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Critique de Sachenka


Osheaga est le nom que les Iroquois avaient donné aux Français qui s'étaient installés sur Montréal. Dès lors, le terme s'est appliqué au minuscule établissement que formait Ville-Marie à l'époque. Aucun terme n'est mieux choisi pour raconter l'histoire du début de la colonisation du point de vue des Amérindiens. Ainsi, avec 1642, Osheaga, François Lapierre et Tzara Maud reprennent les mêmes événements que ceux racontés dans leur autre album, 1642, Ville-Marie mais en mettant l'accent non pas sur Gauthier et ses amis mais plutôt sur Askou l'Algonquien et Tekola le Huron. Et, évidemment, sur les Iroquois jamais bien loin et déterminés à repousser les Français et leurs alliés.

Comme dans l'autre album, beaucoup d'événements concernant plusieurs personnages défilent trop rapidement. L'amitié entre Gauthier et Askou, leur apprentissage sous le regard de Tekola, l'arrivée des Hurons, les raids iroquois, le déclenchement de la guerre, etc. C'est beaucoup pour seulement 54 pages. Heureusement, un certain rythme s'installe quand Askou est fait prisonnier et que son destin croise celui de Meha, une Innue retenue captive. Leur histoire d'amour semblait naturelle, les scénaristes ont pris le temps de la développer (contrairement à celle de Tekola et Brigitte). Cette intrigue amoureuse contraste avec les épisodes sanglants, permettant d'aborder des thèmes autres comme la famille, la culture, les traditions ancestrales et le savoir-faire des premières nations.

Je trouve un peu dommage que, de leur côté, les Iroquois des Cinq Nations ne bénificient pas d'une couverture aussi positive que celle des Hurons et les Algonquiens. Mais bon, c'est peut-être normal puisqu'on ne voit que les guerriers qui cherchent à empêcher que les Français s'installent sur ce qu'ils considèrent comme leur territoire.

Pour cet album, François Lapierre, qui se charge du scénario, a pris également la relève aux dessins et aux couleurs. J'aimais vien ceux de Jean-Paul Eid, plus définis même s'ils étaient souvent dans les mêmes teintes, mais ceux de Lapierre sont tout aussi réussis. Et je dois dire que j'aime bien les contrastes entre ses couleurs vibrantes. Ils permettent, entre autres, de faire ressortir la nature dont Ville-Marie était entourée. le bleu du fleuve change selon qu'on le regarde de haut ou d'en-dessous, il se distingue de celui du ciel traversé par les nuages et les rayons du soleil, le vert des arbres se transforme à l'automne, les feux de camp créent des jeux d'ombre sur les figures des participants, la blancheur de l'hiver et ses flocons de neige laissent imaginer la morsure du froid, etc. Les animaux sont également plus présents. Est-ce une façon de faire savoir que les premières nations vivent en harmonie avec la nature ? Héron, corneilles et autres oiseaux, renard, serpent, hermine, porc-épic, lynx, poisson, ours noir, loup…

Comme pour ma critique de l'autre album, 1642, Osheaga glisse rapidement sur beaucoup d'événements, il me laisse avec cette impression de superficialité. Peut-être un peu moins. Ceci dit, il vaut quand même le détour. À une époque où les auteurs et scénaristes se servent de l'histoire comme de la pâte à modeler, l'adaptant sans honte à leurs besoins, il est bien de souligner le travail de ceux qui la décrivent avec rigueur.
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