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Critique de beatriceferon


Ce bel album consacré à la guerre de 14-18 a tout de suite attiré mon attention. C'est une période qui m'intéresse et, comme j'avais participé (dans une autre vie) au projet de mon collègue professeur d'histoire, j'ai lu énormément d'ouvrages retraçant cette terrible époque.
La couverture met l'accent sur une effrayante épreuve, dont on ne parle pas tellement, à mon avis : la séparation des familles, les femmes qui voient partir leur mari. Quelque chose que je ne pourrais pas supporter, je pense.
Au centre, les mains des deux époux se dénouent, entourées des clichés en noir et blanc que les poilus devaient conserver dans leur poche ou leur portefeuille. Elles sont pliées, roussies par le feu, écornées.
Le titre m'évoque la phrase tirée d'une lettre, écrite à la plume, par le héros à son épouse. C'est déjà émouvant. Grâce à la plaque qu'il arbore au poignet, nous savons que le soldat se nomme Célestin Desbois, mais je suis dubitative quant à la date, qui me semble incohérente, vu que, si Célestin est né en 1909, il n'a que cinq ans en 14.
De toute façon, dès qu'on ouvre le volume, on la retrouve, cette plaque, seule, cette fois, sur la page de titre, ce qui laisse imaginer que Célestin est mort à la guerre.
L'histoire commence au moment où les soldats embarquent dans les trains qui les emmènent au front.
Mais rapidement, les époques se mélangent : on est projeté dans les tranchées, dans un hôpital de campagne où on ampute à la scie, dans le village paisible, mais, si on observe son reflet dans l'étang, on se dit qu'il sera bientôt détruit. Présent et passé s'entremêlent. Je suppose que nous sommes invités dans les rêves du personnage. Dans ses cauchemars, plutôt. Qu'il est blessé. Qu'il va mourir.
Certaines images sont insoutenables. Des corps éventrés laissent échapper leurs entrailles. Des visages sont détruits, les os apparents, les mâchoires dénudées, les orbites vides. Et le sang, le sang qui gicle, qui coule, qui forme des mares.
Julien Langlais s'est occupé de tout. C'est lui qui a écrit le scénario, dessiné les vignettes, pris en charge les couleurs, qui contribuent largement à l'atmosphère de l'histoire. de très gros plans se succèdent, allant même parfois jusqu'à un combattant qui se reflète dans un iris.
Si les tons sont assez pâles, les scènes de combats mêlent l'orange des flammes, le rouge des blessures , le gris des fumées. Viennent s'intercaler quelques moments paisibles dans des teintes pastel vert, bleu, rose. C'est un verre partagé entre amis sous le feuillage, c'est la photo du couple avec son bébé, c'est un épisode de liesse à la fin des épreuves. Ils sont peu nombreux, étouffés par les hurlements, le battement lancinant des cloches, les obus qui éclatent. Et, en fil rouge, comme un leitmotiv, les portraits noir et blanc que les hommes ont emportés avec eux, qu'on retrouve dans leurs vêtements, auxquels ils jettent un dernier coup d'oeil avant de partir à l'assaut, que le vent leur arrache lorsqu'ils sont tombés.
Une très belle réalisation qui m'a beaucoup plu, bien que je ne sois pas certaine de mon interprétation.
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