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Critique de gruz


Richard Lange nous raconte l'histoire de marginaux à travers les routes des États-Unis. Ils se nourrissent de poussière et surtout du sang de leurs congénères humains, même s'ils ne le sont plus tout à fait. Dans certaines histoires passées, dans l'imaginaire collectif, certains les appelaient des vampires, mais ici leur qualification est Les vagabonds.

L'auteur américain a réussi le tour de force de placer ces êtres assoiffés dans le contexte des laissés-pour-compte de l'Amérique, obligés de se cacher comme eux, certains vivant dans la même misère, devant “chasser” au minimum une fois par mois pour survivre et nourrir leur petit diable intérieur.

C'est l'histoire de deux frères qui ont été mués, dont l'un des deux est simple d'esprit. C'est par eux, et non par leurs victimes, que l'écrivain va faire passer une belle dose d'humanité, au point qu'on s'attache malgré ce qu'ils sont, malgré ce qu'ils font, parce qu'ils sonnent vrais.

Ils vont se retrouver en guerre contre certains de leurs semblables, une bande de bikers qui cherchent la bagarre, et vont la trouver. La deuxième partie du roman ressemble à un western moderne, à coups de combats et autres duels. Beaucoup de ces quasi-immortels vont mordre la poussière, ou plutôt redevenir elle.

La première moitié du roman, la plus intéressante à mon sens, laisse percevoir nombre d'émotions à travers ces deux frères et leurs ressentis. Avec un élément clé, le souvenir d'un amour passé de l'un des deux, le frère protecteur.

Ces vagabonds ont la plupart des caractéristiques vampiriques connues dans l'imaginaire populaire, sans le côté folklorique. L'idée pourrait sembler éculée, elle est au contraire excellente pour parler de ces êtres en marge.

Parler de douleurs aussi, liées à l'amour, à la perte, à la soif, à la conception même de ce qu'ils sont, à cause de rencontres qui vont bouleverser leur train-train établi depuis des décennies.

L'auteur joue bien ses gammes grâce à ces personnages confrontés à la sombre réalité, dans cette Amérique où il est si difficile de trouver sa place, en se servant de cette idée romanesque pour également questionner le pays et ses fondements.

Lange a choisi le roman choral pour mieux faire passer la palette des émotions, des deux frères, mais aussi de ce père déchiré par la perte de son enfant, et puis de ces motards de l'enfer.

L'intérêt premier réside bien dans la relation des deux frères, dont l'un est diminué intellectuellement, à la manière du duo dans Des souris et des hommes, hommage déguisé. Des anti-héros perclus de failles, qui laissent parfois entrevoir la lumière, cruel paradoxe pour des vampires !

On sent que l'auteur n'a pas décidé d'écrire un livre de genre, que c'est l'histoire de son roman noir qui l'a dicté, non l'inverse. La narration à plusieurs voix permet d'être au plus près des ressentis, l'auteur ayant le talent de bien caractériser les différentes pensées avec une écriture juste et visuelle.

Les vagabonds est un roman noir qui allie la puissance des bouleversements intérieurs à la férocité des scènes d'action. Un mélange d'adrénaline et d'émotions, de ressentis comme d'action, pour un roman prenant. Richard Lange a réussi à insuffler du sang neuf dans cette histoire, ce n'est pas rien.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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