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Critique de Kaelal


Nous sommes sur le Vieux-Port de Marseille dans les années 70 avec les pêcheurs qui s'interpellent, le langage fleuri, le soleil, le ciel bleu... Peppo y glande quand Venturini avec sa grande carcasse vient saluer tout le monde avant de lui demander ce qu'il fait. Comme Peppo ne fait rien, il accepte de venir faire un tour avec le jovial maousse dans sa grosse Mercedes. Latour joue à fond la carte du typique pour embarquer son lecteur dans l'ambiance du Midi et c'est justement sa grande force romanesque : distiller, peu à peu, grâce à un mot, une petite réflexion, un silence, la lente terreur qui s'infiltre dans Peppo alors qu'il roule dans la Mercedes… Venturini est un vieux de la vieille. Il a fait son trou à Marseille. Tout le monde le respecte et il respecte tout le monde. L'honneur c'est lui et quand il faut frapper, il frappe. Sa femme l'aime, son fils aussi. Il pense à la retraite qu'il va prendre après avoir âprement négocié la vente de son « entreprise » à des hommes en cravate. Mais voilà la tuile : son fils est amoureux d'Églantine, la fille des épiciers du Port ! Ce serait un bon choix si elle n'avait pas été abusée par Ange dit Banco, le fils des restaurateurs du Port, un marlou qui a des dettes de jeu, s'habille comme un mac et ne fait rien de la journée si ce n'est de chercher des filles pour les offrir à un certain M. Benoît, un type riche qui organise des partouzes dans sa grande propriété... Pour une fois, Latour se montre relativement courtois vis-à-vis de la jeune fille : si elle est victime d'un viol collectif, il ne le décrit pas. Au contraire, il montre une fille douce et gentille qui va tout faire pour se sortir de sa triste situation de proie à la chair trop tendre. Pour une fois encore, Latour ne va pas mettre l'accent sur Ange, le petit dur, et en faire un héros mais sur le fils Venturini auréolé d'une innocence touchante entretenue par son père béat d'amour. Ici, donc, Latour coupe en deux son héros habituel et joue plus du sentiment que du cynisme pour une sorte de tragédie grecque noyée dans le rosé et le pastis. Au final une ode à la ville et à son peuple avec, en bonus, des petites notes en bas de page pour traduire les expressions marseillaises. Un roman brillant que l'on ne peut lâcher.
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