AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Charybde2


Une fable où le fantastique suggéré d'un chapeau présidentiel change la vie de ses propriétaires successifs.

Paru en janvier 2012, le quatrième roman d'Antoine Laurain prend davantage des allures de fable que les précédents, et ne propose plus de personnage principal en narrateur attachant. Ici, fantastique suggéré et psychologie omniprésente s'assemblent pour faire du "chapeau de Mitterrand" le véritable héros.

Lorsque par une étrange coïncidence, lors d'un quiproquo dans un restaurant en 1986, un obscur cadre financier se retrouve en possession d'un authentique chapeau du Président, sa vie change. Comme vont changer celles des propriétaires suivants de ce chapeau, jusqu'à l'astucieux coup de théâtre final, à Venise, à quelques semaines de l'élection présidentielle de 1988.

Cette fable à la fois moderne et nostalgique d'une époque des "possibles fournit aussi le prétexte à l'auteur de charges socio-politiques qu'il n'avait qu'évoquées dans son précédent roman, "Carrefour des nostalgies", paru en 2009. On appréciera les savoureux échanges d'un père de famille bourgeois, de droite traditionnelle avec ses "amis" lorsqu'une soudaine lucidité et une assurance nouvelle - celles du propriétaire du chapeau - lui font rejeter les attributs instinctifs de sa caste... Ou encore les descriptions amusées de soirées culturelles "socialistes" à la même époque...

"La première fois, ce furent des questions pernicieuses : "Seriez-vous devenu de gauche, Bernard ?" Cette fois, le cap était franchi, c'était une affirmation. Ceux de son monde ne le reconnaissaient plus comme un des leurs. Parfois la vie vous emmène sur certains chemins, c'est sans s'en apercevoir que l'on a pris la bifurcation, le grand GPS du destin n'a pas suivi le trajet prévu et aucun panneau ne vous a indiqué le point de non-retour. Ce triangle des Bermudes de l'existence est à la fois un mythe et une réalité. Une seule chose est certaine : après être entré dans ces turbulences, jamais plus vous ne reprendrez votre route initiale. Dans le regard des autres, il était de gauche."

Fable amusée et non dépourvue d'une certaine tendresse, distrayante et parfois savoureuse, ce quatrième roman, s'il s'écarte notablement de la veine des précédents, est aussi l'occasion d'une jolie réflexion sur le désir intime et sur la volonté.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}