agréable surprise ! J'ai littéralement été captivée par l'histoire des Cabayol. Katia est parvenue à créer une fresque familiale extraordinaire. Malgré mes lacunes en histoire, j'ai su lire avec curiosité celle de ce pays où les rebelles se dressent contre une société monarchique totalitaire, à l'image de la révolution espagnole des années 30. C'est ainsi que les deux frères Cabayol risquent de se déchirer. Ce lien fraternel au coeur du récit va subir les divergences, les choix et les pertes mais il restera beau jusqu'à la dernière page. Vian et Andrès mènent chacun un combat qui remettra finalement en cause leur loyauté envers leur propre famille. J'ai apprécié les voir douter tour à tour (le bien-fondé du parti, la pression exercée par le père, le secret caché par l'un d'eux, les valeurs familiales, etc). Chacun des personnages en est d'autant plus authentique, captivant et magnifié sous la plume de l'auteure.

La Machine est une histoire de famille fantastique avec un contexte historique fort qui laisse imaginer un travail de recherches méticuleux de la part de Katia. de part son thème politique un peu effrayant, c'est avec appréhension que j'ai entamé mon livre mais c'est avec passion que je l'ai dévoré en cinq jours. Merci à Babelio et ActuSF pour cette excellente découverte.
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