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Citations sur Oeuvres (9)

«  Mais j’aimais le goût des larmes retenues ,
De celles qui semblent tomber des yeux dans le cœur,
Derrière le masque du visage » ....
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Scheveningue morte saison


Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises ;
C’était intime et chaud sous les rideaux tirés.
Dehors le vent de mer faisait trembler les chaises.

On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J’avais le cœur serré comme quand on voyage ;
J’étais tout attendri, j’étais doux et lointain ;
J’étais comme un enfant plein d’angoisse et très sage.

Cependant, tout était si calme autour de nous !
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,
Certains soirs, vous sentant si près, ô flots immenses !
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«  Mais j’aimais le goût des larmes retenues, de celles qui semblent tomber des yeux dans le cœur , derrière le masque du visage » .
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LE DON DE SOI-MEME


Je m'offre à chacun comme sa récompense ;
Je vous la donne même avant que vous l'ayez méritée.

Il y a quelque chose en moi,
Au fond de moi, au centre de moi,
Quelque chose d'infiniment aride
Comme le sommet des plus hautes montagnes ;
Quelque chose de comparable au point mort de la rétine,

Et sans écho,
Et qui pourtant voit et entend ;
Un être ayant une vie propre, et qui, cependant,
Vit toute ma vie, et écoute, impassible,
Tous les bavardages de ma conscience.

Un être fait de néant, si c'est possible,
Insensible à mes souffrances physiques,
Qui ne pleure pas quand je pleure,
Qui ne rit pas quand je ris,
Qui ne rougit pas quand je commets une action honteuse,
Et qui ne gémit pas quand mon cœur est blessé ;
Qui se tient immobile et ne donne pas de conseils,
Mais semble dire éternellement :
« Je suis là, indifférent à tout. »

C'est peut-être du vide comme est le vide,
Mais si grand que le Bien et le Mal ensemble
Ne le remplissent pas.
La haine y meurt d'asphyxie,
Et le plus grand amour n'y pénètre jamais.

Prenez donc tout de moi : le sens de ces poèmes,
Non ce qu'on lit, mais ce qui paraît au travers malgré moi :
Prenez, prenez, vous n'avez rien.
Et où que j'aille, dans l'univers entier,
Je rencontre toujours,
Hors de moi comme en moi,
L'irremplissable Vide,
L'inconquérable Rien.

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Scheveningue, morte-saison

Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises ;
C'était intime et chaud sous les rideaux tirés.
Dehors le vent de mer faisait trembler les chaises.

On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J'avais le coeur serré comme quand on voyage ;
J'étais tout attendri, j'étais doux et lointain ;
J'étais comme un enfant plein d'angoisse et très sage.

Cependant, tout était si calme autour de nous !
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,
Certains soirs, vous sentant si près, flots immenses !
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Des villes, et encore des villes ;
J'ai des souvenirs de villes comme on a des souvenirs d'amour :
A quoi bon en parler ? Il m'arrive parfois,
La nuit, de rêver que je suis là, ou bien là,
Et au matin je m'éveille avec un désir de voyage.

Mon Dieu, faut-il mourir !
Il faudra suivre à travers la maladie et dans la mort
Ce corps que l'on n'avait connu que dans le péché et dans la joie ;
O vitrines des magasins des grandes voies des capitales,
Un jour vous ne refléterez plus le visage de ce passant.
Tant de courses dans les paquebots, dans les trains de luxe,
Aboutiront donc un jour au trou du tombeau ?
On mettra la bête vagabonde dans une boîte,
On fermera le couvercle, et tout sera dit.

