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Critique de AMR_La_Pirate


Privée de lecture par des ennuis de santé qui affectent durablement ma vision, je me réfugie souvent dans les excellents podcasts de France Culture. J'ai ainsi écouté récemment une adaptation d'excellente qualité de Millenium 1, Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes de Stieg Larsson.
Ce thriller nordique m'avait été offert par ma fille dès sa parution en traduction française et m'avait particulièrement marquée.
Cette écoute radiophonique a fait remonter à ma mémoire non seulement des souvenirs de lecture très précis mais également des souvenirs cinématographiques à partir du film de Niels Arden Oplev adapté du roman.

Une phrase-titre comme je les affectionne… le nom du journal dont la survie, la qualité et l'indépendance servent de fil conducteur à toute la saga, suivi d'un énoncé percutant, également à longue portée puisque les violences faites aux femmes seront toujours, plus ou moins, une des thématiques récurrentes de la série.
Un brillant journaliste d'investigation condamné à tort pour diffamation… Mikael Blomkvist est un personnage malmené, conscient de ses responsabilités vis-à-vis de la revue Millenium ; c'est aussi un homme à femmes, séduisant, dragueur, toujours prêt pour savourer des moments érotiques.
Une jeune femme cabossée, hackeuse géniale : Lisbeth Salander… Elle est particulièrement douée pour trouver ce qui devait rester cacher et pour relier les faits. de plus, elle est fiable, efficace et discrète malgré son look gothique.
Un grand magnat de l'industrie, Henrik Vanger, patriarche d'une famille qui dirige l'un des plus grands groupes industriels suédois, veut connaître la vérité sur une disparition non élucidée datant d'une quarantaine d'année, celle de sa petite-nièce Harriet.
Une histoire familiale complexe, celle des Vanger, dont le point d'ancrage est l'ile d'Hedeby où se situe la propriété familiale…
Des industriels corrompus, sans scrupule, capables de tous les détournements et de tous les trafics pour s'enrichir…
Un ou plusieurs tueurs en série dont les crimes sont en liens avec des versets bibliques…

Dans ce premier opus de la saga Millenium, j'avais beaucoup apprécié le traitement de l'insularité : l'ile d'Hedeby, face à la petite ville d'Hedestad, reliée au continent par un pont, donne une ambiance particulière à ce huis-clos familial. La nouvelle enquête de Mikael et de Lisbeth commence comme un jeu de cluedo géant puisqu‘au moment des faits, en septembre 1966, toute la famille Vanger était réunie sur l'ile coupée du reste du monde par un grave accident bloquant le pont. de plus, les premiers nouveaux indices probants émanent d'une série de photos prises le jour de la disparition de la jeune fille.
Puis, au fur et à mesure que l'intrigue s'échafaude et que les recherches avancent, c'est toute la Suède qui devient peu à peu le théâtre des meurtres passés et présents. de même, la haine de Lisbeth et son besoin de vengeance d'abord cristallisée envers les hommes qui l'ont maltraitée et violée s'étend à tous les « fumiers » qui s'en prennent aux femmes.

Plus le personnage emblématique de Mikael Blomkist m'agaçait parfois, plus le personnage étrange et déphasé de Lisbeth Salander me fascinait… Ici, elle apparaît encore fragile et vulnérable, sous tutelle après un lourd passé psychiatrique ; mais elle commence à prendre sa vie en main, selon des codes et une morale qui lui sont propres. Mikael, quant à lui, évolue sans réelle surprise entre professionnalisme journalistique et parties de jambes en l'air.
Des personnages secondaires, que l'on retrouvera dans les autres volets de la série, chez Stieg Larsson et chez David Lagercrantz, prennent forme et ampleur.

Ce roman de Stieg Larsson, premier volet d'une trilogie, a sans doute été ma première véritable incursion dans ce que l'on appelle le thriller ou le polar nordique… Outre un réel dépaysement, accentué par un climat rigoureux et des sonorités nouvelles, j'ai pris goût à un style, à une ambiance et à certains types de caractères : précision de la narration, portraits ciselés, travail sur les personnages, relativisme, réserve, valeur de la parole donnée, respect des lois et sens moral, perception aigue du factuel et de la logique des faits, humour particulier…
Stieg Larsson commence ici une très belle saga qui développe des problématiques chères au roman noir ; il y parle d'intolérance, d'hypocrisie ; il met en lumière la violence et le cynisme de notre société sur tous les plans, à la fois politique, économique, social, familial…
C'est aussi un thriller d'une redoutable efficacité dont le dénouement est réellement surprenant.
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