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Critique de encoredunoir


Nous avions abordé, au tout début de ce blog, les figures de Leonard Pine et Hap Collins, les deux quadragénaires texans, l'un noir, homosexuel et républicain, l'autre blanc, dénué d'ambition et démocrate. La sortie récente – et malheureusement comme c'est le cas depuis deux volumes, en catimini – d'un nouveau volet de leurs aventures, Diable rouge, chez Denoël, est l'occasion de relire la série entière.
Commençons donc par le presque début, avec L'arbre à bouteilles. Presque début car, s'il s'agit du premier roman mettant en scène ces deux enquêteurs atypiques traduit en France, un épisode précédent existe qui n'a jamais eu l'honneur d'une traduction française : Savage season (1990).

L'on découvre donc dans L'arbre à bouteilles un Hap occupé à bouturer des rosiers pour un entrepreneur texan flirtant avec l'esclavagisme lorsque Leonard lui demande de l'accompagner. Son oncle Chester est mort et il vient d'hériter de cent mille dollars et d'une maison délabrée voisinant avec une crackhouse dans le quartier noir de LaBorde. Outre les conflits avec les dealers voisins, nos héros ne tardent pas à découvrir, en tentant de rafraîchir l'héritage immobilier de Leonard, une caisse contenant les ossements d'un enfant et des photos pédopornographiques. de quoi perturber un Leonard très attaché à la mémoire de son oncle et déterminé à prouver son innocence.

Tous les ingrédients de cette série à part dans l'oeuvre protéiforme de Joe Lansdale sont là : une enquête sur des faits particulièrement sordides prétexte à une peinture au vitriol de la société texane – racisme, homophobie, corruption, violence – portée par une plume acerbe et bourrée d'humour et de scatologie :
« -Vous creusez un nouvel égout ?
-Naan, répondit-il, en finissant sa cannette de bière et en la balançant sur le tas. C'est l'ancien. J'ai perdu mon dentier.
-Ah ! souffla Leonard.
-J'étais tellement bourré, la nuit dernière, qu'jai laissé tomber mes dents en vomissant dans les chiottes et j'ai tiré la chasse. Elles sont là, que'qu' part dans le tuyau. Si elles ont filé dans la fosse, j'crois bien que j'suis baisé. »

Tout, bien sûr, n'est pas de la même eau, mais se lancer dans la lecture de L'arbre à bouteilles c'est se confronter à l'imagination débridée de Lansdale jetée dans un Texas arriéré qu'il aime parce qu'il y est né et y vit et dans lequel il prend plaisir à démolir tout ce qu'il y déteste. Les lecteurs chastes l'éviteront, ceux qui savent apprécier les véritables talents de conteur (car un roman de Hap et Leonard pourrait et même devrait être lu à haute voix tant il se rapproche plus de l'oralité de l'écrit) et ne crachent pas sur l'humour bien gras même quand il s'agit de faire passer un message plus fin qu'il n'y parait n'hésiteront pas à se lancer dans l'aventure.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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