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Critique de Littecritiques


Un homme et une femme se rencontrent alors qu'ils essaient de se remettre d'une rupture difficile : leurs conjoints respectifs sont partis refaire leur vie à Chypre. le couple se forme. Mais, alors que ces premiers paraissent, a priori, au début, être le couple de « perdants » essayant de lutter contre les fantômes de leurs anciens amours. Finalement, ils s'attachent, tombent amoureux. Se met alors en place une sorte de jeu de vase communiquant où ceux qui paraissaient vivre leur amour rencontrent des difficultés ; et ceux qui avaient dû mal à se remettre de leurs peines vont finalement connaître le véritable amour. Une sorte de justice, d'intrigue parallèle assez étonnante sur l'amour se met en place.

Le roman est tant pourvu de dialogues, qu'il en ressort une véritable théâtralité. C'est un récit qui donne place aux conversations. D'ailleurs, l'auteur confie qu'il avait d'abord cherché un titre en rapport avec cela. Les conversations sont humbles, essentielles. Il y a quelque chose d'extraordinaire dans les rapports les plus communs : les silences, l'attention flottante, l'harmonie. Une sorte de jubilation dans l'art de la parole. L'auteur tente au mieux de capter notre essence d'êtres parlants. D'ailleurs, le personnage d'Homer accorde une attention toute particulière à la voix de Sybil. La voix devient alors corporelle et éveille les sens.

Les rapports semblent volontairement répétitifs évoquant alors une sorte d'aspect hypnotique de leur relation qui lui donne un air assez magique, comme suspendue dans le temps. La nature est au premier plan et prend tout son sens contemplatif.

Puis, au fur et à mesure, la relation devient plus riche, plus complexe. le lecteur est pris entre deux contradictions : d'une part, la relation qui s'accélère ; et d'autre part, le fait que l'on a envie que la douceur de cette relation paisible continue. L'auteur, lors de la rencontre s'est alors amusé à demander : peut-on tomber amoureux à cause d'un silence ? Il arrive à évoquer de petits détails discrets avec une grâce presque poétique.

L'amour ne va pas de soi. Lapeyre demande même : comment arriver à aimer sur les ruines de nos illusions ? L'enfer, c'est être incapable, de ne plus pouvoir aimer. Ces deux protagonistes, perdus, ont des difficultés à aimer. Ils construisent pas à pas leur relation.

En parallèle de cet amour naissant, nous rencontrons la mère d'Homer : Ana. Personnage lyrique, généreuse, étrange qui n'arrive pas à trouver sa place. Cette dernière est nostalgique, veut toujours trop en faire. Les récits sont intercalés ce qui permet alors de construire deux portraits d'Homer : un lorsqu'il est encore enfant, vu par sa mère ; et l'autre à l'âge adulte, à l'aube d'une relation amoureuse complexe. C'est alors au lecteur de faire lui-même la corrélation entre ce qu'il était et ce qu'il est devenu. Il n'y a pas de vérité objective, imposée par l'auteur. le lecteur a libre cours à son imagination pour interpréter l'écho qui lui est offert. La corrélation entre ces deux personnages se fait dans leur rapport au temps et leur émotivité.

Ce livre a quelque chose de respiratoire : l'auteur en est le souffleur, les personnages sont les comédiens de théâtre et le lecteur doit être patient pour être mêlé au mieux à cette prose infinie et délicate.
Lien : http://littecritiques.blogsp..
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