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Critique de Tatooa


Le seul livre que j'ai coché lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio.
Arrivée en fin de journée, il était encore dans la liste, et le titre m'a plu. Et c'est tout. (Oui, depuis quelques temps, j'ai une certaine attirance pour les surprises, que jusqu'à il y a peu je détestais... muarf !).
Bref, merci à Babelio et aux éditions Acte Sud !

Bon, ce livre tombe pas mal dans mes "préoccupations du moment", pour tout dire... Je suis en plein cheminement et il me rejoint sur ce plan.
Mais en fait, cela ne va pas beaucoup plus loin. Je suis assez mitigée au final.

Le fond, le sujet du roman me plait, forcément. Mais très franchement, j'ai eu du mal avec le style, et les choix narratifs de l'auteur. Cela ne regarde que moi, bien sûr, mais je vais m'expliquer.
En fait de poésie, seuls quelques tous petits passages sont réellement "inspirés" à mon sens (notamment les deux premières pages, magnifiques). Quasiment tout le reste est beaucoup, mais alors BEAUCOUP trop intellectualisé à mon goût.
Il y a trop de passages didactiques qui se veulent "instructifs", le ton est tellement professoral que ça en devient indigeste. Sur la musique, sur les oiseaux, le jardinage, et je sais plus, mais il y en a trop...

Après l'envolée lyrique des premières pages, on redescend sur terre. Et quelle redescente. Lazare a une révélation. Nous ne vivons dans le monde, mais dans l'Immonde (c'est plutôt bien trouvé, ça). Mais que c'est long !
De mon côté, j'ai dépassé ce stade du constat sur "l'Immonde", et il est trop long, trop répétitif, à mon goût. Jusqu'à la page 184, je me suis ennuyée.
Ensuite, à partir de la "conversion" de Denis, mon intérêt s'est trouvé réveillé.

Mais ma progression dans le livre a quand même été compliquée. On comprend bien que Lazare a besoin des autres pour se trouver. Mais tout se situe au niveau de la pensée, et du mental, dans ce bouquin. Même si par moments fugaces ça parle de ressentis.
Ces autres qui entrent dans sa vie sont tous de magnifiques "parleurs". Ah ça oui c'est bien dit. Il n'y en a pas un qui soit quelqu'un de simple au sens "pas forcément intelligent". Même les taiseux, quand ils parlent, sont d'une intelligence et d'une précision surnaturelle.
Même le rapport à la nature, avec Xavier, devient un exercice de style sur le pourquoi du comment de cette relation à la nature. On dirait que pour l'auteur, avoir un cheminement spirituel est infaisable si on n'est pas un dictionnaire ambulant. Connaître tous les noms des oiseaux et leurs chants, connaître la musique classique et les compositeurs, connaitre les noms de plantes, des arbres, des animaux.
La seule chose qu'il admette ne pas connaître, c'est la bible.

Mais, le souci, c'est que tout ce dont il parle n'a rien à voir avec ça !!! J'irais même jusqu'à dire qu'on s'en fout royalement ! le cheminement spirituel n'a rien à voir avec la connaissance intellectuelle et mentale. Cela peut servir mais est non nécessaire.

Et quand il admet ne pas connaître la bible, c'est pour mieux faire passer son prosélytisme. Car on ne peut nier que ce livre fait du prosélytisme pour "la tradition", le culte traditionnel catholique, essentiellement.
Du coup, je comprends ceux qui le trouvent "trop catho", c'est en effet l'impression qu'il donne, dire le contraire est une aberration. Et j'en suis désolée, mais RARES sont les prêtres qui donnent au culte la profondeur que Lazare trouve dans la messe et la communion A CHAQUE FOIS qu'il fout les pieds dans une église. ça, c'est du pipeau, car rares sont les prêtres qui ont réellement vécu un véritable parcours et cheminement spirituel, leur vécu reste au niveau des études théologiques et de l'intellect, pour une grande majorité d'entre eux. Il y a loin de la croyance à la foi, et peu ont la foi...

Enfin, j'ai un problème avec la progression du héros. Car tout cela est extrêmement rapide, et linéaire, en plus. Il a une révélation de l'Immonde, il a plusieurs maîtres successifs, et paf, c'est l'illumination, il voit tout en rose. Ben désolée, mais c'est pas aussi facile...

En conclusion, ce qui m'aura le plus manqué dans ce livre, c'est l'émotion. C'est trop mental, trop clinique, tout ça. J'ai pas vraiment ressenti d'émotions, je ne suis pas arrivée à me mettre à la place du héros. Qui parmi nous est aussi bien entouré, a autant d'amis éveillés ? Vous ? Ben vous avez de la chance, moi j'en ai...
Un. Ce qui est déjà pas mal, je vous l'accorde !

3, en tout, si je compte mes deux amies proches qui acceptent d'écouter mes délires avec indulgence, lol.

Bref, c'est carrément surréaliste, un parcours aussi brodé de facilité, en ce bas monde. le mien en tous les cas ne l'est pas, facile. Et justement, le trop intello, ça me gonfle.
En quelques mots, je préfère quelqu'un qui va me parler de son ressenti et de son émotion face à un ciel étoilé ou une belle musique, plutôt que quelqu'un qui va me citer par coeur les étoiles et les constellations ou savoir le nom du morceau et son auteur... J'ai pas besoin de ça... L'intelligence "du savoir" extérieur ne m'impressionne pas, il suffit d'une bonne mémoire et d'un minimum de capacité réflexive pour "savoir". L'intelligence du coeur, elle, me bouleverse davantage.
Et ça fait toute la différence entre l'auteur de ce livre, et moi... Je pense même que c'est le message qu'il voulait faire passer, mais qu'en ce qui me concerne, il n'est pas passé, parce qu'il a trop voulu étaler une culture inutile pour ce propos...

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