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Critique de Walkyrie29


2092, la Terre se meurt et son humanité avec. Afin de tenter de sauver l'espèce humaine, une expédition pacifique à travers l'espace a été lancée afin de découvrir une planète aux critères suffisants pour accueillir 500 000 colons. Après 20 ans de navigation et d'hibernation, pour les 1200 militaires et civils à bord, HR9251-C est peut-être leur salut, cependant la planète est occupée. Les autochtones, au premier abord primitifs, semblent avoir des idéaux bien éloignés des terriens, vivant en petit comité et en parfaite harmonie avec leur environnement naturel. Entre négociation, confrontation et incompréhension, l'affaire est loin d'être réglée, les terriens devront s'affranchir de leur idées préconçues pour peut-être enfin trouver un certain équilibre.

« le Paradis n'est pas si loin » est un roman qui ouvre aux réflexions philosophiques sur notre propre société où il est question entre autre du thème de l'autodestruction humaine par des valeurs et grands idéaux qui régissent de manière significatives et certainement négatives notre société actuelle : le pouvoir, l'argent, la religion, l'armée, la politique, l'environnement, autant de thèmes avec lesquels jonglent parfaitement l'auteur dans son récit. Il y décrit un futur pas si lointain où l'homme a détruit sa propre planète, l'ayant surexploité au détriment de sa propre survie. L'auteur y dépeint aussi, cette surconsommation qui alimente notre quotidien et nuit profondément à celle qui nous accueille, la surpopulation qui essouffle notre planète mais aussi plus intimement une société de solitude et de solitaires où l'entraide semble peu à peu s'étioler pour toujours plus d'individualité.

Le roman ne va pas trop loin et traite avec beaucoup de simplicité des choses graves et potentiellement imminentes, des actions qui ne s'étirent pas dans l'excès, l'auteur a choisi de raconter une histoire simple et efficace pour nous faire réfléchir, une histoire contée sereinement qui ne va pas chercher trop loin dans son intrigue mais qui se suffit à elle – même et satisfait le lecteur suffisamment.

A travers une ribambelle de portraits de personnages différents, l'auteur expose aussi une multitude de facette qui définit le plus souvent l'être humain : la bonté, la sagesse, la piété, la violence, la convoitise, le pouvoir, l'amour, l'amitié, des images à la fois reluisantes et écoeurantes, peut – être pourrait-on blâmer un certain stéréotype, mais l'auteur le fait sans doute volontairement pour que son panel de personnages parlent aux plus nombreux. Il en vient aussi entre les terriens et les habitants de la planète tant convoitée, un choc des cultures, des us, des moeurs et des idéaux, desquels découleront une certaine intolérance, un rejet, beaucoup d'incompréhension, un manque probant d'ouverture d'esprit aussi, et à contrario, beaucoup de générosité, de douceur et d'intelligence, une confrontation inévitable entre deux modes de vie radicalement opposés, mais dont les terriens ont certainement beaucoup à apprendre pour ne pas refaire les erreurs du passé.

Beaucoup d'idées donc, mais aussi d'idéalisme voire d'utopie à travers cette société humaine vivant sur cette planète bien proche de la Terre d'autrefois mais qui cache finalement un passé également peu glorieux… le tout est traité avec intelligence, un regard critique sans être incisif, l'auteur ne condamne pas forcément, n'impose pas ses idées non plus mais expose plutôt des faits difficilement contestables pour mieux nous ouvrir les yeux, une façon de faire parfaitement reflétée par le personnage d'Eridal, représentant de la planète inconnue auprès des terriens, homme sage et réfléchi qui respire la plénitude incarnée. D'ailleurs, ces femmes et hommes qui ont quelques centaines d'année d'avance et d'évolution sur les terriens ouvrent également sur d'autres thématiques plus profondes à l'homme : la psychologie, le psychisme, savoir faire un retour sur soi, canaliser ses émotions et ses actes., etc…

Sans être un coup de coeur, ce roman aura réussi à m'embarquer et à me faire ressentir beaucoup de sentiments et de ressentiments face à la brutalité humaine, mais aussi à sa beauté, l'homme tout en contraste mais malheureusement aussi parfois tout en excès, à l'image des personnages de Jean – Michel notre héros malgré lui qui devient rapidement le contact privilégié avec les habitants de la planète à conquérir, ou du Commandant Collins, le militaire et homme de pouvoir pur et dur, qui viendra complètement entacher et ternir cette expédition soi-disant pacifique.

Le style de l'auteur est très fluide et l'écriture belle et maîtrisée, le vocabulaire ajusté et suffisamment vulgarisé pour toucher le plus grand nombre. le roman est tout simplement parfaitement et justement dosé dans son ensemble. L'auteur se lit bien, la plume est agréable. le récit est dynamique avec son lot de passages plus intenses et ses moments plus lents, plus introspectifs avec par ci par là des réminiscences de chacune des sociétés.

Au final, je ne vous en dis pas beaucoup de l'histoire, mais sachez juste que ce petit roman a le mérite de ces idées et que l'auteur vous offre une belle histoire, une bonne intrigue, des personnages de caractère pour vous ouvrir sur votre propre monde. A méditer…

En bref, Alain Larchier signe un roman d'anticipation qui ouvre avec simplicité et efficacité le lecteur à la réflexion. Un regard à la fois réaliste et sévère sur l'être humain et son autodestruction, ses besoins de s'accrocher sans cesse à quelque chose de matériel ou à un pouvoir fictif, un besoin de contrôle, qui le perd peu à peu. L'auteur dresse tout simplement le portrait de l'humanité dans ce qu'il a de plus beau comme de plus sombre. Peut-être devrions – nous en tenir quelques leçons avant qu'il ne soit trop tard. A découvrir !

Je remercie à nouveau les éditions de l'Astre Bleu pour ce nouvel ouvrage qui aura parfaitement su tenir ses promesses.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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