Oh ! Qu'il me soit donné, encore une fois,
De revoir quelques endroits aimés, comme
La place du Pacifique, à Séville ;
La Chiaja fraîche et pleine de monde ;
Dans le jardin botanique de Naples
La fougère arborescente, l'arbre-jeune-fille
Que j'aime tant, et encore
L'ombre légère des poivriers de l'avenue de Képhissia ;
La place du Vieux-Phalère, le port de Munychie, et encore
Les vignes de Lesbos et ses beaux oliviers
Où j'ai gravé mon nom de poète lyrique ;
Et puis aussi
Cette plage, Khersonèse, près de Sébastopol,
Où la mer est parmi les ruines, et où un savant
Montre avec amour une affreuse idole kirghize,
Lippue, ayant un sourire idiot sur ses grosses joues de pierre.
Et surtout, ah surtout !
Kharkow,
Où je sentis, pour la première fois,
Le soupir de vierge de la Muse soulever mon sein craintif ;
Une ville pour moi :
Dômes d'or au sein des solitudes,
Palais dans le désert, chaud soleil rouge au loin sur la poussière ;
Et, dans les quartiers pauvres,
Les mille enseignes des marchands de vêtements :
Les maisons basses, aux murs blancs couverts
De gros bonshommes peints, sans tête...

A.O. BARBABOOTH
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CARPE DIEM...


Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise...
Te souviens-tu de Marienlyst ? (Oh, sur quel rivage,
Et en quelle saison sommes-nous ? je ne sais.)
On y va d’Elseneur, en été, sur des pelouses
Pâles ; il y a le tombeau d’Hamlet et un hôtel
Éclairé à l’électricité, avec tout le confort moderne.
C’était l’été du Nord, lumineux, doux voilé.
Souviens-toi : on voyait la côte suédoise, en face,
Bleue, comme ce profil lointain de l’Italie.
Oh ! aimes-tu ce jour autant que moi je l’aime ?

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise...
Oh ! que n’ai-je passé ma vie à Elseneur !
Le petit port danois est tranquille, près de la gare,
Comme le port définitif des existences.
VIVRE DANOISEMENT DANS LA DOUCEUR DANOISE**
De cette ville où est un château avec des dômes en bronze
Vert-de-grisés ; vivre dans l’innocence, oui,
De n’importe quelle petite ville, quelque part,
Où tout le monde serait pensif et silencieux,
Et où l’on attendrait paisiblement la mort.

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise,
Et laisse-moi cacher mes yeux dans tes mains fraîches ;
J’ai besoin de douceur et de paix, ô ma sœur.
Sois mon jeune héros, ma Pallas protectrice,
Sois mon certain refuge et ma petite ville ;
Ce soir, mi Socorro, je suis une humble femme
Qui ne sait plus qu’être inquiète et être aimée.

**Ce jour suis de nouveau CHARLIE/DANOIS
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CARPE DIEM...


Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise,
D’un gris doux, la terre est bleue et le ciel bas
Semble tout à la fois désespéré et tendre ;
Et vois la salle de la petite auberge
Si gaie et si bruyante en été, les dimanches,
Et où nous sommes seuls aujourd’hui, venus
De Naples, non pour voir Baïes et l’entrée des Enfers,
Mais pour nous souvenir mélancoliquement.

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise,
Mon amie, ô ma bonne amie, ma camarade !
Je crois qu’il est pareil au jour
Où Horace composa l’ode à Leuconoé.
C’était aussi l’hiver, alors, comme l’hiver
Qui maintenant brise sur les rochers adverses la mer
Tyrrhénienne, un jour où l’on voudrait
Écarter le souci et faire d’humbles besognes,
Être sage au milieu de la nature grave,
Et parler lentement en regardant la mer...

p.208
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LE MASQUE

« J’écris toujours avec un masque sur le visage;
Oui, un masque à l’ancienne mode de Venise,
Long, au front déprimé,
Pareil à un grand mufle de satin blanc.
Assis à ma table et relevant la tête,
Je me contemple dans le miroir, en face
Et tourné de trois quarts, je m’y vois
Ce profil enfantin et bestial que j’aime.
Oh, qu’un lecteur, mon frère, à qui je parle
À travers ce masque pâle et brillant,
Y vienne déposer un baiser lourd et lent
Sur ce front déprimé et cette joue si pâle,
Afin d’appuyer plus fortement sur ma figure
Cette autre figure creuse et parfumée. »

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